Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, arrive à Alger pour une visite de deux jours, avant de poursuivre sa tournée maghrébine à Rabat. L'occasion pour Washington de constater le manque de réformes en Algérie, souligne le webzine.

C'était durant les révolutions arabes, au tout début de l'année 2011, le président américain, Barack Obama, dépêchait à Alger et Rabat John Brennan, son conseiller pour la sécurité intérieure, pour prendre le pouls de la situation qui prévalait dans les deux pays et inciter les dirigeants à prendre des initiatives dans le sens des réformes politiques.
Cette fois-ci, c'est John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, qui sera à Alger [du 2 au 3 avril] pour prendre conscience des blocages qui existent en Algérie. A intervalles réguliers, ce sont des autorités morales, des ONG internationales ou des institutions internationales qui dénoncent le manque de réformes en Algérie, symbole de blocages structurels. Dimanche 30 mars, c'est Human Rights Watch, une ONG connue pour le sérieux de son travail, qui a rappelé le manque de libertés et dénoncé "les entraves" à l'indépendance des associations, un des marqueurs de la démocratisation des sociétés.
Les grandes réformes promises
Et juste avant, le 27 mars, c'était l'Union européenne, qui, dans un document diplomatique, rappelait le manque de réformes politiques avant même de souligner l'absence de changements économiques. L'UE avait déjà décidé de ne pas superviser la présidentielle d'avril prochain. Les grandes réformes promises par le président Bouteflika dans son discours du 15 avril 2011 [dans un contexte de manifestations en Algérie et de révolte dans le monde arabe] se sont transformées en textes limitant fortement l'exercice démocratique. Les lois sur les associations et l'audiovisuel en sont un exemple. Le projet de révision de la Constitution est resté au stade de promesse, officiellement à cause de la maladie du président [en septembre 2011, Bouteflika est hospitalisé à Paris pour un "suivi médical" ; en avril 2013 il est à nouveau soigné en France à la suite d'un AVC qui le laisse profondément affaibli]. En 2012, les élections législatives ont été marquées par des irrégularités, ce qui a permis de conserver la même majorité au pouvoir.
Seul point positif : les changements dans les structures du DRS [services de renseignements] effectués à l'automne dernier. Mais, là encore, ces changements n'ont pas produit les effets promis sur les libertés. Actuellement, de nombreux journalistes étrangers sont, par exemple, dans l'attente d'un visa. Et la justice n'a pas gagné en indépendance même si les officiers du DRS sont moins présents dans les enquêtes. En 2014, la situation politique en Algérie est aussi mauvaise qu'avant le "printemps arabe". Avec deux nouveautés : un sommet de l'Etat divisé et un président grabataire qui se présente pour un quatrième mandat sans faire de campagne électorale.
Lancer de grands projets
En 2011, durant la période où John Brennan se rendait à Alger, l'Algérie connaissait des émeutes et le Maroc était également secoué par un mouvement de protestation [du 20 février] qui faisait vaciller le trône alaouite. Mais les réponses ont été diamétralement opposées dans les deux pays. Sentant qu'il y avait là un péril mortel, Mohammed VI prononçait, à cette époque, un discours plein de promesses démocratiques avec à la clé une nouvelle Constitution [adoptée par voie référendaire en juillet 2011] qui devait changer la face du Maroc.
En réalité, cette Constitution fourre-tout aura surtout permis, lors des élections législatives qui ont suivi [en novembre 2011], de voir l'accession à la tête du gouvernement des islamistes du PJD. Une révolution douce au Maroc sous le contrôle permanent de la monarchie et des conseillers du monarque marocain. Depuis, Mohammed VI continue ses visites du royaume pour lancer de grands projets, poser des premières pierres ou inaugurer des réalisations. C'est une manière pour lui d'incarner habilement une permanence de changement et de modernité. Sur ce point, le Maroc apparaît bien meilleur élève que l'Algérie.
courrierinternational.com

C'était durant les révolutions arabes, au tout début de l'année 2011, le président américain, Barack Obama, dépêchait à Alger et Rabat John Brennan, son conseiller pour la sécurité intérieure, pour prendre le pouls de la situation qui prévalait dans les deux pays et inciter les dirigeants à prendre des initiatives dans le sens des réformes politiques.
Cette fois-ci, c'est John Kerry, le secrétaire d'Etat américain, qui sera à Alger [du 2 au 3 avril] pour prendre conscience des blocages qui existent en Algérie. A intervalles réguliers, ce sont des autorités morales, des ONG internationales ou des institutions internationales qui dénoncent le manque de réformes en Algérie, symbole de blocages structurels. Dimanche 30 mars, c'est Human Rights Watch, une ONG connue pour le sérieux de son travail, qui a rappelé le manque de libertés et dénoncé "les entraves" à l'indépendance des associations, un des marqueurs de la démocratisation des sociétés.
Les grandes réformes promises
Et juste avant, le 27 mars, c'était l'Union européenne, qui, dans un document diplomatique, rappelait le manque de réformes politiques avant même de souligner l'absence de changements économiques. L'UE avait déjà décidé de ne pas superviser la présidentielle d'avril prochain. Les grandes réformes promises par le président Bouteflika dans son discours du 15 avril 2011 [dans un contexte de manifestations en Algérie et de révolte dans le monde arabe] se sont transformées en textes limitant fortement l'exercice démocratique. Les lois sur les associations et l'audiovisuel en sont un exemple. Le projet de révision de la Constitution est resté au stade de promesse, officiellement à cause de la maladie du président [en septembre 2011, Bouteflika est hospitalisé à Paris pour un "suivi médical" ; en avril 2013 il est à nouveau soigné en France à la suite d'un AVC qui le laisse profondément affaibli]. En 2012, les élections législatives ont été marquées par des irrégularités, ce qui a permis de conserver la même majorité au pouvoir.
Seul point positif : les changements dans les structures du DRS [services de renseignements] effectués à l'automne dernier. Mais, là encore, ces changements n'ont pas produit les effets promis sur les libertés. Actuellement, de nombreux journalistes étrangers sont, par exemple, dans l'attente d'un visa. Et la justice n'a pas gagné en indépendance même si les officiers du DRS sont moins présents dans les enquêtes. En 2014, la situation politique en Algérie est aussi mauvaise qu'avant le "printemps arabe". Avec deux nouveautés : un sommet de l'Etat divisé et un président grabataire qui se présente pour un quatrième mandat sans faire de campagne électorale.
Lancer de grands projets
En 2011, durant la période où John Brennan se rendait à Alger, l'Algérie connaissait des émeutes et le Maroc était également secoué par un mouvement de protestation [du 20 février] qui faisait vaciller le trône alaouite. Mais les réponses ont été diamétralement opposées dans les deux pays. Sentant qu'il y avait là un péril mortel, Mohammed VI prononçait, à cette époque, un discours plein de promesses démocratiques avec à la clé une nouvelle Constitution [adoptée par voie référendaire en juillet 2011] qui devait changer la face du Maroc.
En réalité, cette Constitution fourre-tout aura surtout permis, lors des élections législatives qui ont suivi [en novembre 2011], de voir l'accession à la tête du gouvernement des islamistes du PJD. Une révolution douce au Maroc sous le contrôle permanent de la monarchie et des conseillers du monarque marocain. Depuis, Mohammed VI continue ses visites du royaume pour lancer de grands projets, poser des premières pierres ou inaugurer des réalisations. C'est une manière pour lui d'incarner habilement une permanence de changement et de modernité. Sur ce point, le Maroc apparaît bien meilleur élève que l'Algérie.
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