Article intéressant provenant du journal israélien "Yediot Aharonot"
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Les Juifs français votent-ils pour Le Pen? Sont-ils avec Sarkozy? Pour le correspondant à Paris du quotidien populaire israélien Yediot Aharonot, beaucoup de Juifs rechignent toujours à voter à droite, préférant la gauche et le centre.
Le vote des Juifs de France suscite un intérêt sans proportion avec leur représentation dans la population (moins de 1 %). La question obsédante du vote juif était déjà au cœur des débats il y a cinq ans, lorsque Jean-Marie Le Pen avait ébranlé la France en accédant au second tour de l'élection présidentielle. Le propriétaire d'un restaurant réputé du quartier juif de Paris avait ainsi déclaré devant des caméras de télévision son intention de voter pour le candidat d'extrême droite. Une déclaration maladroite qui avait suffi pour que l'on attribue aux Juifs la progression embarrassante de Le Pen dans les sondages.
Peu importait alors que la communauté juive soit aux premiers rangs de la lutte contre le Front national. Ni même que Le Pen ait réalisé des scores nettement moins bons dans les régions à forte présence juive. L'affirmation "les juifs votent Le Pen" s'est alors ancrée dans certaines franges du discours politique français.
Il faut rétablir la vérité : dans la communauté juive française, une minorité vote effectivement pour Le Pen en dépit de ses infâmes déclarations antisémites. Cela fait sans doute partie du prix à payer pour l'assimilation des Français de confession juive. Car, malgré la vague d'antisémitisme qu'enregistre la France, la majorité des Juifs de France sont restés concentrés à Paris et à Marseille. Ils ont le cœur en Israël, certains possèdent même des appartements à Tel-Aviv, mais la priorité de 90 % de la communauté a toujours été et reste la France. En tant que citoyens français, ces Juifs partagent les préoccupations de la société, pour le meilleur et pour le pire, et ils sont même une fraction à voter Le Pen.
Mais, en dehors de ceux-là, pour qui les Juifs vont-ils voter ? L'opinion générale en France affirme que "les Juifs sont avec Sarkozy". On donne des explications variées à leur soutien : les racines juives du candidat de l'UMP, son soutien déclaré à Israël, mais aussi un lourd contentieux entre certaines parties de la communauté juive et la gauche, devenue adepte du dénigrement systématique de l'Etat hébreu. C'est une affirmation à prendre avec des pincettes. Traditionnellement, les Juifs français ont toujours voté à gauche. Une gauche qui, pendant des dizaines d'années, a fait la preuve de sa fidèle amitié envers Israël et les Juifs. Au regard des années de tensions entre Paris et Jérusalem que furent les présidences de De Gaulle, Pompidou, Giscard et Chirac, le président socialiste François Mitterrand fut un véritable ami, et c'est un socialiste, le Premier ministre Lionel Jospin, qui n'avait pas hésité à qualifier le Hezbollah d'organisation terroriste.
Nicolas Sarkozy est allé plus loin en soutenant Israël lors du conflit au Liban l'été dernier. Ces dernières années, il a par ailleurs donné l'image d'un homme cherchant à apaiser les flammes de l'antisémitisme français. Les représentants de la communauté juive pressentent que Sarkozy bénéficiera effectivement d'une part importante du vote de leurs coreligionnaires. Reste qu'ils sont aussi nombreux à rechigner à mettre un bulletin de droite dans l'urne : ceux-là préféreront malgré tout donner leur voix à la socialiste Ségolène Royal ou, par défaut, au centriste François Bayrou.
Au bout du compte, le vote juif sera probablement beaucoup moins homogène qu'on ne le dit. Certains voudraient mettre tout le monde dans le même panier. Les Juifs de France sont bien plus intelligents que ça.
Sefi Hendler
Yediot Aharonot
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Les Juifs français votent-ils pour Le Pen? Sont-ils avec Sarkozy? Pour le correspondant à Paris du quotidien populaire israélien Yediot Aharonot, beaucoup de Juifs rechignent toujours à voter à droite, préférant la gauche et le centre.
Le vote des Juifs de France suscite un intérêt sans proportion avec leur représentation dans la population (moins de 1 %). La question obsédante du vote juif était déjà au cœur des débats il y a cinq ans, lorsque Jean-Marie Le Pen avait ébranlé la France en accédant au second tour de l'élection présidentielle. Le propriétaire d'un restaurant réputé du quartier juif de Paris avait ainsi déclaré devant des caméras de télévision son intention de voter pour le candidat d'extrême droite. Une déclaration maladroite qui avait suffi pour que l'on attribue aux Juifs la progression embarrassante de Le Pen dans les sondages.
Peu importait alors que la communauté juive soit aux premiers rangs de la lutte contre le Front national. Ni même que Le Pen ait réalisé des scores nettement moins bons dans les régions à forte présence juive. L'affirmation "les juifs votent Le Pen" s'est alors ancrée dans certaines franges du discours politique français.
Il faut rétablir la vérité : dans la communauté juive française, une minorité vote effectivement pour Le Pen en dépit de ses infâmes déclarations antisémites. Cela fait sans doute partie du prix à payer pour l'assimilation des Français de confession juive. Car, malgré la vague d'antisémitisme qu'enregistre la France, la majorité des Juifs de France sont restés concentrés à Paris et à Marseille. Ils ont le cœur en Israël, certains possèdent même des appartements à Tel-Aviv, mais la priorité de 90 % de la communauté a toujours été et reste la France. En tant que citoyens français, ces Juifs partagent les préoccupations de la société, pour le meilleur et pour le pire, et ils sont même une fraction à voter Le Pen.
Mais, en dehors de ceux-là, pour qui les Juifs vont-ils voter ? L'opinion générale en France affirme que "les Juifs sont avec Sarkozy". On donne des explications variées à leur soutien : les racines juives du candidat de l'UMP, son soutien déclaré à Israël, mais aussi un lourd contentieux entre certaines parties de la communauté juive et la gauche, devenue adepte du dénigrement systématique de l'Etat hébreu. C'est une affirmation à prendre avec des pincettes. Traditionnellement, les Juifs français ont toujours voté à gauche. Une gauche qui, pendant des dizaines d'années, a fait la preuve de sa fidèle amitié envers Israël et les Juifs. Au regard des années de tensions entre Paris et Jérusalem que furent les présidences de De Gaulle, Pompidou, Giscard et Chirac, le président socialiste François Mitterrand fut un véritable ami, et c'est un socialiste, le Premier ministre Lionel Jospin, qui n'avait pas hésité à qualifier le Hezbollah d'organisation terroriste.
Nicolas Sarkozy est allé plus loin en soutenant Israël lors du conflit au Liban l'été dernier. Ces dernières années, il a par ailleurs donné l'image d'un homme cherchant à apaiser les flammes de l'antisémitisme français. Les représentants de la communauté juive pressentent que Sarkozy bénéficiera effectivement d'une part importante du vote de leurs coreligionnaires. Reste qu'ils sont aussi nombreux à rechigner à mettre un bulletin de droite dans l'urne : ceux-là préféreront malgré tout donner leur voix à la socialiste Ségolène Royal ou, par défaut, au centriste François Bayrou.
Au bout du compte, le vote juif sera probablement beaucoup moins homogène qu'on ne le dit. Certains voudraient mettre tout le monde dans le même panier. Les Juifs de France sont bien plus intelligents que ça.
Sefi Hendler
Yediot Aharonot
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