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Sommet Poutine-Erdogan : une étape positive dans une relation complexe

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  • Sommet Poutine-Erdogan : une étape positive dans une relation complexe

    e sommet a atteint tout ce qui pouvait en être attendu compte tenu de l’étendue des questions qui séparent la Turquie et la Russie.
    À la suite de la visite de M. Erdogan en Russie, le danger des attentes irréalistes est illustré dans un article de John Helmer doyen des correspondants étrangers en Russie. Dans une longue discussion sur la réunion Poutine-Erdogan, il dépeint un Erdogan manipulateur cherchant à obtenir le maximum de la part d’un Poutine furieux. En particulier, il souligne que le sommet n’a produit aucun accord réel :

    « Le compte rendu officiel des entretiens de la délégation, qui a commencé à 1 heure de l’après-midi pour prendre fin trois heures plus tard, n’a engendré aucune discussion et aucun accord sur une seule priorité politique ou sur la sécurité russe. La conférence de presse présidentielle a révélé, malgré les déclarations de bonnes intentions, que rien d’important, d’aucun des deux côtés, n’a été convenu. Après la clôture de la conférence, le ministère russe des Affaires étrangères n’a rien rapporté de la rencontre entre Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe et son homologue turc, Mevlüt Çavuşoğlu. »

    Avant la réunion, les Russes avaient déjà dit qu’ils n’attendaient aucun accord formel. Je l’ai aussi dit dans un article consacré au sommet – avant qu’il n’ait lieu – sur ce qu’il fallait attendre de ce sommet : « Les Russes ont dit qu’il n’y aurait pas d’accords formels ». Si l’on regarde ce que John Helmer espérait que les Russes pourraient obtenir d’Erdogan lors du sommet, on peut voir pourquoi :

    « La priorité est l’engagement de la Turquie d’arrêter les tentatives de changement de régime en Syrie, dans le Caucase russe, et les États de la CEI (Communauté des États Indépendants), y compris l’Arménie et le Tadjikistan. Cela signifie l’expulsion des combattants tchétchènes de leurs refuges en Turquie et des zones sous contrôle turc ; la fermeture de la frontière turco-syrienne pour ISIS et les autres djihadistes ainsi que la fin de l’appui de la Turquie dans la guerre azérie contre l’Arménie et les opposants islamiques au Tadjikistan, en Ouzbékistan et en Crimée.

    La priorité russe – clé de toutes les guerres que le Kremlin a menées contre les Ottomans pendant plus de deux siècles – est l’engagement de la Turquie de ne pas violer les limites des traités régissant le détroit entre la Mer Noire et la Méditerranée, et de ne pas permettre un déploiement naval permanent des systèmes de missiles de l’OTAN Aegis pointés contre la Russie dans la mer Noire.

    Le corollaire politique est que la Russie et la Turquie ne permettront pas aux États-Unis et à l’OTAN d’établir et d’armer les forces turques sous le drapeau de l’OTAN sur le territoire de Chypre. »

    Sans doute est-ce là une liste précise des souhaits de ce que les Russes aimeraient obtenir de la Turquie dans un monde parfait. Je ne peux cependant pas croire qu’il y ait un seul fonctionnaire russe qui ait sérieusement espéré qu’Erdogan serait d’accord avec cette liste sans contrepartie : un pipeline pour acheminer le gaz en Turquie, un réacteur nucléaire, plus de touristes russes, et la levée de l’embargo russe sur l’importation de légumes et de tomates turques. Les russes n’ont jamais présenté leur liste de doléances aux turcs parce qu’ils savaient qu’Erdogan ne les aurait jamais acceptées telles quelles.

    Erdogan est actuellement très en colère contre les États-Unis et il est reconnaissant aux Russes. Son histoire personnelle montre qu’il n’a aucun sentiment d’hostilité envers la Russie. Cependant il est irréaliste de s’attendre à qu’il renverse des décennies ou même (comme dans le cas du détroit) des siècles de politique en quelques jours, juste pour plaire aux Russes. S’il le faisait, sa position en Turquie serait intenable.

    Cela ne signifie pas que la réunion au sommet ait été un échec. Même si la Russie et la Turquie ne sont pas devenues des alliées et restent profondément divisées sur de nombreuses questions, cela ne signifie pas qu’ils ne peuvent pas développer des relations étroites sur les questions où ils ont un intérêt mutuel. Le gazoduc et les projets de réacteurs nucléaires doivent bénéficier à la Russie et à la Turquie. Il en va de même des accords sur le tourisme et les importations de légumes et de tomates, bien que ce genre d’accord soit de nature différente. Prétendre le contraire revient à dire qu’il serait préférable pour la Russie d’avoir de mauvaises relations avec la Turquie, un point de vue que presque personne dans le gouvernement russe ne partage.

    Si la réunion au sommet est comprise de cette façon, alors elle a été un succès, ouvrant une voie possible à une plus grande convergence sur d’autres questions, y compris un accord de libre-échange et même un accord au sujet de la Syrie.

    Enfin, il est un point précis, dont j’aimerais parler au sujet de ce sommet. Cette question a déjà été largement discutée. Il s’agit du « langage du corps » de Poutine. Helmer et d’autres voient là comme un signe que le sommet, du point de vue de Poutine, a été un échec.

    Étudier le langage du corps d’un leader est une façon légitime d’évaluer les résultats d’une rencontre. Lors du sommet Obama-Poutine, leur mauvais langage du corps était un signe indiscutable que les deux hommes n’étaient pas sur la même longueur d’ondes. Toutefois, dans le cas de la rencontre avec Erdogan, il y avait des raisons compréhensibles au pauvre langage du corps de Poutine. Ces raisons n’avaient aucun lien avec le sommet lui-même.
    Tout d’abord, il est presque certain que Poutine était fatigué et se sentait sous pression. La veille, il avait rencontré ses conseillers en sécurité tôt le matin et s’était aussitôt envolé vers Bakou pour une réunion complexe et probablement difficile avec les présidents de l’Iran et de l’Azerbaïdjan. Il s’est alors rendu à Saint-Pétersbourg pour cette réunion encore plus difficile avec Erdogan le lendemain tout en trouvant aussi le temps, le même jour, d’avoir une longue conversation téléphonique avec Theresa May, la Première Ministre britannique. Pendant la rencontre avec Erdogan, il a appris qu’il aurait le jour suivant à Moscou, une réunion avec les membres de son gouvernement pour discuter de la politique économique et de l’éducation, une conférence vidéo avec le Premier Ministre indien Modi, et plus tard ce jour-là une réunion avec le Président Sargsyan d’Arménie, qui sera suivie par une autre conférence de presse. Tout au long de ces voyages et réunions, il a dû être tenu au courant des situations à Alep et en Crimée, la crise en Crimée lui causant des inquiétudes particulières.

    À la lumière de tout cela, il n’est pas surprenant si, au cours de sa rencontre avec Erdogan, Poutine a parfois semblé fatigué et distrait. Dans tous les océans de mots dits et écrits à propos de Poutine, il n’est jamais, ou rarement, fait mention d’à quel point il doit travailler dur.

    Outre tout cela, il aurait de toute façon été politiquement imprudent pour Poutine de sembler heureux de rencontrer Erdogan. La colère en Russie suite à l’incident SU24 n’a pas diminué. Une partie de cette colère est certainement partagée par Poutine lui-même. Il pourrait être facile pour Erdogan de parler de son « ami Poutine ». Il ne serait pas si facile pour Poutine de parler de son « ami Erdogan », même s’il se sentait enclin à le faire.
    Dans l’ensemble, si l’on met de côté quelques-unes des attentes excessives qui ont précédé le sommet Erdogan-Poutine, le sommet s’est déroulé selon les attentes raisonnables. La chose à retenir du sommet est que la Russie et la Turquie ont maintenant un dialogue politique actif et en plein essor ainsi qu’un embryon de relations économiques. Ce n’est pas un réalignement ou une alliance, mais ceci n’a jamais été demandé ni offert. Poutine et Erdogan sont certainement satisfaits de ce qu’ils ont accompli, même s’il y a encore beaucoup de travail à faire.


    ASI

  • #2
    Outre tout cela, il aurait de toute façon été politiquement imprudent pour Poutine de sembler heureux de rencontrer Erdogan. La colère en Russie suite à l’incident SU24 n’a pas diminué. Une partie de cette colère est certainement partagée par Poutine lui-même. Il pourrait être facile pour Erdogan de parler de son « ami Poutine ». Il ne serait pas si facile pour Poutine de parler de son « ami Erdogan », même s’il se sentait enclin à le faire.
    Dans l’ensemble, si l’on met de côté quelques-unes des attentes excessives qui ont précédé le sommet Erdogan-Poutine, le sommet s’est déroulé selon les attentes raisonnables. La chose à retenir du sommet est que la Russie et la Turquie ont maintenant un dialogue politique actif et en plein essor ainsi qu’un embryon de relations économiques. Ce n’est pas un réalignement ou une alliance, mais ceci n’a jamais été demandé ni offert. Poutine et Erdogan sont certainement satisfaits de ce qu’ils ont accompli, même s’il y a encore beaucoup de travail à faire.
    comme on dit chez nous: "Y'haadji weyefek"

    c'est à dire: "raconter des devinettes, puis les résoudre soit-même!"

    quel journaleux ! ha ha ha !
    Lorsque vous changez votre manière de voir les choses, les choses que vous voyez changent !

    Ne cédez donc plus à la tentation de victimisation, si vous voulez êtes l’acteur principal de votre vie.

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