François Hollande a-t-il réussi à consolider la relation entre la France et le Maroc sans froisser le voisin algérien ? Pour une partie de la presse française, la réponse est oui. « Les prédécesseurs de François Hollande s'y sont cassés les dents. Ils ont jeté les gants les uns après les autres. Avant la fin de chaque mandat présidentiel, le Maroc avait réussi à faire pencher la balance en sa faveur, et les relations avec Alger, plus compliquées, s'étaient aigries », analysait hier l’hebdomadaire Le Point.
Mais cette analyse est loin de la réalité. Comme ses prédécesseurs, François Hollande, en réitérant le soutien de la France au plan d’autonomie marocain, présenté, dans la déclaration conjointe publiée à l’issue de la visite, « comme base sérieuse et crédible d’une solution négociée, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies », a irrité les Algériens. « On ne peut pas se proclamer porteur de l'ambition et de l'idéal du Maghreb arabe, et en même temps, s'acharner à tout faire pour perpétuer un statu quo avec, pour unique dessein fantasmatique, la consolidation virtuelle de la marge de son action diplomatique sur la question du Sahara occidental », explique un responsable algérien qui a requis l’anonymat.
Pour ce responsable, dans le dossier du Sahara occidental, « la légalité internationale finira par rattraper et par s'imposer à tous les protagonistes, y compris ceux qui ont une responsabilité particulière au sein du Conseil de sécurité », allusion claire à la France, qui bloque toutes les résolutions défavorables au Maroc. « La position de la France, partagée aussi bien par la droite que par la gauche, se fonde sur la certitude que le trône marocain ne survivra pas à la ‘‘perte’’ du Sahara occidental. C'est ce qui explique que la gauche est écartelée entre les considérations légales et morales de la doctrine onusienne en matière de décolonisation et les considérations de realpolitik vis-à-vis de la survie d'un allié », ajoute-t-il.
Dans ce contexte, la relance de la construction de l’Union du Maghreb, à laquelle a appelé la déclaration conjointe franco-marocaine, s’éloigne. « La relance de la construction maghrébine demeure, certes, un impératif stratégique pour tous les peuples du Maghreb, mais elle ne saurait se faire au détriment des intérêts de l'Algérie, surtout lorsque l'une des parties, qui est de surcroît en position de demandeur sur plusieurs dossiers, continue d'échafauder des stratagèmes frisant l'agression (drogues) et de se complaire dans une rhétorique belliqueuse et stérile, dont le seul résultat garanti sera malheureusement de bloquer la construction d'un Maghreb stable et solidaire », accuse le même responsable.
« Pour nous, les responsabilités face à ce dessein maghrébin fondamental sont clairement établies et la solidarité dont on semble redécouvrir les vertus ne peut se construire que sur le socle de la sincérité et de la bonne foi dans les actions. C'est un préalable insurmontable et ce n'est qu’à ce prix que les relations bilatérales avec le pays en question seront assainies et totalement normalisées pour ouvrir enfin la voie tant attendue à la complémentarité et à l'intégration régionale. Chacun assumera ses choix devant les peuples maghrébins », conclut-il.
TSA
Riyad Hamadi
Mais cette analyse est loin de la réalité. Comme ses prédécesseurs, François Hollande, en réitérant le soutien de la France au plan d’autonomie marocain, présenté, dans la déclaration conjointe publiée à l’issue de la visite, « comme base sérieuse et crédible d’une solution négociée, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies », a irrité les Algériens. « On ne peut pas se proclamer porteur de l'ambition et de l'idéal du Maghreb arabe, et en même temps, s'acharner à tout faire pour perpétuer un statu quo avec, pour unique dessein fantasmatique, la consolidation virtuelle de la marge de son action diplomatique sur la question du Sahara occidental », explique un responsable algérien qui a requis l’anonymat.
Pour ce responsable, dans le dossier du Sahara occidental, « la légalité internationale finira par rattraper et par s'imposer à tous les protagonistes, y compris ceux qui ont une responsabilité particulière au sein du Conseil de sécurité », allusion claire à la France, qui bloque toutes les résolutions défavorables au Maroc. « La position de la France, partagée aussi bien par la droite que par la gauche, se fonde sur la certitude que le trône marocain ne survivra pas à la ‘‘perte’’ du Sahara occidental. C'est ce qui explique que la gauche est écartelée entre les considérations légales et morales de la doctrine onusienne en matière de décolonisation et les considérations de realpolitik vis-à-vis de la survie d'un allié », ajoute-t-il.
Dans ce contexte, la relance de la construction de l’Union du Maghreb, à laquelle a appelé la déclaration conjointe franco-marocaine, s’éloigne. « La relance de la construction maghrébine demeure, certes, un impératif stratégique pour tous les peuples du Maghreb, mais elle ne saurait se faire au détriment des intérêts de l'Algérie, surtout lorsque l'une des parties, qui est de surcroît en position de demandeur sur plusieurs dossiers, continue d'échafauder des stratagèmes frisant l'agression (drogues) et de se complaire dans une rhétorique belliqueuse et stérile, dont le seul résultat garanti sera malheureusement de bloquer la construction d'un Maghreb stable et solidaire », accuse le même responsable.
« Pour nous, les responsabilités face à ce dessein maghrébin fondamental sont clairement établies et la solidarité dont on semble redécouvrir les vertus ne peut se construire que sur le socle de la sincérité et de la bonne foi dans les actions. C'est un préalable insurmontable et ce n'est qu’à ce prix que les relations bilatérales avec le pays en question seront assainies et totalement normalisées pour ouvrir enfin la voie tant attendue à la complémentarité et à l'intégration régionale. Chacun assumera ses choix devant les peuples maghrébins », conclut-il.
TSA
Riyad Hamadi
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