Le ministre marocain des Affaires étrangères ne s’est pas rendu à Berlin où l’avait invité Horst Köhler, envoyé personnel pour le Sahara du secrétaire général de l’ONU. La rencontre entre les deux diplomates aura finalement lieu ce mardi 6 mars. Mais ni la date, ni le lieu ne sont ceux choisis par Köhler.
L’envoyé personnel avait convié le “polisario“ et le Maroc ainsi que les deux pays voisins, Algérie et Mauritanie, en tant que parties intéressées ou concernées, pour les mois “de janvier ou février“. En fait, une telle rencontre risquait d’être un épisode ressemblant à tant d’autres rounds précédents et qui n’avaient mené à rien. Ce fut le cas avec Christopher Ross, et ses 9 rencontres stériles, voire négatives, qui n’ont pas fait avancer la solution d’un iota. Et avant lui, James Baker. C’était à chaque fois présenté comme un processus, sans que l’on sache où on allait ni quel pourrait être le point d’arrivée.
Tout indique, à l’aune d’une analyse fine, que la séquence qui commence marque un changement majeur dans l’approche marocaine.
L’actuelle séquence commence avec l’arrivée au Maroc de Hörst Kohler le 15 octobre 2017, nouvel envoyé personnel du SG de l’ONU. Köhler est reçu le 17 octobre par le Roi. Il affirme à ses interlocuteurs marocains qu’il est venu en mode d’écoute.*
Le 6 novembre suivant, à l’occasion du traditionnel discours de la Marche Verte, le Chef de l’Etat lui répond publiquement, en rappelant ce que le Maroc acceptera et ce que le Maroc ne pourrait jamais accepter*:
“- Premièrement: aucun règlement de l’affaire du Sahara n’est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, ni en dehors de l’Initiative d’autonomie, dont la communauté internationale a reconnu le sérieux et la crédibilité.*
"- Deuxièmement: les expériences passées devraient permettre de méditer sur une évidence: le problème n’est pas tant de trouver une solution à cette affaire, mais plutôt d’arriver à définir le processus à suivre pour y parvenir. Il appartient, donc, aux parties à l’origine de ce conflit monté de toutes pièces, d’assumer pleinement leur responsabilité dans la recherche d’un règlement définitif ;
- Troisièmement: le plein respect des principes et fondamentaux retenus par le Conseil de Sécurité pour le traitement de ce conflit régional artificiel; l’organe onusien étant, de fait, la seule instance internationale chargée de superviser le processus de règlement; et
- Quatrièmement: le refus catégorique de tout dépassement, de toute tentative de porter atteinte aux droits légitimes du Maroc et à ses intérêts supérieurs, de toute proposition obsolète visant à écarter le plan de règlement des paramètres référentiels retenus, de l’insertion abusive d’autres sujets, lesquels sont traités par des institutions compétentes.
Depuis ce discours, toutes les positions ultérieures du Maroc s’inscrivent dans cette grille définie par le Chef de l’Etat.
Car voici ce qu’impliquent les propos du Roi:
-il n’y aura pas de processus, il n’y aura pas de démarrage, si on ne connaît pas le point d’arrivée. Le processus n’est pas une fin en soi.
-L’Algérie doit être présente dans le tour de table de tout processus.
-L’affaire concerne l’ONU et l’ONU seulement, ni UE, ni UA. Il n’y aura pas de processus si l’ONU entend impliquer d’autres acteurs. L’ONU n’a pas le leadership de cette question, il en a la responsabilité exclusive.
-Köhler, c’est uniquement la recherche d’une solution politique juste, durable et acceptable. En aucun cas, il ne peut y avoir interférence dans des domaines tels que les ressources naturelles ou un monitoring des droits de l’Homme.
C’est donc là que réside l’explication quant au choix de la date et du lieu. Le Maroc a certainement voulu espacer les rencontres de Berlin (auxquelles il n’a pas assisté) et de Lisbonne, où il sera seul. Il marque ainsi ses distances à l’égard de tout processus non maîtrisé. On peut également se demander si le choix de Lisbonne n’est pas fortement symbolique: c’est la ville de Guterres, secrétaire général de l’ONU.
C’est l’ONU qui a l’exclusivité du dossier. A travers le Conseil de sécurité d’abord, lequel mandate le secrétaire général. Ce dernier qui a en charge une multitude de dossiers, désigne un envoyé personnel. Ce dernier est un facilitateur, pas un négociateur. Un facilitateur dans la recherche d’une solution politique, avec des paramètres définis précédemment par le Conseil de sécurité.
L’ONU lui-même est un cadre où les problèmes sont traités. Il ne règle pas les problèmes mais gère la recherche de solutions.
On peut donc parier que ce mardi, c’est Bourita qui sera en mode “écoute“ de l’envoyé personnel qui est censé avoir des choses à dire.
Le planning à venir prévoit un briefing sur le Sahara au conseil de sécurité de l’ONU*; où Köhler doit présenter ses idées. Fin avril, il présentera son premier rapport. Avec Ross, le rapport de fin avril était attendu comme un enjeu. Cette année, le Maroc a des raisons d’être plus serein. Sa position est plus forte et plus ferme.
Par N.E.
L’envoyé personnel avait convié le “polisario“ et le Maroc ainsi que les deux pays voisins, Algérie et Mauritanie, en tant que parties intéressées ou concernées, pour les mois “de janvier ou février“. En fait, une telle rencontre risquait d’être un épisode ressemblant à tant d’autres rounds précédents et qui n’avaient mené à rien. Ce fut le cas avec Christopher Ross, et ses 9 rencontres stériles, voire négatives, qui n’ont pas fait avancer la solution d’un iota. Et avant lui, James Baker. C’était à chaque fois présenté comme un processus, sans que l’on sache où on allait ni quel pourrait être le point d’arrivée.
Tout indique, à l’aune d’une analyse fine, que la séquence qui commence marque un changement majeur dans l’approche marocaine.
L’actuelle séquence commence avec l’arrivée au Maroc de Hörst Kohler le 15 octobre 2017, nouvel envoyé personnel du SG de l’ONU. Köhler est reçu le 17 octobre par le Roi. Il affirme à ses interlocuteurs marocains qu’il est venu en mode d’écoute.*
Le 6 novembre suivant, à l’occasion du traditionnel discours de la Marche Verte, le Chef de l’Etat lui répond publiquement, en rappelant ce que le Maroc acceptera et ce que le Maroc ne pourrait jamais accepter*:
“- Premièrement: aucun règlement de l’affaire du Sahara n’est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, ni en dehors de l’Initiative d’autonomie, dont la communauté internationale a reconnu le sérieux et la crédibilité.*
"- Deuxièmement: les expériences passées devraient permettre de méditer sur une évidence: le problème n’est pas tant de trouver une solution à cette affaire, mais plutôt d’arriver à définir le processus à suivre pour y parvenir. Il appartient, donc, aux parties à l’origine de ce conflit monté de toutes pièces, d’assumer pleinement leur responsabilité dans la recherche d’un règlement définitif ;
- Troisièmement: le plein respect des principes et fondamentaux retenus par le Conseil de Sécurité pour le traitement de ce conflit régional artificiel; l’organe onusien étant, de fait, la seule instance internationale chargée de superviser le processus de règlement; et
- Quatrièmement: le refus catégorique de tout dépassement, de toute tentative de porter atteinte aux droits légitimes du Maroc et à ses intérêts supérieurs, de toute proposition obsolète visant à écarter le plan de règlement des paramètres référentiels retenus, de l’insertion abusive d’autres sujets, lesquels sont traités par des institutions compétentes.
Depuis ce discours, toutes les positions ultérieures du Maroc s’inscrivent dans cette grille définie par le Chef de l’Etat.
Car voici ce qu’impliquent les propos du Roi:
-il n’y aura pas de processus, il n’y aura pas de démarrage, si on ne connaît pas le point d’arrivée. Le processus n’est pas une fin en soi.
-L’Algérie doit être présente dans le tour de table de tout processus.
-L’affaire concerne l’ONU et l’ONU seulement, ni UE, ni UA. Il n’y aura pas de processus si l’ONU entend impliquer d’autres acteurs. L’ONU n’a pas le leadership de cette question, il en a la responsabilité exclusive.
-Köhler, c’est uniquement la recherche d’une solution politique juste, durable et acceptable. En aucun cas, il ne peut y avoir interférence dans des domaines tels que les ressources naturelles ou un monitoring des droits de l’Homme.
C’est donc là que réside l’explication quant au choix de la date et du lieu. Le Maroc a certainement voulu espacer les rencontres de Berlin (auxquelles il n’a pas assisté) et de Lisbonne, où il sera seul. Il marque ainsi ses distances à l’égard de tout processus non maîtrisé. On peut également se demander si le choix de Lisbonne n’est pas fortement symbolique: c’est la ville de Guterres, secrétaire général de l’ONU.
C’est l’ONU qui a l’exclusivité du dossier. A travers le Conseil de sécurité d’abord, lequel mandate le secrétaire général. Ce dernier qui a en charge une multitude de dossiers, désigne un envoyé personnel. Ce dernier est un facilitateur, pas un négociateur. Un facilitateur dans la recherche d’une solution politique, avec des paramètres définis précédemment par le Conseil de sécurité.
L’ONU lui-même est un cadre où les problèmes sont traités. Il ne règle pas les problèmes mais gère la recherche de solutions.
On peut donc parier que ce mardi, c’est Bourita qui sera en mode “écoute“ de l’envoyé personnel qui est censé avoir des choses à dire.
Le planning à venir prévoit un briefing sur le Sahara au conseil de sécurité de l’ONU*; où Köhler doit présenter ses idées. Fin avril, il présentera son premier rapport. Avec Ross, le rapport de fin avril était attendu comme un enjeu. Cette année, le Maroc a des raisons d’être plus serein. Sa position est plus forte et plus ferme.
Par N.E.
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