En Turquie, une vidéo suscite beaucoup d’émotion et de réactions sur le web et les réseaux sociaux depuis le week-end dernier : elle montre la dépouille d’un homme, Haci Lokman Birlik, traînée derrière un véhicule de police, dans le sud-est de la Turquie, où est menée depuis plus de deux mois une campagne anti-terroriste extrêmement violente.
De notre correspondant à Istanbul,
Les provinces du Kurdistan turc sont sous couvre-feu, comme Sirnak où est mort Haci Lokman Birlik dans la nuit de samedi à dimanche. De nombreuses villes sont ainsi coupées du monde, sous blocus policier et militaire pour le bon déroulement de ce que le gouvernement appelle le « nettoyage » anti-terroriste. Dans ces villes, durant plusieurs jours, il n’y a plus d’électricité, plus d’eau, plus de téléphone, plus personne n’a le droit de mettre le pied dans la rue. Aucun journaliste, aucune ambulance même n’a le droit d’entrer ; autrement dit, on ne sait pas exactement ce qui s’y passe. Mais ce que l’on sait, c’est que la répression est particulièrement brutale. Ainsi à Sirnak où est mort Haci Lokman Birlik, 43 civils ont été tués depuis le début des opérations contre la rébellion, fin juillet…
Une scène filmée par les policiers eux-mêmes
La scène montrant le cadavre de Birlik, attaché et traîné derrière un fourgon de police, avait été précédée d’une photo postée sur Twitter, et commentée ainsi par le président du parti pro-kurde HDP, Selahettin Demirtas : « Regardez bien cette photo et n’oubliez pas ; car nous, nous n’oublierons pas. » Un message repris des dizaines de milliers de fois.
Ces images ont été publiées. Elles montrent un homme tiré derrière un blindé de la police par une corde qui lui passe autour du cou, il a la face contre terre. Les images ont été filmées depuis le blindé de la police par les policiers eux-mêmes qui les ont ensuite postées depuis leurs comptes Twitter ; et on entend d’ailleurs ces policiers qui insultent la famille de la victime, qui était décédée au moment de cette mise en scène.
Les réactions ont déferlé, y compris du côté des autorités. Beaucoup, beaucoup de protestations, d’indignation. Sur les réseaux sociaux, les messages de colère et les appels à la vengeance ne s'apaisent pas. L’opposition a demandé que l’affaire soit débattue au Parlement. Suite à la diffusion de ces images, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a qualifié le traitement réservé au jeune homme d'« inadmissible », « eût-il été un rebelle armé », a-t-il précisé. Car Haci Birlik était un civil, et le Premier ministre a promis une enquête qui n’a pas encore commencé.
Ambiance de guerre civile dans le sud
Il semble que le cas de Birlik ne soit pas isolé, mais illustre l'habitude prise ces derniers temps de la part de membres des forces de sécurité qui publient de nombreux messages contenant ce genre d’images via leurs comptes Twitter ou Facebook.
Au mois d’août déjà, le corps d’une combattante du PKK avait été exhibé, nu, après qu'elle ait été tuée dans un accrochage à Varto. Peu après la mort de Haci Lokman Birlik, un cas similaire a été révélé à Silvan ; la victime s’appelait Vedat Akçanim, il avait 17 ans et sa dépouille a elle aussi été traînée dans les rues derrière un véhicule de police. Et, chaque jour, policiers et militaires publient leur tableau de chasse, agrémenté de messages de haine. De quoi alimenter encore plus l’ambiance de volonté de vengeance et de guerre civile qui règne dans le sud-est du pays.
RFI
De notre correspondant à Istanbul,
Les provinces du Kurdistan turc sont sous couvre-feu, comme Sirnak où est mort Haci Lokman Birlik dans la nuit de samedi à dimanche. De nombreuses villes sont ainsi coupées du monde, sous blocus policier et militaire pour le bon déroulement de ce que le gouvernement appelle le « nettoyage » anti-terroriste. Dans ces villes, durant plusieurs jours, il n’y a plus d’électricité, plus d’eau, plus de téléphone, plus personne n’a le droit de mettre le pied dans la rue. Aucun journaliste, aucune ambulance même n’a le droit d’entrer ; autrement dit, on ne sait pas exactement ce qui s’y passe. Mais ce que l’on sait, c’est que la répression est particulièrement brutale. Ainsi à Sirnak où est mort Haci Lokman Birlik, 43 civils ont été tués depuis le début des opérations contre la rébellion, fin juillet…
Une scène filmée par les policiers eux-mêmes
La scène montrant le cadavre de Birlik, attaché et traîné derrière un fourgon de police, avait été précédée d’une photo postée sur Twitter, et commentée ainsi par le président du parti pro-kurde HDP, Selahettin Demirtas : « Regardez bien cette photo et n’oubliez pas ; car nous, nous n’oublierons pas. » Un message repris des dizaines de milliers de fois.
Ces images ont été publiées. Elles montrent un homme tiré derrière un blindé de la police par une corde qui lui passe autour du cou, il a la face contre terre. Les images ont été filmées depuis le blindé de la police par les policiers eux-mêmes qui les ont ensuite postées depuis leurs comptes Twitter ; et on entend d’ailleurs ces policiers qui insultent la famille de la victime, qui était décédée au moment de cette mise en scène.
Les réactions ont déferlé, y compris du côté des autorités. Beaucoup, beaucoup de protestations, d’indignation. Sur les réseaux sociaux, les messages de colère et les appels à la vengeance ne s'apaisent pas. L’opposition a demandé que l’affaire soit débattue au Parlement. Suite à la diffusion de ces images, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a qualifié le traitement réservé au jeune homme d'« inadmissible », « eût-il été un rebelle armé », a-t-il précisé. Car Haci Birlik était un civil, et le Premier ministre a promis une enquête qui n’a pas encore commencé.
Ambiance de guerre civile dans le sud
Il semble que le cas de Birlik ne soit pas isolé, mais illustre l'habitude prise ces derniers temps de la part de membres des forces de sécurité qui publient de nombreux messages contenant ce genre d’images via leurs comptes Twitter ou Facebook.
Au mois d’août déjà, le corps d’une combattante du PKK avait été exhibé, nu, après qu'elle ait été tuée dans un accrochage à Varto. Peu après la mort de Haci Lokman Birlik, un cas similaire a été révélé à Silvan ; la victime s’appelait Vedat Akçanim, il avait 17 ans et sa dépouille a elle aussi été traînée dans les rues derrière un véhicule de police. Et, chaque jour, policiers et militaires publient leur tableau de chasse, agrémenté de messages de haine. De quoi alimenter encore plus l’ambiance de volonté de vengeance et de guerre civile qui règne dans le sud-est du pays.
RFI
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