
Le discours disjonctif occidental
Sauf erreur ou omission, les Palestiniens et les Sahraouis paraissent devoir être les deux derniers peuples au Monde à demeurer sous domination de type coloniale. Sans nul doute du fait du discours disjonctif occidental sur un principe fondamental du Droit International Public, le Droit à l’autodétermination des peuples, paradoxalement, constamment bafoué par ses promoteurs.
Ce principe, pourtant intangible, connaît une application modulée, soumis à des infléchissements circonstanciels, au point de constituer une variable d’ajustement conjoncturelle en fonction des intérêts des grandes puissances occidentales, qui furent longtemps le groupe hégémonique de la géostratégie mondiale. Valable un temps en un lieu, inopérant ailleurs, en d’autres temps.
Le conflit du Sahara occidental en fait l’amère expérience de même que le conflit palestinien. Le droit à l’autodétermination, le principe de base du conflit, souffre de la flexibilité de sa mise en œuvre. S’il trouve sa pleine vigueur et sa pleine justification lorsqu’il s’agit de promouvoir sur la scène internationale des entités conformes aux intérêts des pays occidentaux, il est, paradoxalement, combattu ou nié lorsqu’il s’agit d’éradiquer toute velléité nationaliste ou indépendantiste d’états situés hors de la sphère d’influence occidentale.
Une étude diachronique, combinant les données spatiotemporelles sur la question, révélerait un comportement échappant à la rationalité immédiate, en contradiction avec la plus élémentaire justice.
Le constat est ahurissant: Georges Bush avait assuré du temps de sa présidence (2000-2008) qu’il était las d’attendre dix ans que le Kosovo obtienne son indépendance. Comme par enchantement, aussitôt après ce cri d’amour, un coup de baguette magique, qui relève non de la prestidigitation mais de l’imposture, conférait au Kosovo son indépendance, en ce qu’il participait d’un projet plus vaste visant à parachever le démembrement de l’ancienne Fédération de Yougoslavie, un obstacle majeur à l’expansion économique occidentale dans l’Europe centrale.
Il en a été de même du Sud Soudan, un nouvel état pétrolier et ami d’Israël sur le cours du Nil. Une donne non négligeable, alors qu’une guerre de l’eau se profile dans la zone du fait des bouleversements climatiques.
Le droit à l’autodétermination a ainsi posé deux micro-états – le Kosovo et le Sud Soudan- comme jalons du maintien de l’hégémonie occidentale, face à la montée en puissance de la Chine et le contournement chinois de l’Europe par l’Afrique.
Dans ce panorama: deux cas -Le Tibet et les Kurdes- font exception en ce que dans le premier cas, celui du Tibet, les Etats-Unis se heurtent à une cible située dans la sphère géostratégique de la Chine et dans le deuxième cas, les Kurdes, à un allié de l’Amérique, la Turquie, la sentinelle avancée de l’Otan sur le flanc sud.
Dans le cas du Tibet, les Etats-Unis encouragent les autonomistes tibétains dans leurs revendications, mais veillent à ménager la puissance chinoise dans son pré carré. Le soutien des Occidentaux au Dalaï Lama constitue tout au plus un instrument de pression pour servir de monnaie d’échange à des concessions diplomatiques ou économiques chinoises.
Dans le cas des Kurdes, les supplétifs exemplaires des Etats-Unis lors de l’invasion américaine de l’Irak, en 2003, qui s’estimaient en mesure d’obtenir un état en récompense de leur collaboration n’y ont pas eu droit en raison de l’hostilité de la Turquie à un projet qui pourrait la déstabiliser du fait de la présence d’un fort sentiment irrédentiste kurde sur son territoire.
La solution médiane auxquels ont souscrit les Kurdes – une zone de large autonomie dans le nord kurdophone de l’Irak- si elle les satisfait partiellement, enchante pleinement les Américains en ce que l’enclave kurde englobe les riches champs pétrolifères de Kirkouk, de surcroît liée économiquement et militairement à Israël.
La solution est provisoire. Beaucoup à Ankara et à Washington nourrissent l’ambition de constituer une entité indépendante Kurde, sur les débris de la Syrie, dans le nord du pays, dans la zone de Jisr al Choughour, par adjonction du Kurdistan irakien, assurant ainsi à l’Etat Kurde un débouché sur la mer. Les troubles en Syrie, justifiées sans nul doute par les d’abus du pouvoir baathiste, sont alimentées de l’extérieur dans un but annexe. Le règlement par défaut de la question kurde par démembrement de la Syrie, comme cela avait déjà été le cas avec Alexandrette et le Liban
Le Kosovo a attendu 10 ans pour son indépendance, mais la Palestine attend depuis 65 ans, sans émouvoir les Occidentaux de son sort.
Pourquoi une telle duplicité? Au-delà du tribut compensatoire des Occidentaux au génocide juif et des considérations bibliques, Israël, -le choix de son implantation ne relève pas du hasard-, est située à l’intersection de la rive asiatique et la rive africaine du Monde arabe, au point de jonction de la route continentale des Indes et de la route maritime, le bassin syro palestinien et son prolongement égyptien, au point de convergences des voies d’eau du Moyen orient (Jourdain, Oronte, Hasbani, Zahrani) et des gisements pétroliers de la péninsule arabique.
L’existence d’Israël, de par son positionnement géographique, signe stratégiquement la rupture de la continuité territoriale de l’espace arabe. Pour le malheur du peuple palestinien qui paie le prix de cette entreprise de délocalisation de l’antisémitisme récurrent de la société occidentale, et pour le plus grand malheur des Arabes entravés de la possibilité de constituer une masse critique à l’effet de peser sur les relations internationales.
Mais ce qui est bon pour le Kosovo et le Sud Soudan ne saurait être vrai ni pour la Palestine, ni pour le Sahara occidental. L’ostracisme n’est nullement le fait du hasard: Les Palestiniens font face à Israël, les Sahraouis, au Maroc, le principal allié souterrain d’Israël.
Il n’est pas indifférent de noter dans ce contexte que le Kosovo et Israël sont les deux seuls pays au monde créés par une décision unilatérale. L’indépendance s’accorde donc en fonction des intérêts stratégiques. Le conflit du Sahara n’aurait peut-être sans doute pas duré autant s’il ne servait à attiser et à affaiblir deux pays au bénéfice de la stratégie hégémonique occidentale aussi bien américaine que française dans la zone, et surtout, s’il ne constituait un excellent stimulant pour les industries d’armement.
Un conflit budgétivore, stimulant pour les industries d’armement
Le Maroc est parmi les pays africains qui consacrent le plus d’effort budgétaire à leur armement. Près de 2, 8 milliards d’euros sont consacrés annuellement à l’armée marocaine, représentant 15% du budget marocain, soit le double de celui de la Santé. Les besoins militaires du Maroc absorbent 5% de son PIB, ce qui lui vaut de figurer au top 20 des pays les plus dépensiers pour leurs armées. Aussi, si l’on tient compte de la croissance du PIB, le Maroc dépense plus de 7 millions d’euros par jour pour sa défense. Parmi les grosses commandes figurent deux escadrilles de F-16 en plus de la modernisation de 27 Mirage F-1 français pour 400 millions d’euros, une frégate française Fremm pour 470 millions d’euros, trois hélicoptères américains CH-47D pour 93,4 millions d’euros, quatre avions de transport tactique C-27J Spartan à l’Italie pour 130 millions d’euros et 1.200 blindés espagnols pour 200 millions d’euros.
L’Algérie, lui, est le second importateur d’armes du continent, derrière l’Afrique du sud selon le rapport 2010 du SIPRI, l’Institut international de recherche pour la paix (SIPRI), basé à Stockholm. L’Algérie consacre en moyenne 3% de son PIB par an aux dépenses militaires, ce qui représente environ 4,5 milliards d’euros pour 2011.
La conclusion par l’Algérie d’un contrat d’acquisition d’une soixantaine d’avions de combat avec la Russie en 2006 avait immédiatement suscité une réaction de Rabat, qui s’est empressé de moderniser sa flottille de Mirage F-1 vétustes et de conclure le mirifique contrat des F-16 avec Lockheed Martin, la bénédiction de Washington et l’aide technologique israélienne.
Le budget militaire algérien s’accroît d’environ 10% par an. Des sommes colossales sont ainsi allouées par ces deux pays dont le secteur militaire occupe la première place en te
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