(1)
Je suis très triste pour mon pays. Et ce que je vois comme avenir est sombre. Je regrette de devoir l’admettre et de devoir le dire et l’écrire parce que j’ai voté pour Hollande.
Je peux le dire parce que j’ai passé la journée à regarder la chaîne parlementaire pour prendre connaissance, en détail des arguments présentés par le gouvernement aux députés et aux sénateurs. Les deux « débats » (en réalité l’exposé sans réponse des positions des uns et des autres) on eut lieu simultanément, mais ils ont été diffusés successivement.
« Les preuves du gouvernements sont faibles, très faibles » a dit Poutine dans son interview télévisée du 4 septembre. Maintenant je sais que ces preuves n’en sont pas ; les arguments du gouvernement pour aller tuer des gens en Syrie sont TROP faibles. Ils dénotent une culture postcoloniale, de gendarme du monde et renvoient tout observateur avisé de la politique internationale vers des buts cachés, qu’on ne veut pas révéler au peuple français.
Voyons d’abord les « preuves », puis les objectifs cachés.
Les "preuves" du gouvernement
Quand on parle de preuves, il faut savoir qu’il y en a de deux sortes :
Des preuves par défaut : « c’est lui parce qu’il ne peut pas en être autrement… parce que sinon, je ne sais pas qui l’a fait ».
Ce type de preuve est faible ; il est nécessaire, mais suffisant. En tout cas ce n’est pas suffisant pour commettre une agression internationale, pour commencer une guerre, pour tuer des centaines voire des milliers d’innocents.
Des preuves positives : « c’est lui parce qu’on l’a vu ou bien parce qu’on a une preuve matérielle ».
Ce type de preuve est indiscutable. Il est nécessaire et suffisant.
J’ai écouté attentivement les huit indices listés par le ministre de la défense ; ils constituent effectivement « un faisceau de présomptions », mais cette liste ne contient aucune preuve nécessaire et suffisante. « Un faisceau de présomption » peut alimenter le doute, mais ne justifie pas de lancer une guerre.
Par exemple, on ne répond pas à l’hypothèse d’un accident contraire aux directives de l’État syrien et survenu dans le feu de l’action militaire. Et ce n’est là qu’une seule des nombreuses hypothèses qui peuvent être soulevées. Une autre est celle d’une provocation directe des rebelles pour soulever la réprobation internationale et stopper une avancée qui était victorieuse des troupes légales – nous savons que c’était le cas.
Autre exemple possible analogue à ce qui est arrivé en Amérique, sur une base militaire US : un officier de l’armée US, pour des raisons de conviction politique, a mitraillé ses collègues et en a tué une dizaine. Cela arrive fréquemment en Afghanistan. Alors pourquoi un personnel de l’armée syrienne légale, idéologiquement liée à la rébellion n’aurait-il pas commis ce crime qui en fin de compte a fait beaucoup de victimes civiles… et nous n’avons vu aucune victime militaire de la rébellion ?
Je ne suis pas en train de chercher une échappatoire à Monsieur ASSAD. Je montre juste la différence entre des preuves directes et positives et des preuves indirectes et par défaut. Et ma conclusion est qu’on ne peut pas faire de guerre, tuer des centaines de militaires et aussi et forcément de victimes civiles collatérales sans avoir des preuves solides et indiscutables.
Sinon, c’est qu’il y a des motifs cachés. On les abordera plus loin.
Alors Monsieur Hollande et son équipe nous disent : un crime comme celui-ci ne peut pas rester impuni (argument moral) :
alors, dans l’indétermination, on envoie des bombes sur les troupes de Assad et sur les rebelles aussi ? C’est moral, cela ?
Non, ça ne tient pas la route.
On nous demande ensuite de croire, de donner notre confiance au gouvernement.
Non, ce n’est pas possible. D’abord la démocratie, cela consiste à déléguer et à vérifier. Il ne peut pas y avoir de délégation sans vérification. Ensuite le gouvernement, notre gouvernement n’est pas clair dans cette affaire.
Je m’explique.
En justice, pour qu’il y ait vraiment œuvre de justice, on sépare les instances et on s’assure qu’elles sont indépendantes les unes des autres. Il y a l’instance qui rapporte les faits. Une autre instance enquête et qui verbalise les faits. Ensuite, une autre, l’instance du jugement, écoute les parties, toutes les parties et enfin elle rend son jugement. Souvent, d’ailleurs, pour qu’elle ne se trompe pas, on adjoint à cette dernière un jury. Enfin, une dernière instance applique la décision de justice, fait exécuter la peine.
Mais que s’est-il passé avec la Syrie ?
Le gouvernement français a soutenu la politique de renversement du gouvernement légal syrien dès le début. Il a mis le paquet au point d’exiger publiquement le départ du président Assad « dans quelques semaines » : des millions de francs, des armes, des moyens d’espionnage, des spécialistes sur place.
Ça n’a pas marché comme il le voulait.
Alors il renforcé son aide et son implication politique, financière et militaire.
Ça n’a pas marché non plus.
On a commencé à voir le rapport des forces s’inverser au profit du gouvernement légal. En plus, la pression internationale a imposé l’idée d’une conférence de conciliation inter-syrienne… en présence d’informations selon lesquelles si le peuple syrien était consulté, il désavouerait les rebelles cannibales. Donc, tous ces milliards sont partis en fumée, pour rien !
Arrêtons-nous ici pour une minute pour constater que le gouvernement français, de son propre chef, s’est constitué en protagoniste direct du conflit intérieur de la Syrie. C’est de l’immixtion dans les affaires intérieures d’un pays souverain.
Le gouvernement syrien dénonce des attaques de rebelles à l’arme chimique et demande des enquêteurs de l’ONU dans les endroits concernés. Ces premiers « morts chimiques » s’ajoutent aux dizaines de milliers de victimes qui sont imputables au concours français (le gouvernement syrien a sa propre part).
La France qui a le droit de veto, refuse et exige que les enquêteurs puissent se déplacer partout et en tout moment en Syrie. Ce serait le moyen d’espionner en faveur des alliés du gouvernement français. La Syrie refuse de donner un tel mandat – ce qui est logique. On en reste là. La France ne s’énerve pas outre mesure pour ces attaques chimiques. Les Russes insistent. Une commission d’experts est envoyée à Damas.
Survient l’événement tragique du 21 août… justement quand la commission est là. Mais elle n’a pas mandat pour aller sur le nouveau lieu contaminé. Alors re-négociation pour élargir le mandat des enquêteurs. Cela prend quatre jours et la commission arrive sur les lieux.
On va donc savoir ! Mais non, le gouvernement français argue maintenant que les traces ont été effacées. Quand on a fait un peu de chimie, on sait depuis Lavoisier que « rien ne se perd, tout se transforme ». Les experts ne sont pas à une scène de crime près ; ils vont trouver.
Mais le gouvernement français, protagoniste du conflit comme on l’a vu plus haut, sans attendre le constat des enquêteurs, déclare qu’il en sait assez : c’est Assad le coupable !
Il n’est pas dans son rôle. Il triche. S’il a des preuves, il n’a qu’à les soumettre à la commission de l’ONU.
Et ce n’est pas tout : le gouvernement fixe la sentence (« une punition »)… et bien sûr, c’est lui qui va l’exécuter.
Et Monsieur Fabius d’ajouter que de toute façon, la commission n’est pas habilitée à préciser qui est le coupable, donc il ne faut pas tenir compte de son avis.
En fait, la commission est chargée de déposer toutes ses preuves entre les mains du Conseil de Sécurité qui est l’instance judiciaire internationale, le seul juge et dépositaire du pouvoir de mettre en application les chapitres militaires de la Charte de l’ONU.
Personne n’a obligé la France à faire partie de l’ONU où elle dispose d’un droit de veto. Personne ne l’y maintient contre sa volonté. Mais tant qu’elle en fait partie, elle doit se soumettre à sa Charte : tant que le Conseil de sécurité n’en a pas décidé, attaquer la Syrie est une agression sans base juridique.
Si on regarde attentivement le comportement du gouvernement français, on constate qu’il se veut partie, enquêteur, juge et exécuteur des peines. C’est tout simplement scandaleusement colonialiste. Cela ramène le monde deux siècles en arrière.
Il s’agit là d’un comportement de voyou sur la scène internationale.
C’est pourquoi Poutine a menacé, si une telle agression est mise en exécution, si le cadre légal international n’est pas respecté, de livrer dans le futur des armes dissuasives à ses alliés, lui qui jusqu’ici, à la demande de l’occident, n’a pas honoré la vente signée et encaissée de ses redoutables S300 à l’Iran et à la Syrie.
Cette menace a été clairement exprimée dans son interview du 4 septembre, à la veille du G20. Elle est somme toute logique et elle est sérieuse par ses conséquences futures.
C’est sans doute pour cette raison qu’elle n’a pas été retransmise au public français par les médias mainstream.
Conclusion pour les « preuves » du gouvernement français : elles sont bidon et lui-même est trop engagé pour être crédible dans le rôle de partie impartiale et objective.
Je suis très triste pour mon pays. Et ce que je vois comme avenir est sombre. Je regrette de devoir l’admettre et de devoir le dire et l’écrire parce que j’ai voté pour Hollande.
Je peux le dire parce que j’ai passé la journée à regarder la chaîne parlementaire pour prendre connaissance, en détail des arguments présentés par le gouvernement aux députés et aux sénateurs. Les deux « débats » (en réalité l’exposé sans réponse des positions des uns et des autres) on eut lieu simultanément, mais ils ont été diffusés successivement.
« Les preuves du gouvernements sont faibles, très faibles » a dit Poutine dans son interview télévisée du 4 septembre. Maintenant je sais que ces preuves n’en sont pas ; les arguments du gouvernement pour aller tuer des gens en Syrie sont TROP faibles. Ils dénotent une culture postcoloniale, de gendarme du monde et renvoient tout observateur avisé de la politique internationale vers des buts cachés, qu’on ne veut pas révéler au peuple français.
Voyons d’abord les « preuves », puis les objectifs cachés.
Les "preuves" du gouvernement
Quand on parle de preuves, il faut savoir qu’il y en a de deux sortes :
Des preuves par défaut : « c’est lui parce qu’il ne peut pas en être autrement… parce que sinon, je ne sais pas qui l’a fait ».
Ce type de preuve est faible ; il est nécessaire, mais suffisant. En tout cas ce n’est pas suffisant pour commettre une agression internationale, pour commencer une guerre, pour tuer des centaines voire des milliers d’innocents.
Des preuves positives : « c’est lui parce qu’on l’a vu ou bien parce qu’on a une preuve matérielle ».
Ce type de preuve est indiscutable. Il est nécessaire et suffisant.
J’ai écouté attentivement les huit indices listés par le ministre de la défense ; ils constituent effectivement « un faisceau de présomptions », mais cette liste ne contient aucune preuve nécessaire et suffisante. « Un faisceau de présomption » peut alimenter le doute, mais ne justifie pas de lancer une guerre.
Par exemple, on ne répond pas à l’hypothèse d’un accident contraire aux directives de l’État syrien et survenu dans le feu de l’action militaire. Et ce n’est là qu’une seule des nombreuses hypothèses qui peuvent être soulevées. Une autre est celle d’une provocation directe des rebelles pour soulever la réprobation internationale et stopper une avancée qui était victorieuse des troupes légales – nous savons que c’était le cas.
Autre exemple possible analogue à ce qui est arrivé en Amérique, sur une base militaire US : un officier de l’armée US, pour des raisons de conviction politique, a mitraillé ses collègues et en a tué une dizaine. Cela arrive fréquemment en Afghanistan. Alors pourquoi un personnel de l’armée syrienne légale, idéologiquement liée à la rébellion n’aurait-il pas commis ce crime qui en fin de compte a fait beaucoup de victimes civiles… et nous n’avons vu aucune victime militaire de la rébellion ?
Je ne suis pas en train de chercher une échappatoire à Monsieur ASSAD. Je montre juste la différence entre des preuves directes et positives et des preuves indirectes et par défaut. Et ma conclusion est qu’on ne peut pas faire de guerre, tuer des centaines de militaires et aussi et forcément de victimes civiles collatérales sans avoir des preuves solides et indiscutables.
Sinon, c’est qu’il y a des motifs cachés. On les abordera plus loin.
Alors Monsieur Hollande et son équipe nous disent : un crime comme celui-ci ne peut pas rester impuni (argument moral) :
alors, dans l’indétermination, on envoie des bombes sur les troupes de Assad et sur les rebelles aussi ? C’est moral, cela ?
Non, ça ne tient pas la route.
On nous demande ensuite de croire, de donner notre confiance au gouvernement.
Non, ce n’est pas possible. D’abord la démocratie, cela consiste à déléguer et à vérifier. Il ne peut pas y avoir de délégation sans vérification. Ensuite le gouvernement, notre gouvernement n’est pas clair dans cette affaire.
Je m’explique.
En justice, pour qu’il y ait vraiment œuvre de justice, on sépare les instances et on s’assure qu’elles sont indépendantes les unes des autres. Il y a l’instance qui rapporte les faits. Une autre instance enquête et qui verbalise les faits. Ensuite, une autre, l’instance du jugement, écoute les parties, toutes les parties et enfin elle rend son jugement. Souvent, d’ailleurs, pour qu’elle ne se trompe pas, on adjoint à cette dernière un jury. Enfin, une dernière instance applique la décision de justice, fait exécuter la peine.
Mais que s’est-il passé avec la Syrie ?
Le gouvernement français a soutenu la politique de renversement du gouvernement légal syrien dès le début. Il a mis le paquet au point d’exiger publiquement le départ du président Assad « dans quelques semaines » : des millions de francs, des armes, des moyens d’espionnage, des spécialistes sur place.
Ça n’a pas marché comme il le voulait.
Alors il renforcé son aide et son implication politique, financière et militaire.
Ça n’a pas marché non plus.
On a commencé à voir le rapport des forces s’inverser au profit du gouvernement légal. En plus, la pression internationale a imposé l’idée d’une conférence de conciliation inter-syrienne… en présence d’informations selon lesquelles si le peuple syrien était consulté, il désavouerait les rebelles cannibales. Donc, tous ces milliards sont partis en fumée, pour rien !
Arrêtons-nous ici pour une minute pour constater que le gouvernement français, de son propre chef, s’est constitué en protagoniste direct du conflit intérieur de la Syrie. C’est de l’immixtion dans les affaires intérieures d’un pays souverain.
Le gouvernement syrien dénonce des attaques de rebelles à l’arme chimique et demande des enquêteurs de l’ONU dans les endroits concernés. Ces premiers « morts chimiques » s’ajoutent aux dizaines de milliers de victimes qui sont imputables au concours français (le gouvernement syrien a sa propre part).
La France qui a le droit de veto, refuse et exige que les enquêteurs puissent se déplacer partout et en tout moment en Syrie. Ce serait le moyen d’espionner en faveur des alliés du gouvernement français. La Syrie refuse de donner un tel mandat – ce qui est logique. On en reste là. La France ne s’énerve pas outre mesure pour ces attaques chimiques. Les Russes insistent. Une commission d’experts est envoyée à Damas.
Survient l’événement tragique du 21 août… justement quand la commission est là. Mais elle n’a pas mandat pour aller sur le nouveau lieu contaminé. Alors re-négociation pour élargir le mandat des enquêteurs. Cela prend quatre jours et la commission arrive sur les lieux.
On va donc savoir ! Mais non, le gouvernement français argue maintenant que les traces ont été effacées. Quand on a fait un peu de chimie, on sait depuis Lavoisier que « rien ne se perd, tout se transforme ». Les experts ne sont pas à une scène de crime près ; ils vont trouver.
Mais le gouvernement français, protagoniste du conflit comme on l’a vu plus haut, sans attendre le constat des enquêteurs, déclare qu’il en sait assez : c’est Assad le coupable !
Il n’est pas dans son rôle. Il triche. S’il a des preuves, il n’a qu’à les soumettre à la commission de l’ONU.
Et ce n’est pas tout : le gouvernement fixe la sentence (« une punition »)… et bien sûr, c’est lui qui va l’exécuter.
Et Monsieur Fabius d’ajouter que de toute façon, la commission n’est pas habilitée à préciser qui est le coupable, donc il ne faut pas tenir compte de son avis.
En fait, la commission est chargée de déposer toutes ses preuves entre les mains du Conseil de Sécurité qui est l’instance judiciaire internationale, le seul juge et dépositaire du pouvoir de mettre en application les chapitres militaires de la Charte de l’ONU.
Personne n’a obligé la France à faire partie de l’ONU où elle dispose d’un droit de veto. Personne ne l’y maintient contre sa volonté. Mais tant qu’elle en fait partie, elle doit se soumettre à sa Charte : tant que le Conseil de sécurité n’en a pas décidé, attaquer la Syrie est une agression sans base juridique.
Si on regarde attentivement le comportement du gouvernement français, on constate qu’il se veut partie, enquêteur, juge et exécuteur des peines. C’est tout simplement scandaleusement colonialiste. Cela ramène le monde deux siècles en arrière.
Il s’agit là d’un comportement de voyou sur la scène internationale.
C’est pourquoi Poutine a menacé, si une telle agression est mise en exécution, si le cadre légal international n’est pas respecté, de livrer dans le futur des armes dissuasives à ses alliés, lui qui jusqu’ici, à la demande de l’occident, n’a pas honoré la vente signée et encaissée de ses redoutables S300 à l’Iran et à la Syrie.
Cette menace a été clairement exprimée dans son interview du 4 septembre, à la veille du G20. Elle est somme toute logique et elle est sérieuse par ses conséquences futures.
C’est sans doute pour cette raison qu’elle n’a pas été retransmise au public français par les médias mainstream.
Conclusion pour les « preuves » du gouvernement français : elles sont bidon et lui-même est trop engagé pour être crédible dans le rôle de partie impartiale et objective.
Commentaire