Notre ministre des Affaires étrangères a dit une vérité concernant notre voisin de l’Ouest, connue et partagée par l’ensemble des organismes qui luttent contre le trafic de drogue de par le monde. Cette vérité a, semble-t-il, fait mal. Nous n’en croyons rien, et les réactions «effarouchées» du Palais n’ont d’autre but que d’occuper l’espace public, pour occulter l’essentiel et le fondamental, à savoir la lente et inexorable transformation de l’Afrique qui, grâce, entre autres, au dynamisme des commissions de l’organisation panafricaine, est en train de jeter une lumière crue sur les manœuvres de coulisses visant à maintenir des espaces de notre continent sous l’influence du «Palais», qui, dans ce cas précis des relations internationales, n’est qu’une courroie de transmission d’intérêts dictés à partir d’un «quarteron» de capitales européennes. Nous n’en voulons pour preuve que ce simple constat. Pourquoi le Maroc se tait, fait le dos rond quand chaque année tombe la sanction de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) qui le place régulièrement à la triste place de premier producteur mondial de haschisch et le premier fournisseur en résine de cannabis de la totalité du continent européen?. Cette drogue qui déferle sur l’Europe, il faut bien qu’elle emprunte des réseaux, des couloirs, des moyens de transport. Ces quantités énormes, il faut bien qu’elles se transforment en argent entreposé et déposé quelque part. On crie au crime de lèse-majesté ! On ne se souvient pas d’une pareille réaction quand le département d’État américain avait publié son rapport, en mars 2017, dans lequel il affirme que la production de cannabis du royaume pour la seule année 2016 est estimée à 700 tonnes, soit presque le quart de son PIB, 100 milliards de dollars une fois transformé ! Des quantités impressionnantes et des valeurs en dollars qui dépassent l’entendement pour une région, le Rif, connue pour être, pour des raisons stratégiques, maintenue dans la pauvreté et la misère sociale. D’après divers rapports, 80% du cannabis consommé en Europe est importé du Maroc, dont plus de 90% en France. Le Maroc est le premier pays-source cité par les narcotrafiquants, lors des saisies de résines de cannabis dans le monde, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Mieux que ça ! Comment le Rif, cette région pauvre, arrive à se classer à la 2e place de dépôts bancaires liquides après la région de Casablanca ? Le Maroc n’est pas que premier producteur de résine de cannabis, il est aussi devenu, depuis quelques années, une plaque tournante de trafic mondial de cocaïne en provenance d’Amérique latine vers l’Afrique de l’Ouest et ensuite l’Europe. Et c’est ce même rapport américain qui le note. Comme on l’a constaté, aucune réaction marocaine à ce moment-là!. Si, aujourd’hui, «la mayonnaise monte», c’est que l’enjeu est ailleurs. Le dossier du Sahara occidental remonte en haut de la pile des organismes régionaux et internationaux, malgré les tentatives répétées de pays «intéressés» qui tirent profit de l’exploitation et du pillage des ressources du Sahara occidental occupé. La crise économique qui frappe les pays européens a eu des conséquences collatérales sur les revenus des ménages marocains qui reçoivent moins d’argent de leur diaspora. La lutte antiterroriste, c’est aussi une lutte contre les sous-traitants de ces légions de la mort, à savoir les narcotrafiquants. Toutes les chancelleries louent notre action régionale dans cette lutte. Forcément, quelque part, le verrouillage de nos frontières a de quoi irriter. Tout Algérien en voyage chez notre voisin de l’Ouest est frappé par cette fixation quasi maladive sur l’ouverture de nos frontières…
El Moudjahid
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