L'An-148 de Saratov Airlines s'est écrasé dimanche peu après avoir décollé de l'aéroport de Moscou. Depuis 1991, on dénombre 62 accidents mortels en Russie et dans les ex-Républiques soviétiques.
L'année 2018 débute mal dans le transport aérien civil. Lundi, les enquêteurs russes cherchaient à comprendre pourquoi l'Antonov An-148 de la compagnie Saratov Airlines s'est écrasé peu après son décollage de l'aéroport moscovite de Domodedovo. L'appareil comptait 71 personnes à bord, et aucune n'a survécu. Ce seul accident fait déjà plus de victimes que les 59 recensées dans le monde sur l'ensemble de 2017, année la plus sûre de l'histoire - bien que le trafic ait encore augmenté : + 7 % à 4,1 milliards de passagers .
Ce crash du vol 703 de Saratov vient rappeler de sombres statistiques. Entre 1991 - date de la disparition de l'Union soviétique, et 2017 le site Aviationsafety.net a recensé 125 « fatal accidents » en Russie. De son côté, le Bureau of Aircraft Accidents Archives basé à Genève fait état de 62 crashes mortels dans la Fédération de Russie (voir ci-dessous) sur la même période.
Ce qui, avant la catastrophe survenue dimanche à 70 km de Moscou, plaçait la fédération de Russie en tête des pays où les accidents d'avion sont les plus meutriers, loin devant les Etats-Unis, l'Indonésie ou la République démocratique du Congo.
Les trois pistes des enquêteurs
Pour l'heure, s'agissant du vol 703 « toutes les versions possibles de la catastrophe sont étudiées, notamment les conditions climatiques, le facteur humain ou l'état technique de l'avion », explique lundi le Comité d'enquête russe qui ne mentionne pas la piste terroriste. Les enquêteurs disent que l'avion s'est écrasé en un seul morceau et que l'explosion s'est produite dans les instants qui ont suivi l'accident.
La météo ? A l'heure où le biréacteur de Saratov Airlines a décollé, la visibilité sur Domodedovo était « limitée (2.100 m), les chutes de neige légères, la température de -5 °C et le pont nuageux couvert à 2.600 pieds AGL », relève le site Aviation Safety Network .
Le facteur humain ? Il faudra attendre les résultats de l'analyse des deux enregistreurs de vol qui ont été retrouvés.
L'appareil ? Saratov Airlines, qui dessert des villes de province en Russie et les capitales du Caucase, a annoncé lundi qu'elle suspendait l'exploitation de ses six Antonov An-148. La flotte de cette compagnie régionale basée à Saratov (Volga) se compose surtout d'Antonov et de Yakovlev.
Premier crash mortel pour l'An-148 ?
Sorti des usines ukrainiennes d'Antonov en 2004, l'An-148 peut transporter jusqu'à 85 passagers sur 3.500 km, celui qui a disparu dimanche avait été mis service en 2010. Depuis 2004 ce modèle a connu au moins cinq incidents (impliquant le train d'atterrissage, le système électrique et le système de guidage). Comme le montre cette liste de 41 crashes mortels recensés en Russie les accidents mettent souvent en cause des Tupolev.
De fait, c'est un Tupolev qui est en cause dans le dernier « accident mortel » ( au sens défini par l'association du transport aérien international ) survenu en décembre 2016 sur le territoire russe, quand un Tu-154 du ministère de la Défense s'est écrasé peu après son décollage d'Adler. Parmi les victimes, 92 passagers dont 60 membres des choeurs de l'Armée Rouge.
Selon le quotidien russe « Kommersant » l'An-148 a bien connu un crash fatal : en 2011, « quand un équipage en formation est tombé après avoir dépassé la vitesse maximale, après que les capteurs ont relayé des données inexactes ». Bilan : 6 victimes.
Sûreté, quid des petites compagnies
Au plus fort de la sérié noire russe, fin 2011, le Wall Street Journal écrivait : « En Russie les accidents et les décès liés aux crashes, corrigés des volumes de trafic aérien, dépassent cette année ceux des pays les moins développés qui connaissent depuis longtemps des problèmes de sécurité, notamment le Congo et l'Indonésie ».
Et depuis ? L'ICAO - l'autorité internationale en charge de la sécurité du transport aérien estime que les grandes compagnies russes ont rattrapé leur retard en matière de normes en rejoignant les alliances, Skyteam pour Aeroflot et Oneworld pour S7 Airlines, le premier transporteur domestique russe.
Mais les plus petites compagnies affichent-elles les mêmes standards ? En octobre 2015, les autorités russes de l'aviation civile avaient suspendu Saratov Airlines de vol pour six mois à cause pour manquements aux procédures de sûreté. Selon le site airlineratings, seule Podeba coche actuellement les huit critères exigés par l'ICAO.
Jean-Michel Gradt
Les Echos
L'année 2018 débute mal dans le transport aérien civil. Lundi, les enquêteurs russes cherchaient à comprendre pourquoi l'Antonov An-148 de la compagnie Saratov Airlines s'est écrasé peu après son décollage de l'aéroport moscovite de Domodedovo. L'appareil comptait 71 personnes à bord, et aucune n'a survécu. Ce seul accident fait déjà plus de victimes que les 59 recensées dans le monde sur l'ensemble de 2017, année la plus sûre de l'histoire - bien que le trafic ait encore augmenté : + 7 % à 4,1 milliards de passagers .
Ce crash du vol 703 de Saratov vient rappeler de sombres statistiques. Entre 1991 - date de la disparition de l'Union soviétique, et 2017 le site Aviationsafety.net a recensé 125 « fatal accidents » en Russie. De son côté, le Bureau of Aircraft Accidents Archives basé à Genève fait état de 62 crashes mortels dans la Fédération de Russie (voir ci-dessous) sur la même période.
Ce qui, avant la catastrophe survenue dimanche à 70 km de Moscou, plaçait la fédération de Russie en tête des pays où les accidents d'avion sont les plus meutriers, loin devant les Etats-Unis, l'Indonésie ou la République démocratique du Congo.
Les trois pistes des enquêteurs
Pour l'heure, s'agissant du vol 703 « toutes les versions possibles de la catastrophe sont étudiées, notamment les conditions climatiques, le facteur humain ou l'état technique de l'avion », explique lundi le Comité d'enquête russe qui ne mentionne pas la piste terroriste. Les enquêteurs disent que l'avion s'est écrasé en un seul morceau et que l'explosion s'est produite dans les instants qui ont suivi l'accident.
La météo ? A l'heure où le biréacteur de Saratov Airlines a décollé, la visibilité sur Domodedovo était « limitée (2.100 m), les chutes de neige légères, la température de -5 °C et le pont nuageux couvert à 2.600 pieds AGL », relève le site Aviation Safety Network .
Le facteur humain ? Il faudra attendre les résultats de l'analyse des deux enregistreurs de vol qui ont été retrouvés.
L'appareil ? Saratov Airlines, qui dessert des villes de province en Russie et les capitales du Caucase, a annoncé lundi qu'elle suspendait l'exploitation de ses six Antonov An-148. La flotte de cette compagnie régionale basée à Saratov (Volga) se compose surtout d'Antonov et de Yakovlev.
Premier crash mortel pour l'An-148 ?
Sorti des usines ukrainiennes d'Antonov en 2004, l'An-148 peut transporter jusqu'à 85 passagers sur 3.500 km, celui qui a disparu dimanche avait été mis service en 2010. Depuis 2004 ce modèle a connu au moins cinq incidents (impliquant le train d'atterrissage, le système électrique et le système de guidage). Comme le montre cette liste de 41 crashes mortels recensés en Russie les accidents mettent souvent en cause des Tupolev.
De fait, c'est un Tupolev qui est en cause dans le dernier « accident mortel » ( au sens défini par l'association du transport aérien international ) survenu en décembre 2016 sur le territoire russe, quand un Tu-154 du ministère de la Défense s'est écrasé peu après son décollage d'Adler. Parmi les victimes, 92 passagers dont 60 membres des choeurs de l'Armée Rouge.
Selon le quotidien russe « Kommersant » l'An-148 a bien connu un crash fatal : en 2011, « quand un équipage en formation est tombé après avoir dépassé la vitesse maximale, après que les capteurs ont relayé des données inexactes ». Bilan : 6 victimes.
Sûreté, quid des petites compagnies
Au plus fort de la sérié noire russe, fin 2011, le Wall Street Journal écrivait : « En Russie les accidents et les décès liés aux crashes, corrigés des volumes de trafic aérien, dépassent cette année ceux des pays les moins développés qui connaissent depuis longtemps des problèmes de sécurité, notamment le Congo et l'Indonésie ».
Et depuis ? L'ICAO - l'autorité internationale en charge de la sécurité du transport aérien estime que les grandes compagnies russes ont rattrapé leur retard en matière de normes en rejoignant les alliances, Skyteam pour Aeroflot et Oneworld pour S7 Airlines, le premier transporteur domestique russe.
Mais les plus petites compagnies affichent-elles les mêmes standards ? En octobre 2015, les autorités russes de l'aviation civile avaient suspendu Saratov Airlines de vol pour six mois à cause pour manquements aux procédures de sûreté. Selon le site airlineratings, seule Podeba coche actuellement les huit critères exigés par l'ICAO.
Jean-Michel Gradt
Les Echos
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