Aujourd’hui, les relations entre le mouvement de Cheikh Yassine et le PJD sont difficiles. Après ses déclarations hostiles à la monarchie marocaine, la fille du Cheikh a été la cible d’attaques en règle de la part des dirigeants du parti islamiste. Résultat, les deux courants se sont “déchirés” un peu plus … Ce fait nouveau poussera-t-il les responsables de Justice et Bienfaisance à adopter, lors du prochain scrutin, une position électorale franchement anti-PJD ? Nadia Yassine est catégorique : «Pas du tout, car les enjeux de la Jamaâ sont ailleurs. L’élément nouveau pour moi est le sondage de l’IRI. C’est un sondage-suggestion qui permet d’évaluer le poids électoral de la référence islamique au Maroc. Quant aux responsables du PJD, ils savent très bien que pour nous, les élections ne constituent même pas un enjeu. Ils savent que même s’ils ‘’gagnent’’ les élections, ils n’auront pas les moyens de gouverner et vont se décrédibiliser davantage. La participation à ces élections est la meilleure façon de salir la référence islamique». Le contentieux entre Al Adl et le PJD s’est encore aggravé après la décision de l’Etat de poursuivre la fille du cheikh de la Jamâa pour ses déclarations sur sa préférence pour le modèle républicain. «J’ai appris au sein de la Jamâa qu’il ne faut jamais céder à la réactivité. Pas d’action-réaction. Pour eux, mon procès était une aubaine pour se démarquer davantage de nous et se rapprocher un peu plus du régime, pour le rassurer…», asséne-t-elle. En réalité, l’attitude à prendre à l’égard des élections est aussi un casse-tête pour les dirigeants d’Al Adl. Il pose la question de l’efficacité de leur stratégie politique. Et si le PJD, malgré tout, bénéficiait de sa nouvelle visibilité pour séduire une frange encore plus grande d’électeurs attirés par les thèses islamistes. Une frange vis-à-vis de laquelle les deux mouvements sont en concurrence frontale. Souligner ses différences avec le PJD en appelant à ne pas voter pour lui est une façon de sortir d’un flou qui profiterait davantage à l’autre partie. Le dernier sondage de l’IRI, créditant le parti de Othmani de 45 %, a renforcé la méfiance de la monarchie marocaine vis-à-vis de l’islamisme, qu’il soit «participationniste» ou officieux. Car même si le sondage américain ne met pas en avant, de manière expresse, le poids électoral de Justice et Bienfaisance, la référence islamique paraît aujourd’hui déterminante dans les choix de l’électeur marocain, qu’il soit proche du PJD ou de Cheikh Yassine, voire ni de l’un ni de l’autre…
Omar Brouksy
Source: Lejournalhebdo du 12/ 10/ 2006
Omar Brouksy
Source: Lejournalhebdo du 12/ 10/ 2006
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