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Libye : « Ils semèrent la désolation et l’appelèrent Paix »

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  • Libye : « Ils semèrent la désolation et l’appelèrent Paix »

    vendredi, 21 septembre 2018



    (Ecofin Hebdo) - Violences, traite d’humains, immigration et terrorisme sont aujourd’hui devenus les quatre cavaliers de l’apocalypse libyen, sept années après la révolution ayant abouti à la chute du colonel Mouammar Al-Kadhafi. Encore aujourd’hui, le monde entier se pose des questions sur la justesse d’un événement qui, à ses débuts, a été décrit comme une « victoire de la démocratie », une « victoire du peuple face au tyran ».

    Près d’une décennie après l’intervention militaire d’une « coalition internationale » dans ce qui était autrefois l’un des pays les plus prospères d’Afrique, au systeme social le plus avancé, le chaos de la Libye d’aujourd’hui, au-delà de la nécessité d’y trouver une solution durable, soulève surtout des interrogations quant à la manière dont les événements se sont enchaînés pour aboutir à une situation de chaos, dans le Sahel, en proie aux djihadistes, et en Europe destablisée par la crise des migrants.

    2011 : la chute de l’indéboulonnable « Guide libyen »
    Le 20 octobre 2011 est probablement la date marquant le basculement de la Libye dans la nouvelle ère de chaos qui est la sienne. En effet, c’est ce jour-là qu’est tué l’ancien dictateur libyen, Mouammar Al-Kadhafi, après huit mois de guerre civile sanglante.

    Tout commence un 13 janvier 2011, lorsque les premières manifestations inspirées de la révolution tunisienne ont lieu dans le pays. Le peuple libyen, qui peut alors se targuer de vivre dans un pays où le PIB par habitant est, en 2010, de 13 800 $, et où le taux d’alphabétisation culmine à 83%, se sent néanmoins opprimé par 42 années de dictature.

    Comme pour prouver que le peuple ne peut pas seulement se contenter de « pain et de jeux », les citoyens réclament plus de libertés et de démocratie, un meilleur respect des droits de l'homme, une meilleure répartition des richesses ainsi que l'arrêt de la corruption au sein de l'État et de ses institutions.

    Pour éviter la chute de son pouvoir principalement axé sur les alliances tribales, le Guide libyen va d’abord prendre des mesures préventives : interdiction des rassemblements, annulation de rencontres sportives, suppression des taxes et droits de douane sur les aliments, prime de 324 euros par famille.

    Le guide libyen va d’abord prendre des mesures préventives : interdiction des rassemblements, annulation de rencontres sportives, suppression des taxes et droits de douane sur les aliments, prime de 324 euros par famille.

    Il annoncera même le déblocage d’un fonds de 24 milliards $ pour construire des logements et développer le pays. Grâce à cette mesure, le président libyen réussira à contenir la grogne populaire, et à s’éviter le même destin que son homologue égyptien Hosni Moubarak…mais pas pour longtemps.

    17 février 2011 : « Journée de la colère ».
    A partir de la mi-février, les manifestations prendront une nouvelle tournure. En effet, alors qu’à Benghazi des Libyens protestent contre l’arrestation de Fathi Tirbil, qui défendait les prisonniers morts lors du massacre d’Abou Salim en 1996, les manifestations se mueront en insurrection avec pour mot d’ordre le départ du Guide libyen. A partir du 17 février dite « la journée de la colère », l’insurrection s’engagera sur le chemin irréversible de la violence, marquée entre autre par l’attaque suicide de la caserne des militaires de Benghazi, perpétrée par Al-Mahdi Mohamed Ziou, un ingénieur pétrolier de 47 ans.

    A partir du 17 février dite « la journée de la colère », l’insurrection s’engagera sur le chemin irréversible de la violence, marquée entre autre par l’attaque suicide de la caserne des militaires de Benghazi, perpétrée par Al-Mahdi Mohamed Ziou, un ingénieur pétrolier de 47 ans.

    Commencera alors une série d’affrontements et de batailles armées, puis une véritable guerre civile qui fera des milliers de morts. Le colonel Kadhafi, dirigeant « providentiel » pour qui la révolution est animée par une « jeunesse droguée qui imite celles de la Tunisie et de l’Égypte », essuiera des défections au sein de son gouvernement et de son armée (dont une bonne partie a été affaiblie au cours de sa présidence afin de se prémunir contre les coups d’Etats).
    Pourtant la guerre civile libyenne de 2011 aurait pu prendre une toute autre tournure, sans l’intervention d’une coalition internationale dirigée principalement par la France et la Grande-Bretagne.

    Le rôle de la France et de la communauté internationale dans le conflit
    Si aujourd’hui le rôle de la France et de la communauté internationale est devenu un sujet sensible, cela est dû à la tournure d’une opération, censée arrêter les violences issues du conflit libyen.

    En effet, dès le 23 février, la France, dirigée alors par Nicolas Sarkozy, propose à l’Union Européenne l’adoption rapide de sanctions contre le régime du guide libyen. Appuyé par la Grande-Bretagne du premier ministre David Cameron, elle mène un front diplomatique anti-Kadhafi au sein de l’Organisation des Nations-Unies.

    A partir du 24 février, les avoirs du clan Kadhafi dans des pays comme la Suisse, les Etats-Unis, l’Autriche, la Grande-Bretagne et l’Espagne sont gelés tandis que la Turquie s’oppose à des sanctions qui « risquent de punir la population libyenne ».

    Le 17 mars, le conseil de sécurité de l’ONU vote la résolution 1973, qui autorise la création d’une zone d’exclusion aérienne au dessus du pays et la mise en place de mesure nécessaires pour assurer « la protection des civils ».

    Le 17 mars, le conseil de sécurité de l’ONU votera la résolution 1973, qui autorise la création d’une zone d’exclusion aérienne au dessus du pays et la mise en place de mesure nécessaires pour assurer « la protection des civils ».

    Dès lors, la coalition internationale lance une vague de bombardements sur les forces pro-Kadhafi, détruisant chars et systèmes de défense aérienne, et assurant un rôle de surveillance qui facilite la contre-offensive des insurgés dans le pays.

    Cependant les critiques envers la coalition se font grandissantes au fur et à mesure de l’évolution des combats. Si l’opinion publique française semble afficher son soutien au président Sarkozy, d’autres pays dénoncent un détournement des objectifs fixés par l’ONU à la coalition.

    La mission de protection des populations se transforme en guerre contre Kadhafi et en destruction de son armée. Tout d’abord, la ligue arabe qui soutenait les actions de la coalition internationale se ravisera estimant que les interventions devaient se limiter à des tactiques de brouillages et des stratégies logistiques.

    La mission de protection des populations se transforme en guerre contre Kadhafi et en destruction de son armée.

    L’Union africaine, la Chine et la Russie (qui s’étaient abstenus de voter lors de l’adoption de la résolution 1973), et plusieurs autres pays, appelleront à la cessation des hostilités afin de trouver une autre solution.

    L’Union africaine, la Chine et la Russie appelleront à la cessation des hostilités afin de trouver une autre solution.
    Gianpiero Cantoni, président de la commission Défense du Sénat italien à l’époque, accuse la France d’être « mue par la volonté d'obtenir des contrats pétroliers auprès des futures autorités libyennes, en cas de victoire des insurgés, et d'accroître son influence en Méditerranée ».

    Pendant que les « grands » discutent pour savoir qui aura le commandement des opérations en Libye, les combats continuent de faire rage sur le terrain. Finalement, les bombardements de la coalition internationale et la ténacité des réfugiés auront raison de l’armée loyaliste, fidèle au régime de Kadhafi, accusé d’avoir fait appel à des mercenaires pour massacrer la population.

    Le 20 octobre 2011, Mouammar Al-Kadhafi sera tué par les rebelles, alors qu’il tentait de se faire exfiltrer de Syrte, sa ville natale.

    .../...

  • #2
    Le déluge de l’après Kadhafi
    Si la mort du colonel Kadhafi a sonné la fin d’un régime dictatorial, elle a également pulvérisé le fragile équilibre politique du pays, et considérablement renforcé la menace djihadiste dans tous les pays de la région.

    En raison de l’incapacité de la communauté internationale à « assurer le service après-vente » en Libye, à travers une aide concrète pour la mise en place d’un nouvel Etat central fort, l’accalmie relative qu’a traversé le pays à la fin de cette première guerre civile, n’aura été que de courte durée.

    Le conflit aboutira à une deuxième guerre civile opposant depuis lors, le CGN (soutenu par le Qatar, le Soudan et la Turquie), au gouvernement d’union nationale présidée par Fayez el-Sarraj et appuyée par l’ONU, ainsi qu’au gouvernement de la chambre des représentants soutenus par le général Khalifa Haftar (avec l’aide de l’Egypte et des Etats-Unis).

    A partir de 2014, un nouveau conflit opposera les différentes forces présentes sur le nouvel échiquier politique dessiné par la chute de l’ex-dictateur libyen. Après les élections de 2012, le Congrès Général National (CGN) qui dirige le pays, verra sa légitimité mise en cause par les autres forces en présence. Le conflit aboutira à une deuxième guerre civile opposant depuis lors, le CGN (soutenu par le Qatar, le Soudan et la Turquie), au gouvernement d’union nationale présidé par Fayez el-Sarraj et appuyé par l’ONU, ainsi qu’au gouvernement de la chambre des représentants soutenu par le général Khalifa Haftar (avec l’aide de l’Egypte et des Etats-Unis).

    L’émergence du terrorisme sur fonds d’émigration massive
    L’anarchie régnant dans le pays a également permis aux groupes terroristes comme la branche libyenne de l’Etat Islamique, de s’armer afin de perpétrer des attentats à l’intérieur et hors du pays. Selon Yves Bonnet fondateur du Centre International de Recherches et d’Études sur le Terrorisme (CIRET-AVT), avec la chute de Kadhafi, « le verrou contre al-Qaida et les clandestins en Libye a sauté ».

    Armes et explosifs se déversent dans toute la région.
    Cette situation a donc également fait grimper les chiffres de l’émigration clandestine vers l’Europe, dont l’Italie représente l’une des principales portes d’entrée. En effet, avant sa chute le guide libyen servait de « tampon » entre les migrants clandestins à destination de l’Europe, et les pays européens. La conclusion de plusieurs accords avec le colonel Kadhafi permettait à ces derniers de bénéficier de l’aide de la Libye dans la régulation des afflux massifs de migrants vers leurs pays. La chute du Guide de la révolution et le chaos qui a suivi entraînera donc l’incapacité du pays à assurer sa part des accords, avec des conséquences immédiates. Ainsi, selon des statistiques officielles, plus de 690 000 migrants originaires d’Afrique subsaharienne, auraient accostés en Italie, principalement via la Libye depuis 2013.



    Plus personne ne contrôle le flux de migrants abandonné aux passeurs.
    Ces derniers chiffres contrastent avec les précédentes statistiques ayant cours sous l’ère Kadhafi. Selon un rapport de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), intitulé « Libye : en finir avec la traque des migrants », les côtes italiennes auraient accueilli entre août 2008 et juillet 2009, 20 655 migrants. Ce chiffre aurait continué à baisser avec les efforts du gouvernement Kadhafi, pour atteindre seulement 403 migrants pendant la même période en 2009/2010.

    Les côtes italiennes auraient accueilli entre août 2008 et juillet 2009, 20 655 migrants. Ce chiffre aurait continué à baisser avec les efforts du gouvernement Kadhafi, pour atteindre seulement 403 migrants pendant la même période en 2009/2010.

    Et avec l’émergence de nouveaux marchés aux esclaves dans le pays, les experts internationaux appellent à une action concertée des Etats pour mettre fin à cette crise.

    Une économie ébranlée
    Ces luttes politiques pour le pouvoir en Libye ont favorisé l’émergence de milices et groupes islamistes qui mènent des combats sanglants pour le contrôle de points stratégiques comme les aéroports ou les sites pétroliers.

    L’économie du pays qui est principalement axée sur les rentes pétrolières s’est effondrée. Selon les statistiques, la production pétrolière du pays qui atteignait 1,6 million de barils par jour sous le régime déchu, a considérablement baissé et évolue désormais au gré des affrontements qui ont lieu pour les contrôles des sites pétroliers. Si récemment les autorités ont annoncé avoir franchi la barre du million de baril, les experts craignent que de nouveaux combats affecte cette reprise de la production et fasse fuir à nouveau les investisseurs.

    Les violences ont également eu un impact considérable sur la devise nationale, ce qui a entraîné un ralentissement de l’activité économique et une crise de liquidités. Un énorme gap existe entre le taux officiel de change (qui est d’environ 1,35 dinar pour un dollar), et le taux en vigueur sur le marché parallèle (qui est estimé à environ 7 dinars pour un dollar). Ce qui a d’ailleurs poussé les responsables de la banque centrale à annoncer une taxe sur les devises en transactions étrangères, pour tenter d’harmoniser le taux de change du pays.

    Des solutions pour la sortie de crise ?
    C’est ce que tentent de mettre en place les dirigeants occidentaux en incluant toutes les factions de la sphère politique libyenne. Avec l’organisation de deux sommets libyens en 2017 et 2018, réunissant le Général Khalifa Haftar et le président Fayez el-Sarraj, le nouveau président français Emmanuel Macron semble vouloir réparer l’erreur commise par ses prédécesseurs.

    Et l’Europe fait désormais face à « la crise des migrants ».
    Par ailleurs, le désir d’une frange de la population libyenne de voir arriver au pouvoir Saïf al-Islam Kadhafi, fils de l’ex-dictateur, trahit une nostalgie presque générale des années Kadhafi.
    Pour l’instant, le pays fait face à de graves difficultés, tant sur le plan social, sécuritaire, politique qu’économique. Et si les prochaines élections prévues pour se dérouler d’ici à la fin de l’année (10 décembre) sont un début prometteur, il faudra encore beaucoup de temps, de soufrances et de moyens au peuple libyen pour sortir de la spirale chaotique dans laquelle il est embarqué.

    Moutiou Adjibi Nourou

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    • #3
      Sacré chantier !!! Je comprends mieux pourquoi les artisans-plâtriers marocains s'y précipitent ....:22:

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      • #4

        Sacré chantier !!! Je comprends mieux pourquoi les artisans-plâtriers marocains s'y précipitent ....
        autan que les mendiants: https://www.youtube.com/watch?v=Bw3l4hAork4

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        • #5
          Code:
          autan que les mendiants: https://www.youtube.com/watch?v=Bw3l4hAork4

          Oui !!! Je vois pas le rapport par contre ?????

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          • #6
            Je comprends mieux pourquoi les artisans-plâtriers marocains s'y précipitent ....
            __________________
            Ça s'appelle travailler, les hittistes déguisés en chauve-souris ne peuvent le comprendre.

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            • #7
              Oui !!! Je vois pas le rapport par contre ?????
              Le rapport est que autan les artisants-platriers marocains que les mendiants algériens se précipitent pour avoir leurs part du gateau

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              • #8
                ???

                La vidéo c'était pendant l'ère d' El-Ghadafi : la Libye se portait bien, plus maintenant ; c'est justement l'objet de notre discussion ici, d'où mon étonnement ?? .....
                L'indigence a gagné le pays. Avec une telle concurrence, les mendiants algériens ont du décamper, voir si l'herbe n'est pas plus verte ailleurs....A moins que tu n'ais une vidéo plus récente de mendigots algériens errant dans les villes mortes de la défunte libye...??

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                • #9
                  L’Union africaine, la Chine et la Russie (qui s’étaient abstenus de voter lors de l’adoption de la résolution 1973), et plusieurs autres pays, appelleront à la cessation des hostilités afin de trouver une autre solution.
                  L'histoire n'oubliera pas ceux qui avaient poussé à l'intervention militaire au lieu de donner la chance au cessez-le-feu et à la négociation. Certaines puissances l'avait fait par avidité ou calcul politique, d'autres par suivisme et aplaventrisme !!

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                  • #10
                    ....Plus personne pour ramasser les miettes ????

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                    • #11
                      L’Union africaine, la Chine et la Russie (qui s’étaient abstenus de voter lors de l’adoption de la résolution 1973), et plusieurs autres pays, appelleront à la cessation des hostilités afin de trouver une autre solution.

                      Les 3 pays qui représentaient l'Afrique au CS à savoir l'Afrique de Sud, le Nigeria et la Gabon, ont tous votés pour la résolution, donc contre Kadhafi et pour la politique des occidentaux. Alors que l'Allemagne s'est abstenue, malgré la préssion de ses alliés.

                      Si plus de 7 ans aprés les lybiens n'arrivent toujours pas à s'entendre sur une sortie de crise pour aller de l'avant, c'est aussi à cause du résultat catastrophique de la polique de Kaddafi, mené pendant près de 42 ans sans partage.

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                      • #12
                        yaou aalikoum men lybia

                        L'equation est simple quand on a deux hypothéses 1) etre bankable 2) fragile militairement; qui se rassemble alors les predateurs du monde contemporain appelé pudiquement "l'occident" se mettent à table pour creer ce qu'il appelle de la valeur ajouté en clair rasé tout et reconstruire au frais de la victime et ainsi tourne le monde moderne.
                        La morale de cette histoire fait partie deja de notre patrimoine culturel : "Kounek dib bach ma yekloukch ediaba"

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                        • #13
                          ( Sept ans ) Après la mort du Guide libyen, le pays n’est que l’ombre de lui-même, un pays morcelé et plongé dans le chaos.
                          *une catastrophe programmé par Sarko et des traitres libyens ???,
                          Actuellement le peuple libyen subit les conséquences
                          A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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                          • #14
                            Les 3 pays qui représentaient l'Afrique au CS
                            Il n'y a pas de réprésentant (formel) de l'Afrique, ni de l'europe d'ailleurs au CS. Les pays représentent eux-même.

                            Jean Ping explique la position de l'UA sur le conflit en Libye


                            ©
                            Par RFI Publié le 24-03-2011 Modifié le 24-03-2011 à 19:25

                            Jean Ping, le Président de la Commission de l'Union africaine s'exprime sur la guerre en Libye. De passage à Paris, il accorde, pour la première fois, et à notre antenne, un entretien sur le conflit en Libye et sur la position de l’Union africaine. Il tente une médiation entre les deux parties libyennes et essaie de faire avancer son projet d'un sommet sur ce pays, initialement prévu ce vendredi 25 mars 2011 à Addis-Abeba.



                            RFI : Samedi dernier à Nouakchott, le Comité de l’Union africaine a appelé à la cessation immédiate des hostilités en Libye. Est-ce que ça veut dire que vous êtes contre l’opération militaire internationale en Libye actuellement ?

                            Jean Ping : Je crois qu’il y a beaucoup de confusion. Tout ce qu’on a fait à Nouakchott est déprogrammé depuis le 10 mars. C'est-à-dire une semaine avant les décisions du Conseil de sécurité de l’Onu. La 10 mars, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a déclaré qu’il faut rejeter une intervention extérieure, qu’il faut une cessation immédiate des hostilités internes, qu’il faut aider à l’évacuation des étrangers y compris les travailleurs africains, étrangers en Libye, et qu’il faut que les aspirations du peuple libyen à la démocratie, à la liberté, soient prises en compte.

                            Vous savez que nous devions nous rendre en Libye et ensuite à Benghazi. Le dimanche nous devions être en Libye et le lundi à Benghazi, pour discuter avec le Conseil national de transition. Puis le Conseil de sécurité a pris sa décision, à l’Onu le 17. Et à Paris une réunion a eu lieu, pour engager immédiatement les hostilités.

                            Donc nous ne pouvions pas nous rendre en Libye ! On ne peut pas se rendre à Benghazi ! On a organisé une réunion le vendredi 25 mars, à Addis-Abeba, où les Libyens de Tripoli et de Benghazi sont invités à prendre part à une rencontre avec des membres du Conseil de sécurité et les membres de l’Union européenne, la Ligue arabe, etc. Nous avons donc un calendrier clair.

                            RFI : Il y a votre initiative diplomatique, mais à côté de cela, il y a cette opération militaire internationale. Quelle est votre position ?

                            J.P : La position de l’Union africaine est claire. Elle a été exprimée le 10 mars. Ensuite, trois membres africains du Conseil de sécurité de l’Onu - à savoir l’Afrique du sud, le Nigéria et le Gabon - ont voté pour.

                            RFI : Pour la résolution ?

                            J. P. : Ils auraient pu s’abstenir. Ils ont voté pour. En dépit du fait que la décision que nous avions prise le 10 mars – sept jours avant cette réunion – indiquait clairement que nous ne sommes pas pour une intervention militaire extérieure. Et lorsqu’on leur demande, ils nous expliquent qu’ils ont été obligés, dans les circonstances de négociations et de recherche d’un consensus, ils ont été amenés à voter oui. Je crois même que quelques Etats sont en train de s’expliquer, quelques Etats parmi les trois.

                            RFI : Vous pensez à l’Afrique du sud et au Gabon ?

                            J.P : Oui.

                            RFI : Ils auraient préféré voter non ou s’abstenir ?

                            J. P : Oui. Ils expliquent très bien qu’ils ont voté, mais dans le sens de la compréhension de la décision de l’Union africaine.

                            RFI : Alors cela veut dire que le 17 mars, en votant pour cette résolution de l’Onu, ces trois pays africains ont engagé l’Union africaine en faveur de cette intervention militaire ?

                            J.P : Nous n’allons pas nous opposer à une décision prise par la communauté internationale. Nous avons marqué nos réserves. Voyez-vous, à la réunion de Paris par exemple, aucun Africain n’était présent. La Ligue arabe était présente, mais l’Union africaine n’était pas là.

                            Et lorsque l’Union européenne et les autres préparaient la résolution et l’application personne n’est venu nous voir. Madame Ashton est allée au Caire ; elle n’est jamais venue nous voir. Même le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé est allé au Caire. Personne n’est venu nous voir !

                            RFI : C’est aussi un petit peu pour cela que vous êtes resté à Nouakchott et n’êtes pas venu à Paris, le 19 mars ?

                            J.P : En partie. Parce qu’à Nouakchott nous avions un programme en cours. On nous dit : « interrompez votre programme, venez à Paris ». Pour quoi faire ? On ne sait pas très bien.

                            RFI : Vous ne vouliez pas faire de la figuration en quelque sorte.

                            J.P : Parce que je crois que notre cher Amr Moussa [secrétaire de la Ligue arabe], était là pour le déjeuner et la photo. Et c’est tout. Et nous, on ne voulait pas faire ça.

                            RFI : Et vous vous dites : « Jean Ping n’ira pas faire de la figuration ».

                            J.P : Exactement.

                            RFI : Sur le fond, ce que disent les populations civiles de Benghazi, c’est que s’il n’y avait pas eu les frappes aériennes de la coalition, samedi soir dernier, sur l’armée libyenne, eh bien la ville de Benghazi aurait été reprise par l’armée libyenne et il y aurait eu un bain de sang.

                            J. P. : Je crois qu’ils ont cette interprétation, qui est sans doute juste. Je ne peux pas me prononcer là-dessus. Mais la différence qu’il y avait entre les événements en Libye, en Tunisie et en Egypte, c’est qu’en Tunisie la « révolution du jasmin » c’était une révolution pacifique. Personne n’est allé avec des chars du côté des jeunes révolutionnaires. En Libye c’était deux forces militaires. De chaque côté, il y avait de l’armement lourd ! Des chars ! Donc, ça s’apparentait beaucoup plus à une guerre civile. Et les risques, c’était la partition et la « somalisation » du pays.

                            RFI : A votre avis, est-ce que cette intervention militaire internationale en Libye peut faire avancer une solution, ou au contraire la retarder ?

                            J.P : Je crois que c’est la raison pour laquelle je suis là également. Vous avez noté, avant votre arrivée, que j’étais en train de m’entretenir avec un envoyé spécial de Madame Ashton. Je me suis entretenu avec Alain Juppé et le secrétaire général de l’Onu, pour savoir quels sont les objectifs qu’ils ont visés et quelle est la phase suivante. Si l’étape suivante consiste à utiliser la diplomatie, c’est la voie que nous préconisons et nous y sommes déjà.

                            RFI : Donc votre priorité aujourd’hui, c’est de réunir autour d’une table les partisans et les adversaires du colonel Kadhafi !

                            J.P : Cela a toujours été le plan de départ. Je vous le réaffirme !Il a été décidé le 10 mars par les chefs d’Etat. Nous ne sommes pas sortis de ce calendrier fixé par les chefs d’Etat.

                            RFI : Ce que disent les adversaires du colonel Kadhafi, au Conseil national de transition, c’est qu’il n’y a rien à négocier avec ce Monsieur, qui est un menteur. Ils refusent toute négociation. Est-ce que ce n’est pas un problème pour vous ?

                            J.P : Vous savez, nous, nous parlons avec eux. Nous savons qu’ils ont accepté de nous recevoir, comme Kadhafi. Les autorités de Tripoli, ont accepté de nous recevoir. Donc c’est à partir de là que les choses vont s’engager.

                            RFI : Vous prônez donc une solution politique. Est-ce que ça veut dire que vous souhaitez que le colonel Kadhafi reste au pouvoir ?

                            J. P : Non! Nous souhaitons une chose : c’est qu’on réponde aux aspirations du peuple libyen, à la démocratie, à la liberté, à l’Etat de droit. Et pour y arriver, nous pensons qu’il faut engager une négociation. Mais n’allez surtout pas imaginer que nous voulons que les choses restent en l’état ! Ce n’est pas possible !

                            RFI : Le Conseil national de transition dit que jamais le colonel Kadhafi n’acceptera le verdict des urnes.

                            J.P : Oui. Beaucoup de gens le disent. Des pays africains vont même plus loin ; qu’il n’acceptera rien du tout. C’est tout à fait possible et c’est ce que nous cherchons à voir.

                            RFI : Et c’est pour ça que vous voulez parler avec lui ?

                            J.P : Exactement.

                            RFI : Mais ce sommet du 25 c’est demain ! Il sera nécessairement reporté. Est-ce que vous avez déjà une autre date indicative ?

                            J.P : Non. Pourquoi vous voulez que ce soit reporté ? La partie libyenne a accepté, il y a trois jours, l’intégralité de ce que je viens de vous dire. Pas seulement le cessez-le-feu, mais y compris le paragraphe 4 quant à la légitimité des aspirations du peuple libyen, à la démocratie, à la réforme politique et à la sécurité.

                            RFI : Vous dites que le camp Kadhafi a accepté de venir à cette réunion à Addis-Abeba. En revanche, vous n’avez toujours pas de réponse du Conseil national de transition de Benghazi.

                            J.P : Nous attendons l’acceptation formelle des gens de Benghazi, pour venir à Addis-Abeba. S’ils ne viennent pas à Addis-Abeba… Nous leur avons proposé de les rencontrer, soit à Benghazi, soit au Caire, soit à Tunis. Comme je vous l’ai dit, dès mon entrée en fonction, je ne suis ni pour la précipitation, ni pour la diplomatie du mégaphone.

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                            • #15
                              Guide libyen
                              Il faut bien croire que c'était un chauffard fini.
                              Pendant 42 ans avec une richesse incommensurable, il n'a pas réussi à faire arriver son pays vers la ligne de la prospérité et l'unité cultivant la haine des autres et achetant la complaisance des autres en monnaie sonnantes,. l'égocentrique personnage du chef libyen à conduit sûrement son pays vers la catastrophe au lieu d'en faire un eldorado comme les émirats parce-que il était très loin du stratége qu'on lui attribuait.
                              Dernière modification par Anzoul, 23 septembre 2018, 00h02.

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