politologue et expert en sécurité,
Écrit par Younès Saadi
Reporters : Le roi du Maroc effectuera une visite de travail au Mali. Quelle lecture donner à cette visite qui intervient dans un contexte marqué par un rapprochement Alger-Bamako ?
Ahmed Adimi : Il ne faut pas condamner le Maroc, qui essaye de se faire une place en Afrique et plus particulièrement au Sahel. C’est une démarche logique et justifiée d’un pays qui sait défendre ses intérêts. La diplomatie marocaine fait le travail que toute autre diplomatie aurait fait dans des circonstances pareilles. Maintenant, pour votre question, il faut d’abord signaler que la visite du roi marocain au Mali vient s’ajouter à une série de mesures prises par le royaume pour s’implanter davantage dans le continent africain. Le Maroc a construit au Sahel des écoles, des mosquées, des universités, des hôpitaux. Il a également ouvert des lignes aériennes avec l’ensemble des pays africains. Toute cette offensive, précisons-le, vise à affaiblir l’Algérie et à la rendre isolée dans son propre fief. Le Maroc est en guerre contre l’Algérie. Il veut la cerner en vue de lui imposer ses visions. Malheureusement, nous ripostons mal à cette offensive. Pourtant, nous disposons de moyens humains et financiers que les Marocains n’ont pas.
Pourquoi l’Algérie riposte mal à l’offensive marocaine qui vise portant à l’affaiblir ?
Ecoutez, durant les années 1970, rien ne bougeait en Afrique sans l’aval de l’Algérie, y compris les coups d’Etat militaires. Cette position importante qu’on avait dans le passé n’est plus. L’Algérie actuellement ressemble à un géant inconscient de sa taille et de ce qu’il peut faire sur la scène régionale et internationale. Pendant la décennie noire, les choses pourraient être expliquées, mais à partir de 1999, le rôle secondaire que joue l’Algérie en Afrique n’a plus de justification. Si notre diplomatie était à la hauteur, les pays de la région, je parle de la Libye et du Mali, n’auraient jamais connu des interventions militaires étrangères sur leur sol. La raison de cette situation, c’est que nos responsables, à commencer par le président de la République, n’ont pas donné assez d’importance à cette région du Sahel. Pourtant, son destin est lié directement au nôtre.
Le Mali a demandé officiellement la médiation algérienne pour régler le conflit qui le ravage. Peut-on qualifier cette demande de retour de l’Algérie sur le devant de la scène régionale ?
Certes, depuis la désignation de Ramtane Lamamra à la tête de la diplomatie algérienne, les choses commencent à changer. Cette personne connaît bien le dossier africain, il a acquis une grande expérience au sein de l’Union africaine. Toutefois, les efforts d’une seule personne ou département ne suffisent pas, il faut l’implication de toutes les institutions et les moyens de l’Etat pour pouvoir faire sortir l’Algérie de son isolement régional. Insuffisant, car le chef de l’Etat doit se mêler personnellement de ce dossier sahélien. Nous ne pouvons plus continuer à gérer les dossiers importants par procuration. Vous savez, dans les grandes cérémonies internationales, on réserve les premiers rangs aux chefs d’Etat. Par exemple, durant les funérailles du président Mandela, le représentant de l’Algérie a été recalé au 4e ou 5e rang. C’est inadmissible que le président de l’Algérie rate un événement pareil. Pour la médiation, franchement, je ne crois pas que l’Algérie réussira cette médiation avec un Président totalement absent de la scène.
Une source sécuritaire citée par le journal Le Monde affirme que les groupes terroristes au Sahel planifient une opération terroriste de taille similaire à celle commise à In Amenas en janvier 2013. A quel point cette information est-elle crédible ?
Les groupes terroristes n’ont jamais cessé de planifier des attentats en Algérie ou contre les intérêts de l’Algérie à l’étranger. Ils ne rateront jamais une occasion pour porter atteinte à l’Algérie, d’autant plus que ces groupes disposent toujours de capacités importantes de nuisance. Des capacités qui se sont renforcées grâce au désordre qui règne en Libye. Maintenant, si un autre attentat de type Tiguentourine est envisageable en Algérie, ma réponse est toute simple : la vigilance de l’Armée nationale populaire et des autres corps de sécurité réduit à néant une telle éventualité. Aussi, il faut dire que l’attaque de Tiguentourine n’a pas atteint ses objectifs. Les terroristes n’ont jamais cru que l’armée interviendrait pour les éliminer tous. Je ne pense pas qu’ils tenteront une autre opération de ce type.
REPORTERS.DZ
Écrit par Younès Saadi
Reporters : Le roi du Maroc effectuera une visite de travail au Mali. Quelle lecture donner à cette visite qui intervient dans un contexte marqué par un rapprochement Alger-Bamako ?
Ahmed Adimi : Il ne faut pas condamner le Maroc, qui essaye de se faire une place en Afrique et plus particulièrement au Sahel. C’est une démarche logique et justifiée d’un pays qui sait défendre ses intérêts. La diplomatie marocaine fait le travail que toute autre diplomatie aurait fait dans des circonstances pareilles. Maintenant, pour votre question, il faut d’abord signaler que la visite du roi marocain au Mali vient s’ajouter à une série de mesures prises par le royaume pour s’implanter davantage dans le continent africain. Le Maroc a construit au Sahel des écoles, des mosquées, des universités, des hôpitaux. Il a également ouvert des lignes aériennes avec l’ensemble des pays africains. Toute cette offensive, précisons-le, vise à affaiblir l’Algérie et à la rendre isolée dans son propre fief. Le Maroc est en guerre contre l’Algérie. Il veut la cerner en vue de lui imposer ses visions. Malheureusement, nous ripostons mal à cette offensive. Pourtant, nous disposons de moyens humains et financiers que les Marocains n’ont pas.
Pourquoi l’Algérie riposte mal à l’offensive marocaine qui vise portant à l’affaiblir ?
Ecoutez, durant les années 1970, rien ne bougeait en Afrique sans l’aval de l’Algérie, y compris les coups d’Etat militaires. Cette position importante qu’on avait dans le passé n’est plus. L’Algérie actuellement ressemble à un géant inconscient de sa taille et de ce qu’il peut faire sur la scène régionale et internationale. Pendant la décennie noire, les choses pourraient être expliquées, mais à partir de 1999, le rôle secondaire que joue l’Algérie en Afrique n’a plus de justification. Si notre diplomatie était à la hauteur, les pays de la région, je parle de la Libye et du Mali, n’auraient jamais connu des interventions militaires étrangères sur leur sol. La raison de cette situation, c’est que nos responsables, à commencer par le président de la République, n’ont pas donné assez d’importance à cette région du Sahel. Pourtant, son destin est lié directement au nôtre.
Le Mali a demandé officiellement la médiation algérienne pour régler le conflit qui le ravage. Peut-on qualifier cette demande de retour de l’Algérie sur le devant de la scène régionale ?
Certes, depuis la désignation de Ramtane Lamamra à la tête de la diplomatie algérienne, les choses commencent à changer. Cette personne connaît bien le dossier africain, il a acquis une grande expérience au sein de l’Union africaine. Toutefois, les efforts d’une seule personne ou département ne suffisent pas, il faut l’implication de toutes les institutions et les moyens de l’Etat pour pouvoir faire sortir l’Algérie de son isolement régional. Insuffisant, car le chef de l’Etat doit se mêler personnellement de ce dossier sahélien. Nous ne pouvons plus continuer à gérer les dossiers importants par procuration. Vous savez, dans les grandes cérémonies internationales, on réserve les premiers rangs aux chefs d’Etat. Par exemple, durant les funérailles du président Mandela, le représentant de l’Algérie a été recalé au 4e ou 5e rang. C’est inadmissible que le président de l’Algérie rate un événement pareil. Pour la médiation, franchement, je ne crois pas que l’Algérie réussira cette médiation avec un Président totalement absent de la scène.
Une source sécuritaire citée par le journal Le Monde affirme que les groupes terroristes au Sahel planifient une opération terroriste de taille similaire à celle commise à In Amenas en janvier 2013. A quel point cette information est-elle crédible ?
Les groupes terroristes n’ont jamais cessé de planifier des attentats en Algérie ou contre les intérêts de l’Algérie à l’étranger. Ils ne rateront jamais une occasion pour porter atteinte à l’Algérie, d’autant plus que ces groupes disposent toujours de capacités importantes de nuisance. Des capacités qui se sont renforcées grâce au désordre qui règne en Libye. Maintenant, si un autre attentat de type Tiguentourine est envisageable en Algérie, ma réponse est toute simple : la vigilance de l’Armée nationale populaire et des autres corps de sécurité réduit à néant une telle éventualité. Aussi, il faut dire que l’attaque de Tiguentourine n’a pas atteint ses objectifs. Les terroristes n’ont jamais cru que l’armée interviendrait pour les éliminer tous. Je ne pense pas qu’ils tenteront une autre opération de ce type.
REPORTERS.DZ
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