“C’est inacceptable que Ban Kimoon (nouveau secrétaire général des Nations-Unies) ne condamne pas la peine de mort et justifie implicitement l’exécution de Saddam Hussein. J’ai quitté le système des Nations-Unies en 1981 car le vent tournait et l’hégémonie américaine débutait. M. Perez de Cuellar (secrétaire général de l’ONU de 1982 à 1991) est arrivé et a mis l’ONU dans un état comateux, puis M. Boutros-Ghali (1992-1996) l’a mise à mort et Kofi Annan l’a enterrée. Ban Ki-moon a maintenant enseveli la tombe des Nations-Unies. Aujourd’hui, il n’y a plus d’instrument qui établisse des normes et les fasse respecter. Toutes les valeurs de la coopération internationale sont mises à terre”, assène, dans un entretien au Journal Hebdo, Mahdi El Madjara, politologue marocain que les Algériens connaissent bien.
Ce sévère constat rejoint celui émis par Lakhdar Brahimi qui, à propos des agressions répétées d’Israël contre le Liban, affirme avec raison que dans le cas libanais, le Conseil de sécurité s’est discrédité, dans la mesure où les Etats-Unis usent de leur droit de veto chaque fois que Tel Aviv est mis en cause, sans que personne trouve rien à redire. En effet, à peine installé, le nouveau secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, n’a pas tardé à vouloir rentrer dans les bonnes grâces d’une Maison Blanche pressée de tourner la page de Kofi Annan. Ainsi, concernant les exécutions en catimini des deux co-accusés de Saddam, Barzan al-Tikriti et Awad al Babdar, il a simplement émis des regrets. S’abritant derrière le droit souverain des Etats à légiférer en matière de peine capitale, il a de fait cautionné la pratique en cours à Baghdad, alors que chacun sait que l’Irak ne dispose d’aucune souveraineté du fait de l’occupation américaine.
Et quand George Bush a annoncé l’envoi de troupes supplémentaires en Irak, Ban Kimoon a estimé que “d'une manière générale, l'ONU se réjouit de tout effort visant à apporter stabilité et sécurité au peuple irakien”. Ah bon ! Envoyer plus de soldats pour casser de l’Irakien participe donc d’un effort de paix ! Même prudence concernant les bombardements américains en Somalie — plus d’une centaine de tués — qui, de l’aveu même de Washington, n’ont pas atteint les objectifs visés, à savoir liquider des islamistes en fuite. Devançant les désirs de Washington qui n’en demandait certainement pas tant, Ban Kimoon a l'intention de nommer un Américain à la tête du département des affaires politiques (DPA), un poste clé qui sera en outre renforcé au détriment de celui du maintien de la paix (DPKO). Autant dire qu’avec le nouveau secrétaire général de l’ONU, Washington dispose sans doute d’un homme de main prêt à faire endosser toute les décisions américaines par les Nations-Unies, tout en leur conférant de fait une dimension de légalité internationale, notamment concernant le volet proche-oriental.
“Le machin qu’on appelle l’ONU” comme disait de Gaulle en d’autres circonstances historiques, est-il en voie d’être définitivement instrumentalisé par les Etats-Unis ? S’il est difficile de répondre par l’affirmative, une chose est sûre : du fait de la politique actuelle de Washington, consistant à bloquer tout projet de solution défavorable à Israël ou contraire à sa stratégie d’occupation de l’Irak, l’institution onusienne est pratiquement paralysée.
D’autant que les réponses de la communauté internationale à cette situation, notamment de ses membres les plus puissants — Russie et Chine — ne sont pas à la mesure du danger qui menace à terme l’ONU qui reste pour l’heure le seul cadre de règlement des conflits internationaux. Cette paralysie risque de conduire certains pays à ne plus recourir à la médiation onusienne pour le règlement des différends et à faire prévaloir la force sur le droit international. En envahissant la Somalie, avec l’aval de Washington, l’Ethiopie en a récemment fourni la preuve.
Par Hassane Zerrouky, Le Soir
Ce sévère constat rejoint celui émis par Lakhdar Brahimi qui, à propos des agressions répétées d’Israël contre le Liban, affirme avec raison que dans le cas libanais, le Conseil de sécurité s’est discrédité, dans la mesure où les Etats-Unis usent de leur droit de veto chaque fois que Tel Aviv est mis en cause, sans que personne trouve rien à redire. En effet, à peine installé, le nouveau secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, n’a pas tardé à vouloir rentrer dans les bonnes grâces d’une Maison Blanche pressée de tourner la page de Kofi Annan. Ainsi, concernant les exécutions en catimini des deux co-accusés de Saddam, Barzan al-Tikriti et Awad al Babdar, il a simplement émis des regrets. S’abritant derrière le droit souverain des Etats à légiférer en matière de peine capitale, il a de fait cautionné la pratique en cours à Baghdad, alors que chacun sait que l’Irak ne dispose d’aucune souveraineté du fait de l’occupation américaine.
Et quand George Bush a annoncé l’envoi de troupes supplémentaires en Irak, Ban Kimoon a estimé que “d'une manière générale, l'ONU se réjouit de tout effort visant à apporter stabilité et sécurité au peuple irakien”. Ah bon ! Envoyer plus de soldats pour casser de l’Irakien participe donc d’un effort de paix ! Même prudence concernant les bombardements américains en Somalie — plus d’une centaine de tués — qui, de l’aveu même de Washington, n’ont pas atteint les objectifs visés, à savoir liquider des islamistes en fuite. Devançant les désirs de Washington qui n’en demandait certainement pas tant, Ban Kimoon a l'intention de nommer un Américain à la tête du département des affaires politiques (DPA), un poste clé qui sera en outre renforcé au détriment de celui du maintien de la paix (DPKO). Autant dire qu’avec le nouveau secrétaire général de l’ONU, Washington dispose sans doute d’un homme de main prêt à faire endosser toute les décisions américaines par les Nations-Unies, tout en leur conférant de fait une dimension de légalité internationale, notamment concernant le volet proche-oriental.
“Le machin qu’on appelle l’ONU” comme disait de Gaulle en d’autres circonstances historiques, est-il en voie d’être définitivement instrumentalisé par les Etats-Unis ? S’il est difficile de répondre par l’affirmative, une chose est sûre : du fait de la politique actuelle de Washington, consistant à bloquer tout projet de solution défavorable à Israël ou contraire à sa stratégie d’occupation de l’Irak, l’institution onusienne est pratiquement paralysée.
D’autant que les réponses de la communauté internationale à cette situation, notamment de ses membres les plus puissants — Russie et Chine — ne sont pas à la mesure du danger qui menace à terme l’ONU qui reste pour l’heure le seul cadre de règlement des conflits internationaux. Cette paralysie risque de conduire certains pays à ne plus recourir à la médiation onusienne pour le règlement des différends et à faire prévaloir la force sur le droit international. En envahissant la Somalie, avec l’aval de Washington, l’Ethiopie en a récemment fourni la preuve.
Par Hassane Zerrouky, Le Soir