New York (Nations unies), correspondante. "Non-sens", "ridicule", "affligeant"...L'Organisation des nations unies (ONU) en a pris pour son grade vendredi 17 mai. Dans le rôle de ses détracteurs : les anciennes puissances coloniales. Deux jours après avoir été incapable de mobiliser plus de 107 voix contre la répression sanglante du régime syrien, l'Assemblée générale se glorifiait d'adopter une résolution affirmant "le droit inaliénable de la population de la Polynésie française à l'autodétermination et à l'indépendance" et réinscrivant la collectivité d'outre-mersur la liste des territoires à décoloniser. Une démarche susceptible, à terme, d'ouvrir la voie à l'organisation d'un référendum.
Le texte, soumis depuis février par plusieurs petits Etats du Pacifique, dont la monarchie des îles Salomon, l'île de Nauru et l'archipel Tuvalu – peuplés d'à peine 10 000 habitants chacun –, a été adopté par consensus, sans vote formel. La France, dont l'ambassadeur Gérard Araud a boycotté la séance, a accusé l'ONU d'"ingérence flagrante" et d'"absence complète de respect pour les choix démocratiques des Polynésiens".
L'adoption de la résolution L56 est intervenue quelques heures avant l'élection de l'autonomiste Gaston Flosse à la présidence de la Polynésie française, par 38 voix sur 57, et douze jours après sa nette victoire aux élections territoriales contre son rival historique, l'indépendantiste Oscar Temaru. Ce dernier, à l'origine d'un intense lobbying en faveur de l'adoption du texte, avait fait le déplacement à New York pour l'occasion.
INITIATIVES DIPLOMATIQUES
Trois initiatives diplomatiques pour tenter d'empêcher le vote sont restées vaines. Dans une note adressée aux 192 autres pays membres de l'ONU, la France, qui avait réussi à reporter la procédure à deux reprises, arguait que celle-ci allait à l'encontre de "la volonté des populations concernées", aux élections territoriales,"trois électeurs polynésiens sur quatre s'étant déclarés contre ce projet".
Une autre missive, celle-là signée du sénateur de 81 ans Gaston Flosse et destinée au président de l'Assemblée générale de l'ONU, Vuk Jeremic, demandait un report qui permettrait "d'entrer en relation avec les promoteurs d'un projet qui fait bien peu de cas (...) de la volonté de notre peuple". L'ultime tentative est venue de l'Assemblée de la Polynésie française, sous la forme d'un "vœu", exprimé par 46 des 57 élus locaux, exhortant l'ONU à annuler la procédure.
Aucun moyen de pression n'a eu raison de la détermination des parrains du texte, jugée d'ailleurs "inexplicable" et "suspecte" par plus d'un diplomate occidental.
L'ambassadeur des îles Salomon, Collin Beck, qui part à la retraite dans un mois, a estimé que les élections territoriales ne pouvaient "être assimilées à un référendum" sur le sort de la Polynésie française. "La carte de la décolonisation reste un ouvrage inachevé des Nations unies", a-t-il insisté.
"AUCUNE CONSÉQUENCE"
Lors de la séance, vendredi, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, dont plusieurs colonies figurent sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser, de même que les Pays-Bas, l'Allemagne et le Mexique, se sont dissociés du consensus en signe de protestation. L'adoption de cette résolution "n'a fait qu'agiter de vieux démons, mais elle n'aura a priori aucune conséquence",souligne un diplomate.
Le Comité spécial de l'ONU devra rendre son rapport à la prochaine session de l'Assemblée générale des Nations unies, en 2014, mais rien n'oblige Paris à coopérer. Londres en sait quelque chose, les dossiers de Gibraltar et de l'archipel des Malouines sont en suspens depuis plusieurs années. La Polynésie française rejoint sur la liste seize autres territoires non autonomes, comme la Nouvelle-Calédonie, les îles Vierges et le Sahara occidental.
Reste que l'acharnement de l'ONU à vouloir débarrasser le monde des vestiges du colonialisme relève du "pur anachronisme", souligne une source proche du dossier, peu de ces territoires étant favorables à la décolonisation. Pour preuve, les deux référendums organisés en 2006 et 2007 sur le sort du territoire néo-zélandais de Tokelau, à l'issue desquels l'idée de l'indépendance a été rejetée. Ou encore les 99,8 % de "oui" des électeurs des îles Malouines, en mars, au référendum sur le maintien du territoire d'outre-mer dans le giron britannique
le monde
Le texte, soumis depuis février par plusieurs petits Etats du Pacifique, dont la monarchie des îles Salomon, l'île de Nauru et l'archipel Tuvalu – peuplés d'à peine 10 000 habitants chacun –, a été adopté par consensus, sans vote formel. La France, dont l'ambassadeur Gérard Araud a boycotté la séance, a accusé l'ONU d'"ingérence flagrante" et d'"absence complète de respect pour les choix démocratiques des Polynésiens".
L'adoption de la résolution L56 est intervenue quelques heures avant l'élection de l'autonomiste Gaston Flosse à la présidence de la Polynésie française, par 38 voix sur 57, et douze jours après sa nette victoire aux élections territoriales contre son rival historique, l'indépendantiste Oscar Temaru. Ce dernier, à l'origine d'un intense lobbying en faveur de l'adoption du texte, avait fait le déplacement à New York pour l'occasion.
INITIATIVES DIPLOMATIQUES
Trois initiatives diplomatiques pour tenter d'empêcher le vote sont restées vaines. Dans une note adressée aux 192 autres pays membres de l'ONU, la France, qui avait réussi à reporter la procédure à deux reprises, arguait que celle-ci allait à l'encontre de "la volonté des populations concernées", aux élections territoriales,"trois électeurs polynésiens sur quatre s'étant déclarés contre ce projet".
Une autre missive, celle-là signée du sénateur de 81 ans Gaston Flosse et destinée au président de l'Assemblée générale de l'ONU, Vuk Jeremic, demandait un report qui permettrait "d'entrer en relation avec les promoteurs d'un projet qui fait bien peu de cas (...) de la volonté de notre peuple". L'ultime tentative est venue de l'Assemblée de la Polynésie française, sous la forme d'un "vœu", exprimé par 46 des 57 élus locaux, exhortant l'ONU à annuler la procédure.
Aucun moyen de pression n'a eu raison de la détermination des parrains du texte, jugée d'ailleurs "inexplicable" et "suspecte" par plus d'un diplomate occidental.
L'ambassadeur des îles Salomon, Collin Beck, qui part à la retraite dans un mois, a estimé que les élections territoriales ne pouvaient "être assimilées à un référendum" sur le sort de la Polynésie française. "La carte de la décolonisation reste un ouvrage inachevé des Nations unies", a-t-il insisté.
"AUCUNE CONSÉQUENCE"
Lors de la séance, vendredi, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, dont plusieurs colonies figurent sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser, de même que les Pays-Bas, l'Allemagne et le Mexique, se sont dissociés du consensus en signe de protestation. L'adoption de cette résolution "n'a fait qu'agiter de vieux démons, mais elle n'aura a priori aucune conséquence",souligne un diplomate.
Le Comité spécial de l'ONU devra rendre son rapport à la prochaine session de l'Assemblée générale des Nations unies, en 2014, mais rien n'oblige Paris à coopérer. Londres en sait quelque chose, les dossiers de Gibraltar et de l'archipel des Malouines sont en suspens depuis plusieurs années. La Polynésie française rejoint sur la liste seize autres territoires non autonomes, comme la Nouvelle-Calédonie, les îles Vierges et le Sahara occidental.
Reste que l'acharnement de l'ONU à vouloir débarrasser le monde des vestiges du colonialisme relève du "pur anachronisme", souligne une source proche du dossier, peu de ces territoires étant favorables à la décolonisation. Pour preuve, les deux référendums organisés en 2006 et 2007 sur le sort du territoire néo-zélandais de Tokelau, à l'issue desquels l'idée de l'indépendance a été rejetée. Ou encore les 99,8 % de "oui" des électeurs des îles Malouines, en mars, au référendum sur le maintien du territoire d'outre-mer dans le giron britannique
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