Cinq Marocains ont été arrêtés à Marrakech pour ne pas avoir respecté le jeûne du Ramadan. Leur délit ? Avoir consommé du jus de fruits en public. Pour cela, ils risquent entre un et six mois de prison. C’est inacceptable.
En voyage, le Ramadan peut être rompu
L’article 222 du Code pénal marocain sanctionne effectivement le non-respect du jeûne pendant le Ramadan : il prévoit que "tout individu notoirement connu pour son appartenance à l’islam qui rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le ramadan est passible de un à six mois d’emprisonnement et d’une amende".
Cependant, la Charia précise que pendant le Ramadan, ceux qui sont en déplacement ont le droit de se nourrir. Il s’avère que les cinq Marocains voyageaient de Rabat à Marrakech au moment où ils ont été arrêtés. Il n’y a donc pas eu d’erreur de leur part.
Quand bien même il y aurait eu une erreur, chaque être humain réagit différent face au jeûne et chacun a ses propres limites. Il ne faut pas oublier qu’il faisait 48°C à Marrakech ce jour-là.
De plus, les libertés d’expression et de religion doivent être respectées. Si la période du Ramadan est un mois sacré pour certains, il s'agit d'une période ordinaire pour d’autres. L’arrestation de ces jeunes n’est donc pas normale.
Le monde arabe devient de plus en plus pratiquant
Quand, avec les autres membres de l'Association Marocaine des Droits Humains, nous avons appris l’arrestation de ces jeunes, nous avons immédiatement contacté les autorités, sans succès. Nous avons ensuite rédigé un communiqué pour demander leur libération, avant de nommer un avocat pour les défendre. Nous saurons bientôt s’ils vont être libérés.
Une chose est sûre : cette affaire est la preuve que des changements sont nécessaires au Maroc. Malheureusement, plus le temps passe, plus on retourne en arrière. Il y a une vingtaine d’années, faire le Ramadan n’était pas si fréquent. Aujourd’hui, c’est devenu courant. Et si on ne jeûne pas, on se cache : c’est devenu un sujet tabou.
À mon sens, si le monde arabe devient de plus en plus pratiquant, c’est parce qu’il y a une montée de l’islamisme radical, qui entraîne un recul du mouvement libéral. Chacun se réfugie derrière son identité. De ce fait, les libertés individuelles sont en danger.
L'article 222 du Code pénal doit être supprimé
Pour lutter contre ce phénomène, nous avons essayé de mobiliser les Marocains, mais cela s’est révélé difficile. La plupart d’entre eux ne s’intéressent pas à ces sujets, simplement parce qu’ils n’y ont pas été habitués.
Pour changer les choses, il faudrait commencer par prendre exemple sur la Tunisie, qui est plus en avance que le Maroc. Chez nous, pendant le Ramadan, le pays prend un visage différent après 22h,. C’est un autre monde.
Il est également indispensable que les associations se mobilisent et que les politiques s’engagent davantage. Le Maroc doit assumer ses responsabilités et respecter ses engagements internationaux, en affirmant qu’il est pour la liberté d’expression et de religion.
Enfin, il est nécessaire de changer les lois, en supprimant l‘article 222 du Code pénal marocain, afin d’assurer la laïcité de l’État.
Propos recueillis par Anaïs Chabalier.
Le NouvelObs
En voyage, le Ramadan peut être rompu
L’article 222 du Code pénal marocain sanctionne effectivement le non-respect du jeûne pendant le Ramadan : il prévoit que "tout individu notoirement connu pour son appartenance à l’islam qui rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le ramadan est passible de un à six mois d’emprisonnement et d’une amende".
Cependant, la Charia précise que pendant le Ramadan, ceux qui sont en déplacement ont le droit de se nourrir. Il s’avère que les cinq Marocains voyageaient de Rabat à Marrakech au moment où ils ont été arrêtés. Il n’y a donc pas eu d’erreur de leur part.
Quand bien même il y aurait eu une erreur, chaque être humain réagit différent face au jeûne et chacun a ses propres limites. Il ne faut pas oublier qu’il faisait 48°C à Marrakech ce jour-là.
De plus, les libertés d’expression et de religion doivent être respectées. Si la période du Ramadan est un mois sacré pour certains, il s'agit d'une période ordinaire pour d’autres. L’arrestation de ces jeunes n’est donc pas normale.
Le monde arabe devient de plus en plus pratiquant
Quand, avec les autres membres de l'Association Marocaine des Droits Humains, nous avons appris l’arrestation de ces jeunes, nous avons immédiatement contacté les autorités, sans succès. Nous avons ensuite rédigé un communiqué pour demander leur libération, avant de nommer un avocat pour les défendre. Nous saurons bientôt s’ils vont être libérés.
Une chose est sûre : cette affaire est la preuve que des changements sont nécessaires au Maroc. Malheureusement, plus le temps passe, plus on retourne en arrière. Il y a une vingtaine d’années, faire le Ramadan n’était pas si fréquent. Aujourd’hui, c’est devenu courant. Et si on ne jeûne pas, on se cache : c’est devenu un sujet tabou.
À mon sens, si le monde arabe devient de plus en plus pratiquant, c’est parce qu’il y a une montée de l’islamisme radical, qui entraîne un recul du mouvement libéral. Chacun se réfugie derrière son identité. De ce fait, les libertés individuelles sont en danger.
L'article 222 du Code pénal doit être supprimé
Pour lutter contre ce phénomène, nous avons essayé de mobiliser les Marocains, mais cela s’est révélé difficile. La plupart d’entre eux ne s’intéressent pas à ces sujets, simplement parce qu’ils n’y ont pas été habitués.
Pour changer les choses, il faudrait commencer par prendre exemple sur la Tunisie, qui est plus en avance que le Maroc. Chez nous, pendant le Ramadan, le pays prend un visage différent après 22h,. C’est un autre monde.
Il est également indispensable que les associations se mobilisent et que les politiques s’engagent davantage. Le Maroc doit assumer ses responsabilités et respecter ses engagements internationaux, en affirmant qu’il est pour la liberté d’expression et de religion.
Enfin, il est nécessaire de changer les lois, en supprimant l‘article 222 du Code pénal marocain, afin d’assurer la laïcité de l’État.
Propos recueillis par Anaïs Chabalier.
Le NouvelObs
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