Par Fanny Laurent
Rohingyas : Aung San Suu Kyi dénonce la désinformation des «terroristes»
Les détracteurs d'Aung San Suu Kyi ne manqueront pas de dénoncer son escalade verbale et son manque de sensibilité quant au sort des Rohingyas. SOE ZEYA TUN/REUTERS
VIDÉO - La prix Nobel de la paix birmane a accusé mercredi des «terroristes» de diffuser massivement de la désinformation concernant les exactions commises par l'armée et les milices bouddhistes contre la minorité musulmane.
Dans un entretien téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan mercredi , la chef du régime birman a dénoncé «l'iceberg de désinformation» donnant selon elle une vision trompeuse de la crise des musulmans rohingyas. D'après elle, cette désinformation ambiante vise à «créer un tas de problèmes entre différents pays dans le but de promouvoir les intérêts des terroristes». C'est le premier commentaire officiel de la dirigeante, prix Nobel de la paix, depuis le début des troubles fin août.
Ses détracteurs ne manqueront pas de dénoncer l'escalade verbale d'Aung San Suu Kyi et son manque de sensibilité quant au sort des Rohingyas. La prix Nobel de la Paix ne mentionne pas la situation actuelle de la minorité musulmane dans l'État d'Arakan (Rakhine), dans l'ouest du pays. Ils sont des dizaines de milliers à fuir les affrontements violents qui se déroulent dans cette zone pour rejoindre le Bangladesh voisin. Leur nombre atteint désormais environ 146.000 d'après l'ONU dans la région de Cox's Bazar au Bangladesh, pour un total de 233.000 arrivants depuis le début des troubles au mois d'octobre. Certains tentent de traverser la rivière Naf, frontière entre la Birmanie et le Bangladesh mais sont abattus par les soldats birmans.
«Chaque fois que je regarde les informations, j'ai le cœur brisé face aux souffrances des musulmans rohingyas de Birmanie»
Malala Yousafza , prix Nobel de la paix 2014
Le sort de ces réfugiés, souvent démunis de tout, inquiète fortement les responsables des Nations unies sur place. À New York mardi, le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, a - fait rare - écrit au Coneil de sécurité, exprimant la crainte que la situation ne débouche sur «une catastrophe humanitaire». Selon l'ONU, 37.000 personnes auraient passé la frontière dans les dernières vingt-quatre heures. Si l'État de Rakhine est le théâtre depuis quelques années de ces face-à-face sanglants entre musulmans et bouddhistes, majoritaires à 90% en Birmanie, la crise atteint des sommets vertigineux avec l'épuration ethnique orchestrée par les autorités birmanes ces dernières semaines. Depuis l'attaque du 25 août menée par les rebelles de l'Armée du Salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA) sur une vingtaine de postes de police pour défendre les droits de la minorité musulmane, les affrontements entre le gouvernement, épaulé par des milices bouddhistes, et les rebelles ont fait 400 morts, dont 370 Rohingyas.
La «Dame de Rangoun», qui exerce le pouvoir bien qu'elle n'ait pas pu se faire élire directement à la tête de l'État en raison d'un empêchement constitutionnel, ne cesse de nier les accusations de nettoyage ethnique de l'ethnie des Rohingyas et assure que le gouvernement «a déjà entamé la protection de toute la population de Rakhine de la meilleure manière possible». Ce silence sur ces crimes de guerre est d'autant plus dérangeant qu'il émane de la lauréate du prix Nobel de la paix de 1991 pour son combat contre la junte militaire. L'armée continue d'encadrer de très près le pouvoir. Et les critiques se multiplient contre la dirigeante birmane, accusée de soutenir les méthodes violentes de l'armée à l'encontre des Rohingyas. Une pétition avec pour objet le retrait de son prix Nobel circule et a déjà recueilli plus de 300.000 signatures. La Turquie, elle, sous l'égide du président Erdogan, a annoncé mercredi l'envoi de 10.000 tonnes d'aides aux Rohingyas en exil.
La jeune pakistanaise Malala Yousafzai figure également parmi les principaux détracteurs d'Aung San Suu Kyi. L'icône mondiale du combat pour l'éducation des filles a pris fait et cause pour la communauté des Rohingyas. «Chaque fois que je regarde les informations, j'ai le cœur brisé face aux souffrances des musulmans rohingyas de Birmanie», s'est émue Malala sur son compte Twitter. La plus jeune lauréate du prix Nobel de la paix (2014) exhorte son homologue birmane à sortir du silence pour condamner le «traitement honteux dont [les Rohingyas] font l'objet». Malala appelle également la communauté des pays, y compris le Pakistan, à suivre l'exemple du Bangladesh dans l'accueil des réfugiés birmans «qui fuient la violence et la terreur».
Rohingyas : Aung San Suu Kyi dénonce la désinformation des «terroristes»
Les détracteurs d'Aung San Suu Kyi ne manqueront pas de dénoncer son escalade verbale et son manque de sensibilité quant au sort des Rohingyas. SOE ZEYA TUN/REUTERS
VIDÉO - La prix Nobel de la paix birmane a accusé mercredi des «terroristes» de diffuser massivement de la désinformation concernant les exactions commises par l'armée et les milices bouddhistes contre la minorité musulmane.
Dans un entretien téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan mercredi , la chef du régime birman a dénoncé «l'iceberg de désinformation» donnant selon elle une vision trompeuse de la crise des musulmans rohingyas. D'après elle, cette désinformation ambiante vise à «créer un tas de problèmes entre différents pays dans le but de promouvoir les intérêts des terroristes». C'est le premier commentaire officiel de la dirigeante, prix Nobel de la paix, depuis le début des troubles fin août.
Ses détracteurs ne manqueront pas de dénoncer l'escalade verbale d'Aung San Suu Kyi et son manque de sensibilité quant au sort des Rohingyas. La prix Nobel de la Paix ne mentionne pas la situation actuelle de la minorité musulmane dans l'État d'Arakan (Rakhine), dans l'ouest du pays. Ils sont des dizaines de milliers à fuir les affrontements violents qui se déroulent dans cette zone pour rejoindre le Bangladesh voisin. Leur nombre atteint désormais environ 146.000 d'après l'ONU dans la région de Cox's Bazar au Bangladesh, pour un total de 233.000 arrivants depuis le début des troubles au mois d'octobre. Certains tentent de traverser la rivière Naf, frontière entre la Birmanie et le Bangladesh mais sont abattus par les soldats birmans.
«Chaque fois que je regarde les informations, j'ai le cœur brisé face aux souffrances des musulmans rohingyas de Birmanie»
Malala Yousafza , prix Nobel de la paix 2014
Le sort de ces réfugiés, souvent démunis de tout, inquiète fortement les responsables des Nations unies sur place. À New York mardi, le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, a - fait rare - écrit au Coneil de sécurité, exprimant la crainte que la situation ne débouche sur «une catastrophe humanitaire». Selon l'ONU, 37.000 personnes auraient passé la frontière dans les dernières vingt-quatre heures. Si l'État de Rakhine est le théâtre depuis quelques années de ces face-à-face sanglants entre musulmans et bouddhistes, majoritaires à 90% en Birmanie, la crise atteint des sommets vertigineux avec l'épuration ethnique orchestrée par les autorités birmanes ces dernières semaines. Depuis l'attaque du 25 août menée par les rebelles de l'Armée du Salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA) sur une vingtaine de postes de police pour défendre les droits de la minorité musulmane, les affrontements entre le gouvernement, épaulé par des milices bouddhistes, et les rebelles ont fait 400 morts, dont 370 Rohingyas.
La «Dame de Rangoun», qui exerce le pouvoir bien qu'elle n'ait pas pu se faire élire directement à la tête de l'État en raison d'un empêchement constitutionnel, ne cesse de nier les accusations de nettoyage ethnique de l'ethnie des Rohingyas et assure que le gouvernement «a déjà entamé la protection de toute la population de Rakhine de la meilleure manière possible». Ce silence sur ces crimes de guerre est d'autant plus dérangeant qu'il émane de la lauréate du prix Nobel de la paix de 1991 pour son combat contre la junte militaire. L'armée continue d'encadrer de très près le pouvoir. Et les critiques se multiplient contre la dirigeante birmane, accusée de soutenir les méthodes violentes de l'armée à l'encontre des Rohingyas. Une pétition avec pour objet le retrait de son prix Nobel circule et a déjà recueilli plus de 300.000 signatures. La Turquie, elle, sous l'égide du président Erdogan, a annoncé mercredi l'envoi de 10.000 tonnes d'aides aux Rohingyas en exil.
La jeune pakistanaise Malala Yousafzai figure également parmi les principaux détracteurs d'Aung San Suu Kyi. L'icône mondiale du combat pour l'éducation des filles a pris fait et cause pour la communauté des Rohingyas. «Chaque fois que je regarde les informations, j'ai le cœur brisé face aux souffrances des musulmans rohingyas de Birmanie», s'est émue Malala sur son compte Twitter. La plus jeune lauréate du prix Nobel de la paix (2014) exhorte son homologue birmane à sortir du silence pour condamner le «traitement honteux dont [les Rohingyas] font l'objet». Malala appelle également la communauté des pays, y compris le Pakistan, à suivre l'exemple du Bangladesh dans l'accueil des réfugiés birmans «qui fuient la violence et la terreur».
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