Je mentirai si je disais partager l'avis de l'auteur de cette analyse du néocolonialisme par l´ingérence humanitaire mais le problème qu'il soulève est d'importance et mérite d'être posé et pensé.
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Depuis quelque temps, on s'agite en Occident pour une cause qualifiée par les Occidentaux "d´humanitaire" au point de mettre en branle dans une pièce bien orchestrée les médias, certains zélés et des intellectuels ou acteurs qui passent en boucle. En toute objectivité, on est en droit de se demander où est la morale dans ce type de comportement? Pour avoir été maintes fois échaudés, nous en venons à douter de tout et particulièrement de tout ce qui nous vient de l´Occident, tant il est vrai que ce dernier continue à vouloir dicter la norme de ce qu´il faut croire ou ne pas croire, de diaboliser ou au contraire porter aux nues. En l'occurrence, le Darfour constitue, à n´en point douter, la nouvelle croisade pseudo-humanitaire qui est assurément une néocolonisation.
En réalité, on ne s´est jamais posé la question: "Pourquoi a-t-on besoin d´humanitaires?" A la base de toute catastrophe et partant, intervention, voire ingérence, il y a une cause, l´intérêt.
En règle générale, les pays vulnérables le sont devenus encore plus du fait d´une ingérence coloniale ou d´une décolonisation bâclée laissant les pays colonisés exsangues avec souvent une économie extravertie en direction des métropoles. L´une des catastrophes humanitaires au quotidien et qui perdure depuis février 1991 est celle du peuple et des enfants irakiens. Que font les humanitaires en Irak? Rien! Que font les humanitaires en Afghanistan? Rien ou si peu, ils colmatent des plaies béantes. Que font les humanitaires à Ghaza, ce mouroir à ciel ouvert? Tragiquement rien!
Le politologue Louis Gautier fait remonter le concept d´ingérence à la nouvelle doctrine occidentale en matière de défense. Ecoutons-le "..Depuis la fin de la guerre froide, les droites et les gauches européennes ont été amenées à rompre avec leurs substrats idéologiques traditionnels en matière de défense... À partir de 1990, les Européens ont réinventé " la guerre sans la guerre" avec une profonde adaptation de leur politique militaire. (..) C´est François Mitterrand qui décide de déployer le plus grand détachement français depuis 1962 dans la guerre du Golfe en 1990; c´est Gerhard Schröder qui, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, engage des soldats allemands dans un conflit en 1999 au Kosovo; c´est Tony Blair qui aventure des troupes britanniques en Irak dans l´expédition militaire la plus controversée d´après-guerre froide.(1)
Les alibis pour l´intervention
"La rupture idéologique est précisément consommée sur deux points essentiels: l´usage légitime de la force n´est plus réservé à la défense de la patrie ou de ses intérêts vitaux, mais à la défense de valeurs et d´un modèle démocratique projeté sur la société internationale; l´emploi des armes n´est plus une réponse ultime à une agression mais le plus souvent une réponse préventive délivrée dans l´urgence.(...) En effet, sous l´impulsion d´un fort courant intellectuel, associatif et militant, la gauche française a été pionnière en matière d´ingérence humanitaire, notamment autour de la figure et des combats menés par Bernard Kouchner (2). (..) La guerre est, en quelque sorte, "euphémisée". Au Parlement, on préfère parler d´"actions humanitaires", de "missions au service de la paix". Contraste saisissant entre cette terminologie, affadissant la réalité, et le souci de vérité historique qui, parallèlement, pousse une Assemblée nationale de gauche à voter des lois pour requalifier en guerre les "opérations de pacification en Algérie" (1)
C´est à l´occasion de l´intervention militaire de plusieurs Etats occidentaux au Kurdistan irakien, en avril 1991, que l´on a, pour la première fois, évoqué l´émergence d´un véritable "droit d´ingérence". L´action a été présentée comme destinée à protéger les Kurdes alors sévèrement réprimés par les autorités irakiennes. Pas un mot humanitaire pour les 500.000 enfants irakiens morts des suites de l´embargo inhumain. Le respect des droits de la personne, nous dit-on, devait dorénavant être assuré par des actions menées par la "communauté internationale".
Le Conseil de sécurité, invoquait une "menace contre la paix et la sécurité internationales". Ce même motif justifia l´autorisation explicite donnée par le Conseil à l´opération "Restore Hope" ("Restaurer l´espoir"), menée en Somalie à partir de la fin 1992. En 1994, c´est la France qui conduisait au Rwanda l´"Opération turquoise", destinée à protéger les populations de la guerre génocidaire qui déchirait le pays. Puis ce fut le canular du Kosovo que nous allons détailler. L´affaire du Kosovo fut montée de toutes pièces pour diaboliser Belgrade. Comme le pensent Serge Halimi et Dominique Vidal: "Le Kosovo était victime, depuis plus de dix ans, de la politique d´apartheid menée par Belgrade. Et la répression contre l´Armée de libération (UCK) y avait pris, en 1998, un tour massif et sanglant. S´agissait-il pour autant d´un génocide que seule l´intervention occidentale pouvait stopper? Un an après, cette justification de la guerre menée par l´Otan a perdu beaucoup de sa crédibilité - et avec elle, la couverture médiatique soi-disant "exemplaire" de l´opération ".(3).
"Le 17 juin, le Foreign Office britannique déclare que" 10.000 personnes ont été tuées dans plus de 100 massacres"; le 25, le président Clinton confirme le chiffre de 10.000 Kosovars tués par les Serbes (cité par The Nation, 8 novembre).
Nommé représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, M.Bernard Kouchner parlera, le 2 août, de 11.000 Kosovars exhumés des fosses communes - le Tribunal de La Haye démentira dans la journée. Dès le 23 septembre, le quotidien espagnol El País publie un article intitulé "Les policiers et juristes espagnols ne trouvent pas de preuves de génocide au nord du Kosovo".
Il révèle: "Crimes de guerre oui, génocide non. " On nous disait que nous nous rendions vers la pire zone du Kosovo, que nous devions nous préparer à pratiquer plus de 2000 autopsies, que nous aurions à travailler jusqu´à la fin du mois de novembre; le résultat est bien différent: nous avons découvert 187 cadavres et nous sommes déjà de retour", a expliqué, graphiques à l´appui, l´inspecteur chef, Juan Lopez Palafox, responsable de la section anthropologique de la police scientifique.(3)
Ils démontent, références à l´appui, la thèse médiatique qui fut servie et qui servit principalement à: démanteler l´état socialiste multiethnique et multiculturel yougoslave.
Légitimer le droit du plus fort à faire et défaire les gouvernements: l´idée chère à Bernard Kouchner de l´ingérence humanitaire. Celui-là, d´ailleurs, soutiendra la guerre en Irak.
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Depuis quelque temps, on s'agite en Occident pour une cause qualifiée par les Occidentaux "d´humanitaire" au point de mettre en branle dans une pièce bien orchestrée les médias, certains zélés et des intellectuels ou acteurs qui passent en boucle. En toute objectivité, on est en droit de se demander où est la morale dans ce type de comportement? Pour avoir été maintes fois échaudés, nous en venons à douter de tout et particulièrement de tout ce qui nous vient de l´Occident, tant il est vrai que ce dernier continue à vouloir dicter la norme de ce qu´il faut croire ou ne pas croire, de diaboliser ou au contraire porter aux nues. En l'occurrence, le Darfour constitue, à n´en point douter, la nouvelle croisade pseudo-humanitaire qui est assurément une néocolonisation.
En réalité, on ne s´est jamais posé la question: "Pourquoi a-t-on besoin d´humanitaires?" A la base de toute catastrophe et partant, intervention, voire ingérence, il y a une cause, l´intérêt.
En règle générale, les pays vulnérables le sont devenus encore plus du fait d´une ingérence coloniale ou d´une décolonisation bâclée laissant les pays colonisés exsangues avec souvent une économie extravertie en direction des métropoles. L´une des catastrophes humanitaires au quotidien et qui perdure depuis février 1991 est celle du peuple et des enfants irakiens. Que font les humanitaires en Irak? Rien! Que font les humanitaires en Afghanistan? Rien ou si peu, ils colmatent des plaies béantes. Que font les humanitaires à Ghaza, ce mouroir à ciel ouvert? Tragiquement rien!
Le politologue Louis Gautier fait remonter le concept d´ingérence à la nouvelle doctrine occidentale en matière de défense. Ecoutons-le "..Depuis la fin de la guerre froide, les droites et les gauches européennes ont été amenées à rompre avec leurs substrats idéologiques traditionnels en matière de défense... À partir de 1990, les Européens ont réinventé " la guerre sans la guerre" avec une profonde adaptation de leur politique militaire. (..) C´est François Mitterrand qui décide de déployer le plus grand détachement français depuis 1962 dans la guerre du Golfe en 1990; c´est Gerhard Schröder qui, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, engage des soldats allemands dans un conflit en 1999 au Kosovo; c´est Tony Blair qui aventure des troupes britanniques en Irak dans l´expédition militaire la plus controversée d´après-guerre froide.(1)
Les alibis pour l´intervention
"La rupture idéologique est précisément consommée sur deux points essentiels: l´usage légitime de la force n´est plus réservé à la défense de la patrie ou de ses intérêts vitaux, mais à la défense de valeurs et d´un modèle démocratique projeté sur la société internationale; l´emploi des armes n´est plus une réponse ultime à une agression mais le plus souvent une réponse préventive délivrée dans l´urgence.(...) En effet, sous l´impulsion d´un fort courant intellectuel, associatif et militant, la gauche française a été pionnière en matière d´ingérence humanitaire, notamment autour de la figure et des combats menés par Bernard Kouchner (2). (..) La guerre est, en quelque sorte, "euphémisée". Au Parlement, on préfère parler d´"actions humanitaires", de "missions au service de la paix". Contraste saisissant entre cette terminologie, affadissant la réalité, et le souci de vérité historique qui, parallèlement, pousse une Assemblée nationale de gauche à voter des lois pour requalifier en guerre les "opérations de pacification en Algérie" (1)
C´est à l´occasion de l´intervention militaire de plusieurs Etats occidentaux au Kurdistan irakien, en avril 1991, que l´on a, pour la première fois, évoqué l´émergence d´un véritable "droit d´ingérence". L´action a été présentée comme destinée à protéger les Kurdes alors sévèrement réprimés par les autorités irakiennes. Pas un mot humanitaire pour les 500.000 enfants irakiens morts des suites de l´embargo inhumain. Le respect des droits de la personne, nous dit-on, devait dorénavant être assuré par des actions menées par la "communauté internationale".
Le Conseil de sécurité, invoquait une "menace contre la paix et la sécurité internationales". Ce même motif justifia l´autorisation explicite donnée par le Conseil à l´opération "Restore Hope" ("Restaurer l´espoir"), menée en Somalie à partir de la fin 1992. En 1994, c´est la France qui conduisait au Rwanda l´"Opération turquoise", destinée à protéger les populations de la guerre génocidaire qui déchirait le pays. Puis ce fut le canular du Kosovo que nous allons détailler. L´affaire du Kosovo fut montée de toutes pièces pour diaboliser Belgrade. Comme le pensent Serge Halimi et Dominique Vidal: "Le Kosovo était victime, depuis plus de dix ans, de la politique d´apartheid menée par Belgrade. Et la répression contre l´Armée de libération (UCK) y avait pris, en 1998, un tour massif et sanglant. S´agissait-il pour autant d´un génocide que seule l´intervention occidentale pouvait stopper? Un an après, cette justification de la guerre menée par l´Otan a perdu beaucoup de sa crédibilité - et avec elle, la couverture médiatique soi-disant "exemplaire" de l´opération ".(3).
"Le 17 juin, le Foreign Office britannique déclare que" 10.000 personnes ont été tuées dans plus de 100 massacres"; le 25, le président Clinton confirme le chiffre de 10.000 Kosovars tués par les Serbes (cité par The Nation, 8 novembre).
Nommé représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, M.Bernard Kouchner parlera, le 2 août, de 11.000 Kosovars exhumés des fosses communes - le Tribunal de La Haye démentira dans la journée. Dès le 23 septembre, le quotidien espagnol El País publie un article intitulé "Les policiers et juristes espagnols ne trouvent pas de preuves de génocide au nord du Kosovo".
Il révèle: "Crimes de guerre oui, génocide non. " On nous disait que nous nous rendions vers la pire zone du Kosovo, que nous devions nous préparer à pratiquer plus de 2000 autopsies, que nous aurions à travailler jusqu´à la fin du mois de novembre; le résultat est bien différent: nous avons découvert 187 cadavres et nous sommes déjà de retour", a expliqué, graphiques à l´appui, l´inspecteur chef, Juan Lopez Palafox, responsable de la section anthropologique de la police scientifique.(3)
Ils démontent, références à l´appui, la thèse médiatique qui fut servie et qui servit principalement à: démanteler l´état socialiste multiethnique et multiculturel yougoslave.
Légitimer le droit du plus fort à faire et défaire les gouvernements: l´idée chère à Bernard Kouchner de l´ingérence humanitaire. Celui-là, d´ailleurs, soutiendra la guerre en Irak.
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