Le crime de Nadia Yacine, c'est de demander la République et de le faire en termes crus, à l'intérieur comme à l'extérieur du Royaume. Déjà, dans le quotidien français Le Figaro, elle s'était clairement exprimée, il y a quelque temps, pour l'instauration de la République. Aujourd'hui, elle remet ça mais au Maroc. Il se trouve qu'au royaume chérifien, la loi interdit la remise en cause de la forme monarchique du pouvoir, et qui s'y risque commet donc une infraction et encourt une condamnation.
C'est en cela que beaucoup de partis politiques et de représentants de la société civile estiment que la bouillonnante " héritière " en a trop fait en s'attaquant aussi frontalement à la loi. Pour Nadia Yacine, par contre, on ne saurait y voir un péché capital. Elle estime n'avoir fait qu'user d'une liberté fondamentale, attachée à l'être humain et consacrée comme telle par la Déclaration universelle des droits de l'homme. Elle est prête à faire face au procès qui est commandé pour juger les faits qui sont mis à sa charge.
Mais pour être interdit par la loi, ce que Nadia Yacine a dit, n'en nourrit pas moins une polémique à l'intérieur du Maroc comme à l'extérieur : peut-on, au XXème siècle, face à l'internationalisation accélérée des relations entre individus et entre nations, et surtout à un moment où on parle d'insertion du Maroc dans le courant démocratique mondial, prioriser sans nuances la norme juridique par rapport à l'exigence politique ? Difficile. La Monarchie en est consciente qui fait tout pour que les droits de la défense soient respectés et pour civiliser au mieux cette affaire en l'entourant particulièrement d'une communication transparente.
Ce qui gêne, dans ce dossier, c'est que l'on ait affaire à une femme qui se bat sur le terrain de la liberté, de la démocratie mais qui dans le même temps, lutte à travers un mouvement conservateur, avec des alliés comme l'Association d'Abdessalam Yassine qui se bat pour l'instauration de la Charia. Il ne faudrait pas aller de Charybde en Sylla, quitter une monarchie glissant heureusement vers une monarchie de velours pour tomber dans une théocratie à l'iranienne.
Mais quelles que soient les interrogations, Nadia Yacine ne laisse pas indifférent ; c'est une battante au sens entier du terme, qui a su se construire un prénom et qui sait porter la parole et la plume, là où ça fait le plus mal. Lorsqu'elle critique le régime pour absence de libertés, de démocratie, pour censure dans les médias, malgré l'affection que le peuple marocain voue dans son immense majorité à son monarque, cela fait mouche. Lorsqu'elle parle de libertés, de République, dans un contexte mondial dominé par un plus grand partage de ces valeurs, on ne comprend pas forcément que pour cela, on puisse la punir, voire même l'embastiller. Mais dans le même temps, elle gêne parce qu'elle traîne comme des casseroles, des valeurs rétrogrades qui ne sont pas en harmonie avec celles qu'incarnent justement la république et la démocratie.
Donald Tondé
Sann Finna (Hebdomadaire) Burkina Faso
C'est en cela que beaucoup de partis politiques et de représentants de la société civile estiment que la bouillonnante " héritière " en a trop fait en s'attaquant aussi frontalement à la loi. Pour Nadia Yacine, par contre, on ne saurait y voir un péché capital. Elle estime n'avoir fait qu'user d'une liberté fondamentale, attachée à l'être humain et consacrée comme telle par la Déclaration universelle des droits de l'homme. Elle est prête à faire face au procès qui est commandé pour juger les faits qui sont mis à sa charge.
Mais pour être interdit par la loi, ce que Nadia Yacine a dit, n'en nourrit pas moins une polémique à l'intérieur du Maroc comme à l'extérieur : peut-on, au XXème siècle, face à l'internationalisation accélérée des relations entre individus et entre nations, et surtout à un moment où on parle d'insertion du Maroc dans le courant démocratique mondial, prioriser sans nuances la norme juridique par rapport à l'exigence politique ? Difficile. La Monarchie en est consciente qui fait tout pour que les droits de la défense soient respectés et pour civiliser au mieux cette affaire en l'entourant particulièrement d'une communication transparente.
Ce qui gêne, dans ce dossier, c'est que l'on ait affaire à une femme qui se bat sur le terrain de la liberté, de la démocratie mais qui dans le même temps, lutte à travers un mouvement conservateur, avec des alliés comme l'Association d'Abdessalam Yassine qui se bat pour l'instauration de la Charia. Il ne faudrait pas aller de Charybde en Sylla, quitter une monarchie glissant heureusement vers une monarchie de velours pour tomber dans une théocratie à l'iranienne.
Mais quelles que soient les interrogations, Nadia Yacine ne laisse pas indifférent ; c'est une battante au sens entier du terme, qui a su se construire un prénom et qui sait porter la parole et la plume, là où ça fait le plus mal. Lorsqu'elle critique le régime pour absence de libertés, de démocratie, pour censure dans les médias, malgré l'affection que le peuple marocain voue dans son immense majorité à son monarque, cela fait mouche. Lorsqu'elle parle de libertés, de République, dans un contexte mondial dominé par un plus grand partage de ces valeurs, on ne comprend pas forcément que pour cela, on puisse la punir, voire même l'embastiller. Mais dans le même temps, elle gêne parce qu'elle traîne comme des casseroles, des valeurs rétrogrades qui ne sont pas en harmonie avec celles qu'incarnent justement la république et la démocratie.
Donald Tondé
Sann Finna (Hebdomadaire) Burkina Faso
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