
Reuters/Reuters - Lors du passage de témoin entre Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls mardi à Matignon. Les grandes manoeuvres ont commencé pour la composition du gouvernement de Manuel Valls, équipe resserrée …plus
par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - Les grandes manoeuvres ont commencé pour la composition du gouvernement de Manuel Valls, équipe resserrée d'une quinzaine de ministres où des proches du président, comme du nouveau Premier ministre, seront placés aux postes-clés.
Mais l'ancien ministre de l'Intérieur a été confronté à une crise avec les alliés écologistes de la majorité avant même le passage de témoin avec Jean-Marc Ayrault qui a eu lieu ce mardi à 15h00, les Verts étant divisés sur leur participation au gouvernement.
Si le sort de certains ministères importants, comme les Affaires étrangères, où Laurent Fabius devrait rester, semble réglé, d'autres, comme l'Economie et la Justice, faisaient l'objet d'intenses discussions mardi matin.
Manuel Valls a poursuivi mardi ses consultations entamées la veille pour former l'"équipe resserrée, cohérente et soudée" annoncée par François Hollande lundi soir et dont la composition pourrait être annoncée mercredi sur le perron de l'Elysée.
Elle devrait compter une quinzaine de ministères, dont certains organisés en pôles pour des raisons d'efficacité, complétés par des secrétariats d'Etat.
LE DRIAN DONNÉ À L'INTÉRIEUR
Les députés écologistes reçus mardi matin par Manuel Valls ont fait état de "discussions intéressantes", relançant les spéculations sur une possible participation après le refus anticipé, pour cause de désaccords politiques, des deux ministres écologistes démissionnaires Cécile Duflot (Logement) et Pascal Canfin (Développement).
Parmi les hypothèses avancées mardi, on évoquait de sources gouvernementales l'entrée au gouvernement de Ségolène Royal, ancienne ministre et mère des quatre enfants du président, à la tête d'un ministère de la Transition écologique.
Mais ce ministère aurait été proposé aux écologistes par Manuel Valls mardi matin, selon des sources.
Un proche du président, Jean-Yves Le Drian, est pressenti à l'Intérieur. Il pourrait être remplacé à la Défense par un nouveau venu, le maire de Dijon François Rebsamen.
D'autres "hollandais historiques" comme Stéphane Le Foll et Michel Sapin, anciennement à l'Agriculture et au Travail, pourraient avoir des postes importants.
Une façon pour le président d'équilibrer une équipe désormais dirigée par un homme au style et aux ambitions bien différentes de celles du loyal Jean-Marc Ayrault, que le chef de l'Etat a, selon des proches, beaucoup hésité à congédier.
La composition du ministère de l'Economie, beaucoup critiqué sous l'ère Ayrault, sera l'une des clés de la réussite de Manuel Valls, contraint de résoudre une difficile équation mêlant réduction des déficits publics sur fond d'injonctions bruxelloises, économies drastiques et réforme de l'Etat.
Le tout dans un souci de "justice sociale" demandé par le président, qui a promis des baisses d'impôts et de cotisation.
Dans ce contexte, Benoît Hamon, tenant de l'aile gauche du Parti socialiste, pourrait être promu et obtenir le ministère de l'Education nationale aux dépens de Vincent Peillon.
REMOUS AU PS
Les fonctionnaires de Bercy disent n'avoir "aucune idée" du sort réservé à leur ancien patron, Pierre Moscovici, ou de celui de Bernard Cazeneuve, anciennement au Budget, que certaines rumeurs annoncent au secrétariat général de l'Elysée.
Le secteur du Commerce extérieur pourrait rejoindre au Quai d'Orsay, toujours dirigé par Laurent Fabius, soucieux de développer la "diplomatie économique".
Arnaud Montebourg, pressenti à la tête d'un pôle Industrie aux compétences élargies, a dit mardi sur France Inter tout le bien qu'il pensait du nouveau Premier ministre, qu'il avait affronté à la primaire socialiste en 2011.
"Manuel Valls a le sens de la décision, il sait mener une équipe, c'est un homme qui a à la fois l'audace, l'intelligence et l'ambition. Donc nous pouvons réussir ce gouvernement de combat, donc en effet je soutiens Manuel Valls", a-t-il dit.
D'autres ténors socialistes ont été moins diplomates à l'égard du nouveau chef du gouvernement, à l'image du député Henri Emmanuelli, qui a déploré un "coup de barre à droite".
"J'ai prévenu le chef de l'Etat que mon vote pour la confiance n'était pas acquis", a-t-il dit à propos du vote à l'Assemblée sur le pacte de responsabilité, auquel François Hollande vient d'assortir d'un pacte de solidarité fondé sur l'emploi, la jeunesse et le pouvoir d'achat.
Des critiques contre Manuel Valls devraient encore se faire entendre au Bureau national du PS prévu mardi soir.
"Mais cela devrait se calmer. Ils vont laisser Valls s'installer et attendre son discours de politique générale pour se faire un avis", tempère une source au PS.
Manuel Valls a fait partie des ténors ayant poussé à la nomination d'Harlem Désir au poste de Premier secrétaire, qui lui a apporté son appui dès lundi soir.
Le nouveau Premier ministre pourrait être tenté de placer certains de ses fidèles au gouvernement, comme les députés Jean-Jacques Urvoas et Jean-Marie Le Guen.
La communication, souvent cacophonique sous l'ère Ayrault, devrait être revue, ce qui pourrait valoir à Najat Vallaud-Belkacem la perte de son poste de porte-parole du gouvernement.
(avec Service France, édité par Yves Clarisse)
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