Les musulmans peuvent-ils être sensibles aux gestes et au discours du pape François à Istanbul?
Les images que nous avons vues sont très belles, elles symbolisent une grandeur d'âme et une volonté politique. Dans la foulée de ses prédécesseurs, il a voulu transcender les contraires en visionnaire et non pas en comptable d'une actualité tragique dans cette région. C'était important qu'il se montre ainsi en Turquie, le seul État musulman héritier historique du vrai califat tout en restant structurellement démocratique.
Le pape montre son respect pour les musulmans, pourquoi est-il difficile de voir l'inverse?
D'abord parce que l'islam n'a pas de clergé ni de hiérarchie unique, il ne se centre pas autour d'une seule et même personne qui a autorité. Mais aussi parce que, d'un point de vue collectif, cette religion ne semble pas s'intéresser au progrès, à une conquête résolue de l'avenir sans atermoiements. Moi-même, lorsque je vais débattre dans des églises chrétiennes avec une grande croix du Christ derrière moi, je n'ai pas peur. Les musulmans, d'une façon générale, ont peur du dialogue. Pour eux, le monde chrétien est encore très inconnu. Et pourtant, ce dialogue est nécessaire et il doit s'approfondir.
Il existe pourtant de grandes voix respectées de l'islam dans le monde, qu'attendez-vous d'elles?
La question est celle de la légitimité. L'islam est divisé entre courants qui dépassent de loin la fracture entre chiites et sunnites, et entre pays aussi différents que l'Arabie saoudite, qui abrite La Mecque, l'Égypte de la mosquée Al-Azhar, référence théologique, et de l'Indonésie, pays musulman le plus peuplé. J'ai souhaité que se réunissent un jour les dix plus grandes voix de l'islam pour former un collège de référence et énoncer ensemble la bonne parole, celle que j'appelle l'islam des Lumières. Mon rêve serait de les voir se réunir avec les leaders de la chrétienté et du judaïsme pour un concile de la paix entre les trois grandes religions monothéistes.
En attendant, pensez-vous que le pape peut convaincre les musulmans de sa volonté de dialoguer?
François est respecté parmi les musulmans modérés. N'étant pas capables de le juger sur le plan théologique, nous voyons tous qu'il est bon, qu'il suscite de la ferveur, qu'il répond à des attentes, qu'il redonne de l'espoir à beaucoup. Est-ce qu'il va trop vite? Personnellement, je le pense mais ses gestes d'ouverture et de tolérance sont les conditions mêmes du dialogue.
le JDD
Les images que nous avons vues sont très belles, elles symbolisent une grandeur d'âme et une volonté politique. Dans la foulée de ses prédécesseurs, il a voulu transcender les contraires en visionnaire et non pas en comptable d'une actualité tragique dans cette région. C'était important qu'il se montre ainsi en Turquie, le seul État musulman héritier historique du vrai califat tout en restant structurellement démocratique.
Le pape montre son respect pour les musulmans, pourquoi est-il difficile de voir l'inverse?
D'abord parce que l'islam n'a pas de clergé ni de hiérarchie unique, il ne se centre pas autour d'une seule et même personne qui a autorité. Mais aussi parce que, d'un point de vue collectif, cette religion ne semble pas s'intéresser au progrès, à une conquête résolue de l'avenir sans atermoiements. Moi-même, lorsque je vais débattre dans des églises chrétiennes avec une grande croix du Christ derrière moi, je n'ai pas peur. Les musulmans, d'une façon générale, ont peur du dialogue. Pour eux, le monde chrétien est encore très inconnu. Et pourtant, ce dialogue est nécessaire et il doit s'approfondir.
Il existe pourtant de grandes voix respectées de l'islam dans le monde, qu'attendez-vous d'elles?
La question est celle de la légitimité. L'islam est divisé entre courants qui dépassent de loin la fracture entre chiites et sunnites, et entre pays aussi différents que l'Arabie saoudite, qui abrite La Mecque, l'Égypte de la mosquée Al-Azhar, référence théologique, et de l'Indonésie, pays musulman le plus peuplé. J'ai souhaité que se réunissent un jour les dix plus grandes voix de l'islam pour former un collège de référence et énoncer ensemble la bonne parole, celle que j'appelle l'islam des Lumières. Mon rêve serait de les voir se réunir avec les leaders de la chrétienté et du judaïsme pour un concile de la paix entre les trois grandes religions monothéistes.
En attendant, pensez-vous que le pape peut convaincre les musulmans de sa volonté de dialoguer?
François est respecté parmi les musulmans modérés. N'étant pas capables de le juger sur le plan théologique, nous voyons tous qu'il est bon, qu'il suscite de la ferveur, qu'il répond à des attentes, qu'il redonne de l'espoir à beaucoup. Est-ce qu'il va trop vite? Personnellement, je le pense mais ses gestes d'ouverture et de tolérance sont les conditions mêmes du dialogue.
le JDD
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