Michael Cohen pendant la campagne, dans l’Ohio, en septembre 2016. Déjà inculpé dans le Russiagate, l’ex-avocat du président plaide aujourd’hui coupable pour fraude fiscale et bancaire.
Reuters
A deux mois des élections de mi-mandat, une dizaine de proches collaborateurs du président sont sous le coup de la justice.
AMÉRIQUES © The Economist

Il y a deux ans, le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis avait promis de « nettoyer le marigot » politique de Washington. L’administration sur laquelle Donald Trump règne aujourd’hui est plus fétide que jamais. Le 21 août, son ancien directeur de campagne Paul Manafort a été jugé coupable de fraude fiscale et bancaire pour huit des dix-huit chefs d’inculpation qui pesaient sur lui. Le même jour, son ex-avocat, Michael Cohen, menacé des mêmes inculpations, a annoncé qu’il plaiderait coupable devant la justice.

Ces deux affaires sont sans doute les plus retentissantes, mais elles sont loin d’être les seules à Trumpland. Deux proches du président milliardaire, le responsable de l’agence de protection de l’Environnement Scott Pruitt et le secrétaire à la Santé et aux Services sociaux Tom Price, ont dû démissionner à la suite de révélations embarrassantes. Le second aurait dépensé plus d’un million de dollars d’argent public pour des vols privés, tandis que les charges pesant sur le premier sont trop nombreuses pour être énumérées.

Délits d’initiés
Plusieurs autres gradés sont soupçonnés de délits divers. Le 12 août, l’observatoire Campaign Legal Centre (CLC) déposait plainte contre le secrétaire au Commerce Wilbur Ross : il aurait pris des décisions politiques ayant affecté la valeur d’actions qu’il avait omis de déclarer. L’administration lui avait déjà reproché des « omissions et déclarations inexactes » dans la liste de parts de holdings qu’il détient.



Il aurait également dissimulé un investissement dans une entreprise de transport maritime russe liée au gendre de Vladimir Poutine. Cinq jours avant le dépôt de la plainte du CLC contre Ross, on apprenait l’arrestation de l’élu républicain au Congrès Chris Collins. Il se serait livré à un délit d’initié relatif à l’entreprise de biotechnologie pour laquelle travaille son fils. Mais il y a aussi Brenda Fitzgerald, ancienne directrice de l’agence fédérale de Santé, qui a dû démissionner quand on a appris qu’elle possédait des actions de cigarettiers. Ou le secrétaire au Développement urbain Ben Carson, qui aurait dépensé quelque 31 000 dollars pour meubler son bureau. Ou encore le secrétaire à l’Intérieur Ryan Zinke, qui payait ses déplacements en jet privé avec l’argent du contribuable. Quant au secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, lui aussi allergique aux transports en commun, il a effectué huit vols en avion militaire pour la modique somme d’un million de dollars.

Cela commence à faire beaucoup, direz-vous. Et pourtant, à quelques semaines des élections de mi-mandat de novembre, il semble peu probable que les électeurs du fin fond de l’Arkansas se soucient suffisamment des turpitudes d’un élu de l’Etat de New York dont ils n’ont jamais entendu parler pour voter démocrate. L’administration Trump est tellement minée par les scandales que chaque nouvelle révélation devient un simple banal épisode de plus •

© The Economist - London 2018