Écrit par Mohamed Bouhamidi
Les médias français ont largement repris l’information donnée par The Los Angeles Times : la CIA et les forces spéciales américaines entraînent depuis des mois les contras envoyés en Syrie.
Le timing de cet « aveu » d’une ingérence américaine doit beaucoup aux confrontations entre faucons et colombes au sein de l’administration Obama, entre interventionnistes à la Mac Cain/Clinton et les partisans d’une solution négociée à la Brezinski.
Par cette « fuite », le camp d’Obama fait savoir qu’il a fait beaucoup dans le secret et peut espérer faire passer les déclarations de Mac Cain/Clinton pour de la gesticulation. Cette « révélation » n’est pas conforme à la version officielle des événements en Syrie, à la « narrative » notion construite avec bonheur par Philippe Grasset et qui sera reprise dans ces chroniques pour le reflet plus « total » qu’on y trouve de la réalité. Elle nous révèle que la presse et les responsables ont menti d’une même voix aux opinions publiques pour faire passer leurs décisions secrètes pour une attente de ces mêmes opinions révoltées par « les dictateurs qui bombardent leurs peuples » en Libye comme en Syrie. Elle porte une grave atteinte à l’idée des « démocraties », dont le fonctionnement exige que les citoyens/électeurs ou objets de sondages se prononcent sur la base d’informations complètes et sincères sur les programmes et sur l’action des chefs et responsables.
La « fuite » a pour but ou fonction de cadrer, une fois plus, cette opinion en fonction des opérations et des plans secrets pas pour relancer le débat sur l’essence de la démocratie. Cette « révélation » ajuste l’opinion publique, elle ne la réveille pas. Les canaux par lesquels elle passe sont les mêmes qui ont formaté ces opinions publiques et verrouillé leurs perceptions à travers les prismes simplistes et immatures des histoires d’ogres et de fées, de « bons et de méchants ».
Il nous faut quand même noter cette facilité à travailler des opinions aussi « réceptives » et aussi avides de retrouver les contes de fées dans lesquels angoisses et fantasmes trouvent leurs objets les moins pénibles et les moins douloureux et leurs exutoires les plus recyclables. Car juste à côté de cette révélation, les mêmes journaux nous apprennent que les USA se préparent à négocier avec les talibans. Le thème de l’Afghanistan ne concentre plus depuis longtemps ces formes assistées ou fabriquées de l’angoisse et de la menace mouvantes de l’attentat, ni même l’indignation des conditions faites à la femme et dont nous savons grâce à Aminata Traoré combien ces indignations servent surtout à classer les femmes comme
« vraies femmes » soucieuses des questions sociétales des autres femmes « bloquées » dans la revendication de leurs droits sociaux et économiques et dans la lutte pour l’éducation, la santé, la culture, l’accès à l’eau et l’énergie, et au travail.
Bref, la fonction de concentration des angoisses des opinions publiques occidentales et de la réalisation fantasmatique de leur bonne conscience est épuisée depuis longtemps. L’Irak, la Libye, la Syrie et de façon plus évanescente le terrorisme islamiste ont servi ou servent d’objets de substitution.
Cela empêche-t-il cette presse mainstream, ces « experts » si disponibles, ces chroniqueurs et éditorialistes si prolixes sur la question du droit, de survoler l’étrangeté que les USA s’apprêtent à négocier avec les talibans au-dessus du gouvernement afghan. Nous savons bien que les Américains tiennent à juste titre leurs marionnettes locales pour des serpillères, des kleenex politiques, et qu’après avoir usé Karzaï par leurs abus, ils préparent la prolongation de leur présence aux frontières de l’Iran, si près des frontières chinoises et aux confins de l’Eurasie, si précieuse pour le gaz et pour frapper Chine et Russie le moment opportun.
Même kleenex, le gouvernement afghan a une existence légale frelatée, mais légale, pas plus illégitime que les talibans qui ont bénéficié en leur temps des mêmes aides étrangères pour s’installer à Kaboul. Ce faisant, les Américains inaugurent une nouvelle conception du droit international.
Ils sont partout chez eux et peuvent engager tout ce qu’ils veulent, y compris des négociations, avec n’importe quel mouvement dans n’importe quel pays du monde.
C’est ce qu’a fait Robert Ford en Syrie. Il a longtemps préparé la révolte dans les locaux de son ambassade, devenue le quartier général de la subversion, au vu et au su des autorités syriennes, dont une partie lui concédait ce « droit » en échange de leur insertion dans les méandres juteux des politiques ultralibérales. C’est ce qu’il a essayé de faire à Alger, avant que l’Algérie ne demande son départ. C’est ce que font toutes les ambassades américaines dans le monde, à des degrés divers, de Beyrouth à Alger.
REPORTERS.DZ
Les médias français ont largement repris l’information donnée par The Los Angeles Times : la CIA et les forces spéciales américaines entraînent depuis des mois les contras envoyés en Syrie.
Le timing de cet « aveu » d’une ingérence américaine doit beaucoup aux confrontations entre faucons et colombes au sein de l’administration Obama, entre interventionnistes à la Mac Cain/Clinton et les partisans d’une solution négociée à la Brezinski.
Par cette « fuite », le camp d’Obama fait savoir qu’il a fait beaucoup dans le secret et peut espérer faire passer les déclarations de Mac Cain/Clinton pour de la gesticulation. Cette « révélation » n’est pas conforme à la version officielle des événements en Syrie, à la « narrative » notion construite avec bonheur par Philippe Grasset et qui sera reprise dans ces chroniques pour le reflet plus « total » qu’on y trouve de la réalité. Elle nous révèle que la presse et les responsables ont menti d’une même voix aux opinions publiques pour faire passer leurs décisions secrètes pour une attente de ces mêmes opinions révoltées par « les dictateurs qui bombardent leurs peuples » en Libye comme en Syrie. Elle porte une grave atteinte à l’idée des « démocraties », dont le fonctionnement exige que les citoyens/électeurs ou objets de sondages se prononcent sur la base d’informations complètes et sincères sur les programmes et sur l’action des chefs et responsables.
La « fuite » a pour but ou fonction de cadrer, une fois plus, cette opinion en fonction des opérations et des plans secrets pas pour relancer le débat sur l’essence de la démocratie. Cette « révélation » ajuste l’opinion publique, elle ne la réveille pas. Les canaux par lesquels elle passe sont les mêmes qui ont formaté ces opinions publiques et verrouillé leurs perceptions à travers les prismes simplistes et immatures des histoires d’ogres et de fées, de « bons et de méchants ».
Il nous faut quand même noter cette facilité à travailler des opinions aussi « réceptives » et aussi avides de retrouver les contes de fées dans lesquels angoisses et fantasmes trouvent leurs objets les moins pénibles et les moins douloureux et leurs exutoires les plus recyclables. Car juste à côté de cette révélation, les mêmes journaux nous apprennent que les USA se préparent à négocier avec les talibans. Le thème de l’Afghanistan ne concentre plus depuis longtemps ces formes assistées ou fabriquées de l’angoisse et de la menace mouvantes de l’attentat, ni même l’indignation des conditions faites à la femme et dont nous savons grâce à Aminata Traoré combien ces indignations servent surtout à classer les femmes comme
« vraies femmes » soucieuses des questions sociétales des autres femmes « bloquées » dans la revendication de leurs droits sociaux et économiques et dans la lutte pour l’éducation, la santé, la culture, l’accès à l’eau et l’énergie, et au travail.
Bref, la fonction de concentration des angoisses des opinions publiques occidentales et de la réalisation fantasmatique de leur bonne conscience est épuisée depuis longtemps. L’Irak, la Libye, la Syrie et de façon plus évanescente le terrorisme islamiste ont servi ou servent d’objets de substitution.
Cela empêche-t-il cette presse mainstream, ces « experts » si disponibles, ces chroniqueurs et éditorialistes si prolixes sur la question du droit, de survoler l’étrangeté que les USA s’apprêtent à négocier avec les talibans au-dessus du gouvernement afghan. Nous savons bien que les Américains tiennent à juste titre leurs marionnettes locales pour des serpillères, des kleenex politiques, et qu’après avoir usé Karzaï par leurs abus, ils préparent la prolongation de leur présence aux frontières de l’Iran, si près des frontières chinoises et aux confins de l’Eurasie, si précieuse pour le gaz et pour frapper Chine et Russie le moment opportun.
Même kleenex, le gouvernement afghan a une existence légale frelatée, mais légale, pas plus illégitime que les talibans qui ont bénéficié en leur temps des mêmes aides étrangères pour s’installer à Kaboul. Ce faisant, les Américains inaugurent une nouvelle conception du droit international.
Ils sont partout chez eux et peuvent engager tout ce qu’ils veulent, y compris des négociations, avec n’importe quel mouvement dans n’importe quel pays du monde.
C’est ce qu’a fait Robert Ford en Syrie. Il a longtemps préparé la révolte dans les locaux de son ambassade, devenue le quartier général de la subversion, au vu et au su des autorités syriennes, dont une partie lui concédait ce « droit » en échange de leur insertion dans les méandres juteux des politiques ultralibérales. C’est ce qu’il a essayé de faire à Alger, avant que l’Algérie ne demande son départ. C’est ce que font toutes les ambassades américaines dans le monde, à des degrés divers, de Beyrouth à Alger.
REPORTERS.DZ