Le Desk 22.01.2018
Oxfam dresse un tableau noir des inégalités au Maroc
Le Maroc possède le niveau d’inégalités le plus élevé d’Afrique du Nord. Trois milliardaires marocains les plus riches détiennent à eux seuls 4,5 milliards de dollars, soit 44 milliards de dirhams. Leur richesse est telle que la croissance de leur fortune en une année représente autant que la consommation de 375 000 Marocains parmi les plus pauvres sur la même période. Les détails du rapport Maroc d'Oxfam publié à la veille du Forum de Davos
Dans son nouveau rapport « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent » publié à l’occasion du forum économique de Davos, Oxfam montre que la crise des inégalités n’a jamais été aussi aiguë, le fossé entre riches et pauvres ne cessant de s’agrandir.
Au Maroc aussi, la majorité de la population subit cette crise des inégalités, en dépit des avancées réalisées ces 25 dernières années, notamment grâce à l’initiative nationale du développement humain (INDH). Les inégalités peuvent prendre des formes très diverses – écarts de salaires et de patrimoines, exclusion du marché de l’emploi, différences entre femmes et hommes, marginalisation de certains territoires, disparités dans l’accès à l’éducation et aux soins -mais leurs conséquences se rejoignent : l’accroissement de la pauvreté, la précarisation et la marginalisation, dont les femmes sont les premières à souffrir.
Récemment, plusieurs voix ont appelé à la lutte contre la pauvreté et contre les inégalités socio-économiques y compris au sein du Parlement qui a consacré une séance à ce sujet.
Les Marocains semblent également partager ces préoccupations : D’après une étude réalisée par Oxfam, près de la moitié estime que les revenus sont répartis de manière inégale ou très inégale, et 60 % pensent qu’ils devraient être distribués plus équitablement.
Des inégalités bien ancrées
Il existe une série d’indicateurs statistiques utiles pour rendre compte du degré d’inégalités dans un pays. Parmi eux, l’indice de Gini permet, avec certaines limites, de visualiser l’évolution des inégalités au cours des dernières années.
La comparaison avec les pays voisins (Graphique n°1) montre que le Maroc possède le niveau d’inégalités le plus élevé d’Afrique du Nord, même si celui-ci se réduit depuis une dizaine d’années.
Graphique n° 1 : Evolution des indices de Gini du Maroc et des pays voisins
Ainsi, en pratique, les 10 % les plus riches ont un niveau de vie en moyenne 12 fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres, un écart qui n’a guère reculé depuis les années 1990. (Graphique n°2).
Graphique n°2 : Evolution du niveau de vie (consommation) des 10% les plus riches et des 10% les plus pauvres
L’ensemble de ces données met en évidence un écart notable de consommation entre les plus riches et les plus pauvres qui traduit probablement un écart de richesses encore plus important. Le Maroc s’est pourtant engagé en faveur de l’Objectif de développement durable n° 10 qui vise à réduire les inégalités. Cet objectif ne pourra être rempli que si le Maroc dispose de données fiables, détaillées et régulièrement actualisées sur les niveaux de revenus et de richesses de sa population. Les données ainsi collectées doivent permettre de fixer des objectifs de réduction des inégalités à la hauteur de l’enjeu.
Derrière les grandes fortunes, de nombreux Marocains pauvres et vulnérables
La situation globale des Marocains s’est améliorée au cours de ces dernières années. Entre 2001 et 2014, le taux de pauvreté a été réduit par trois (de 15,3 % à 4,8 %), la dépense annuelle moyenne est passée d’environ 10 000 dirhams à plus de 15 000 dirhams par personne et le niveau de vie des plus modestes a progressé un peu plus vite que celui du reste de la population.
Aziz Akhannouch, président du groupe pétrolier Akwa, ministre de l'agriculture et président du RNI est, selon Forbes, la plus grande fortune du Maroc après le roi Mohammed VI. Ici en meeting partisan avec un agriculteur. RNI
Néanmoins, l’augmentation des richesses semble bénéficier principalement à un petit nombre de personnes très fortunées. Trois milliardaires Marocains les plus riches détiennent à eux seuls 4,5 milliards de dollars, soit 44 milliards de dirhams. Leur richesse est telle que la croissance de leur fortune en une année représente autant que la consommation de 375 000 Marocains parmi les plus pauvres sur la même période.
Cette accumulation de richesses pour un petit nombre contraste avec le reste des habitants. Un Marocain sur deux a un niveau de vie inférieur à 11 589 DH par an, soit 966 DH par mois. C’est beaucoup moins dans les zones rurales où la moitié des habitants vivent avec moins de 8 678 DH par an (contre 14 270 DH en ville). Au total, plus de 1,6 million de personnes restent pauvres, c’est-à-dire dans l’incapacité de se nourrir suffisamment et de se procurer les biens de base et 4,2 millions de personnes restent vulnérables, c’est-à-dire susceptibles de basculer dans la pauvreté à tout moment.
Oxfam dresse un tableau noir des inégalités au Maroc
Le Maroc possède le niveau d’inégalités le plus élevé d’Afrique du Nord. Trois milliardaires marocains les plus riches détiennent à eux seuls 4,5 milliards de dollars, soit 44 milliards de dirhams. Leur richesse est telle que la croissance de leur fortune en une année représente autant que la consommation de 375 000 Marocains parmi les plus pauvres sur la même période. Les détails du rapport Maroc d'Oxfam publié à la veille du Forum de Davos
Dans son nouveau rapport « Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent » publié à l’occasion du forum économique de Davos, Oxfam montre que la crise des inégalités n’a jamais été aussi aiguë, le fossé entre riches et pauvres ne cessant de s’agrandir.
Au Maroc aussi, la majorité de la population subit cette crise des inégalités, en dépit des avancées réalisées ces 25 dernières années, notamment grâce à l’initiative nationale du développement humain (INDH). Les inégalités peuvent prendre des formes très diverses – écarts de salaires et de patrimoines, exclusion du marché de l’emploi, différences entre femmes et hommes, marginalisation de certains territoires, disparités dans l’accès à l’éducation et aux soins -mais leurs conséquences se rejoignent : l’accroissement de la pauvreté, la précarisation et la marginalisation, dont les femmes sont les premières à souffrir.
Récemment, plusieurs voix ont appelé à la lutte contre la pauvreté et contre les inégalités socio-économiques y compris au sein du Parlement qui a consacré une séance à ce sujet.
Les Marocains semblent également partager ces préoccupations : D’après une étude réalisée par Oxfam, près de la moitié estime que les revenus sont répartis de manière inégale ou très inégale, et 60 % pensent qu’ils devraient être distribués plus équitablement.
Des inégalités bien ancrées
Il existe une série d’indicateurs statistiques utiles pour rendre compte du degré d’inégalités dans un pays. Parmi eux, l’indice de Gini permet, avec certaines limites, de visualiser l’évolution des inégalités au cours des dernières années.
La comparaison avec les pays voisins (Graphique n°1) montre que le Maroc possède le niveau d’inégalités le plus élevé d’Afrique du Nord, même si celui-ci se réduit depuis une dizaine d’années.

Ainsi, en pratique, les 10 % les plus riches ont un niveau de vie en moyenne 12 fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres, un écart qui n’a guère reculé depuis les années 1990. (Graphique n°2).

L’ensemble de ces données met en évidence un écart notable de consommation entre les plus riches et les plus pauvres qui traduit probablement un écart de richesses encore plus important. Le Maroc s’est pourtant engagé en faveur de l’Objectif de développement durable n° 10 qui vise à réduire les inégalités. Cet objectif ne pourra être rempli que si le Maroc dispose de données fiables, détaillées et régulièrement actualisées sur les niveaux de revenus et de richesses de sa population. Les données ainsi collectées doivent permettre de fixer des objectifs de réduction des inégalités à la hauteur de l’enjeu.
Derrière les grandes fortunes, de nombreux Marocains pauvres et vulnérables
La situation globale des Marocains s’est améliorée au cours de ces dernières années. Entre 2001 et 2014, le taux de pauvreté a été réduit par trois (de 15,3 % à 4,8 %), la dépense annuelle moyenne est passée d’environ 10 000 dirhams à plus de 15 000 dirhams par personne et le niveau de vie des plus modestes a progressé un peu plus vite que celui du reste de la population.
Aziz Akhannouch, président du groupe pétrolier Akwa, ministre de l'agriculture et président du RNI est, selon Forbes, la plus grande fortune du Maroc après le roi Mohammed VI. Ici en meeting partisan avec un agriculteur. RNI
Néanmoins, l’augmentation des richesses semble bénéficier principalement à un petit nombre de personnes très fortunées. Trois milliardaires Marocains les plus riches détiennent à eux seuls 4,5 milliards de dollars, soit 44 milliards de dirhams. Leur richesse est telle que la croissance de leur fortune en une année représente autant que la consommation de 375 000 Marocains parmi les plus pauvres sur la même période.
Cette accumulation de richesses pour un petit nombre contraste avec le reste des habitants. Un Marocain sur deux a un niveau de vie inférieur à 11 589 DH par an, soit 966 DH par mois. C’est beaucoup moins dans les zones rurales où la moitié des habitants vivent avec moins de 8 678 DH par an (contre 14 270 DH en ville). Au total, plus de 1,6 million de personnes restent pauvres, c’est-à-dire dans l’incapacité de se nourrir suffisamment et de se procurer les biens de base et 4,2 millions de personnes restent vulnérables, c’est-à-dire susceptibles de basculer dans la pauvreté à tout moment.
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