Par Zakia Abdennebi Reuters - 05/09/2007.DOUAR ESCUELA, Maroc (Reuters) - Pour mieux se faire entendre, Kadi Youssef baisse le son du poste de radio qui déverse le prêche d'un imam dans sa boutique envahie de mouches du Douar Escuela.L'épicier barbu parle du désespoir et du chômage qui règnent dans ce bidonville du quartier déshérité de Sidi Moumen, à Casablanca, et prédit que les législatives prévues vendredi au Maroc ne changeront rien à cet état de chose.
"Les gens ont perdu confiance parce c'est la même histoire à chaque élection", explique-t-il en reprochant aux politiciens de ne jamais tenir leurs belles promesses.
A l'en croire, les choses ont empiré depuis les attentats suicides commis en mars par des jeunes originaires du Douar Escuela, d'où venaient également les kamikazes auteurs d'une sanglante série d'attaques contre des restaurants de Casablanca en 2003.
"Le chômage est partout, plus particulièrement depuis les explosions", dit Kadi Youssef. "Les gens refusent d'employer les jeunes du quartier. Ils les accusent d'être des terroristes. Quiconque porte la barbe se fait traiter de fanatique et d'arriéré."
Dans le dédale de ruelles de ce quartier d'habitations de parpaing surmontées de toits en tôle ondulée, des enfants jouent pieds nus parmi les monceaux d'ordures et les égouts à ciel ouvert dégageant des odeurs fétides.
Les habitants partagent la lassitude de Kadi Youssef au sujet des promesses politiciennes. "Je tire le diable par la queue. On n'a droit qu'à de belles promesses au moment des élections", se lamente Melodia Sade, une divorcée de 54 ans.
"Je ne vois aucun d'espoir pour l'avenir. L'été nous souffrons de la chaleur et l'hiver il y a des problèmes de fuites. Et puis il y a les rats", raconte cette mère de quatre enfants.
VOTER POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS?
On peut entendre de telles plaintes dans n'importe quel autre bidonville du royaume. Mais les habitants du douar se plaignent en outre d'être stigmatisés par le monde extérieur.
Le fait que les kamikazes en viennent le désigne comme un nid de terroristes, souligne El Hadj Mohamed, un habitant de 66 ans qui s'aide d'une canne pour marcher.
"Nous avons perdu confiance et nos enfants ont perdu confiance parce qu'ils sont chômeurs. Personne ne veut les embaucher. On les accuse d'être des terroristes."
"J'ai perdu ma foi dans les élections", dit Khaled Drdak, un chômeur de 32 ans, qui pour faire vivre sa femme et ses deux enfants propose les services de sa charrette à âne au marché voisin. "Je n'ai même pas un intérieur à moi pour dormir."
Certaines habitations du Douar Escuela ont été rasées dans le cadre d'un plan gouvernemental d'éradication des bidonvilles mais la plupart sont restées debout, dépourvues d'eau courante et d'évacuations dignes de ce nom.
Les habitants forment des files d'attente devant les colonnes d'alimentation, d'où l'eau perle parcimonieusement. Certains affirment que la pénurie n'a fait qu'empirer depuis le début de la campagne électorale.
"Nous passons six heures à remplir nos brocs. Ils le font exprès pour nous pousser à voter afin qu'en échange quelqu'un vienne régler le problème", explique Bouchra Mesbah, un jeune homme de 19 ans employé dans une manufacture de chaussures.
Mais, à entendre les habitants du Douar, on se convainc que peu iront voter vendredi, bien que les islamistes affirment que des agents électoraux sauront convaincre les récalcitrants pour une poignée de dirhams.
"Les gens vivent dans le plus grand dénuement. Ils ne croient pas que les élections vont améliorer leur sort. Cela suffit pour qu'ils succombent à la tentation de l'argent", dit Azdine Akesbi, secrétaire général de Transparency Maroc.
"Les gens ont perdu confiance parce c'est la même histoire à chaque élection", explique-t-il en reprochant aux politiciens de ne jamais tenir leurs belles promesses.
A l'en croire, les choses ont empiré depuis les attentats suicides commis en mars par des jeunes originaires du Douar Escuela, d'où venaient également les kamikazes auteurs d'une sanglante série d'attaques contre des restaurants de Casablanca en 2003.
"Le chômage est partout, plus particulièrement depuis les explosions", dit Kadi Youssef. "Les gens refusent d'employer les jeunes du quartier. Ils les accusent d'être des terroristes. Quiconque porte la barbe se fait traiter de fanatique et d'arriéré."
Dans le dédale de ruelles de ce quartier d'habitations de parpaing surmontées de toits en tôle ondulée, des enfants jouent pieds nus parmi les monceaux d'ordures et les égouts à ciel ouvert dégageant des odeurs fétides.
Les habitants partagent la lassitude de Kadi Youssef au sujet des promesses politiciennes. "Je tire le diable par la queue. On n'a droit qu'à de belles promesses au moment des élections", se lamente Melodia Sade, une divorcée de 54 ans.
"Je ne vois aucun d'espoir pour l'avenir. L'été nous souffrons de la chaleur et l'hiver il y a des problèmes de fuites. Et puis il y a les rats", raconte cette mère de quatre enfants.
VOTER POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS?
On peut entendre de telles plaintes dans n'importe quel autre bidonville du royaume. Mais les habitants du douar se plaignent en outre d'être stigmatisés par le monde extérieur.
Le fait que les kamikazes en viennent le désigne comme un nid de terroristes, souligne El Hadj Mohamed, un habitant de 66 ans qui s'aide d'une canne pour marcher.
"Nous avons perdu confiance et nos enfants ont perdu confiance parce qu'ils sont chômeurs. Personne ne veut les embaucher. On les accuse d'être des terroristes."
"J'ai perdu ma foi dans les élections", dit Khaled Drdak, un chômeur de 32 ans, qui pour faire vivre sa femme et ses deux enfants propose les services de sa charrette à âne au marché voisin. "Je n'ai même pas un intérieur à moi pour dormir."
Certaines habitations du Douar Escuela ont été rasées dans le cadre d'un plan gouvernemental d'éradication des bidonvilles mais la plupart sont restées debout, dépourvues d'eau courante et d'évacuations dignes de ce nom.
Les habitants forment des files d'attente devant les colonnes d'alimentation, d'où l'eau perle parcimonieusement. Certains affirment que la pénurie n'a fait qu'empirer depuis le début de la campagne électorale.
"Nous passons six heures à remplir nos brocs. Ils le font exprès pour nous pousser à voter afin qu'en échange quelqu'un vienne régler le problème", explique Bouchra Mesbah, un jeune homme de 19 ans employé dans une manufacture de chaussures.
Mais, à entendre les habitants du Douar, on se convainc que peu iront voter vendredi, bien que les islamistes affirment que des agents électoraux sauront convaincre les récalcitrants pour une poignée de dirhams.
"Les gens vivent dans le plus grand dénuement. Ils ne croient pas que les élections vont améliorer leur sort. Cela suffit pour qu'ils succombent à la tentation de l'argent", dit Azdine Akesbi, secrétaire général de Transparency Maroc.
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