Alors que Rabat a rappelé son ambassadeur en Espagne
Minimisant la crise avec Rabat suite à l’annonce de la visite du roi Juan Carlos dans les enclaves de Ceuta et Melilla, les responsables et médias espagnols se déclaraient hier surpris par la vigueur de la réaction marocaine.
Autant le Makhzen dénonce haut et fort le déplacement du souverain espagnol dans les villes de Ceuta et Melilla, autant Madrid refuse d’entrer dans la polémique. Se limitant à qualifier de “regrettable”, la décision du Maroc de rappeler son ambassadeur en Espagne pour consultations en signe de protestation, les autorités ibériques se gardent de réagir officiellement à la colère des Marocains.
Pour le ministre espagnol de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, le rappel de l’ambassadeur “est un geste avec lequel nous sommes en désaccord, mais nous avons de bonnes relations avec le Maroc et nous sommes sûrs qu'elles vont se poursuivre”. Il indiquera dans la foulée que Madrid n'avait pas l'intention de prendre une mesure similaire.
Par ailleurs, la majeure partie de la presse espagnole, qui a traité hier le sujet à la une a jugé “disproportionnée” la réaction de Rabat et en réaffirmant la souveraineté espagnole sur Ceuta et Melilla. “Parler de villes spoliées, comme l'a fait l'exécutif marocain, est un mensonge : toutes deux sont espagnoles depuis les XVe et XVIe siècles, plusieurs siècles avant l'existence du Maroc”, écrivait l’éditorialiste du quotidien El Mundo. De son côté, El Païs affirme par la voix d’un diplomate espagnol que “si Moratinos avait eu la moindre idée de ce qui allait se passer, il ne serait pas resté passer le pont au Maroc”. En revanche, l’ire des officiels marocains ne semble pas avoir de limites, si l’on en juge par la dernière réaction en date de Abdelilah Benkirane, responsable islamiste et membre de la commission parlementaire des Affaires étrangères du parlement marocain. Il s'agit d'une “provocation, les deux villes sont historiquement marocaines”, a-t-il notamment déclaré, lors d'une émission de la chaîne de télévision Al Jazeera dans la nuit de vendredi à samedi. “Il faut être aveugle pour croire que Sebta et Melilla ne sont pas marocaines”, clamera-t-il.
Benkirane a en outre indiqué à Al Jazeera que le Maroc a le droit, en cas de besoin, de “recourir notamment à l'ONU et à la Cour internationale de justice (CIJ) pour récupérer les deux villes occupées”. Ne s’arrêtant pas à ce stade, il suggérera : “Pourquoi pas une autre marche verte”, en faisant allusion à une marche organisée en 1975 par le roi Hassan II vers le Sahara occidental.
Il affirmera même que “la visite du président français Nicolas Sarkozy au Maroc a peut-être dérangé les intérêts espagnols dans notre pays où des contrats avec la France ont été conclus”.
Il surprendra toutefois son auditoire, en relativisant l'impact négatif de la visite de Juan Carlos sur les relations de son pays avec l'Espagne. “Je ne pense pas que cette visite puisse conduire à une grave crise politique entre les deux pays”, dira-t-il. Emboîtant le pas aux officiels, la presse marocaine a fustigé hier la prochaine visite du souverain espagnol Juan Carlos dans les enclaves de Ceuta et Melilla et établi le parallèle ave le fait que la date coïncide avec l'anniversaire de la “Marche verte” initiée par le roi Hassan II en 1975 pour revendiquer le Sahara occidental. “La provocation” titre sur sa première page l'Opinion, l'organe du parti nationaliste Istiqlal, auquel appartient le Premier ministre Abbas el Fassi. “Notre voisin procède par provocation, à visage découvert en choisissant pour accomplir ce forfait, une date hautement significative pour notre pays et pour son intégrité territoriale, celle commémorant la glorieuse et historique "Marche verte"”, écrit le quotidien. Le Matin, proche du palais royal, parle quant à lui de “l'incompréhensible, voire de l'inadmissible décision de Juan Carlos”. “Le pouvoir royal espagnol vient d'ouvrir la fameuse boîte de Pandore sans se soucier apparemment des conséquences que sa décision comporterait à terme sur le processus de revendication des enclaves marocaines, sur la nature des relations bilatérales et le projet ambitieux de voisinage exceptionnel”, lit-on dans ce journal. Celui-ci ajoutera : “On eut aimé que l'Espagne comprenne que notre pays et notre peuple ne puissent admettre que le roi d'Espagne et son épouse se rendent en visite la veille et le jour même de l'anniversaire de la "Marche verte" qui fut le prologue d'un long contentieux avec l'Espagne.”
------------------------ > K. ABDELKAMEL
Minimisant la crise avec Rabat suite à l’annonce de la visite du roi Juan Carlos dans les enclaves de Ceuta et Melilla, les responsables et médias espagnols se déclaraient hier surpris par la vigueur de la réaction marocaine.
Autant le Makhzen dénonce haut et fort le déplacement du souverain espagnol dans les villes de Ceuta et Melilla, autant Madrid refuse d’entrer dans la polémique. Se limitant à qualifier de “regrettable”, la décision du Maroc de rappeler son ambassadeur en Espagne pour consultations en signe de protestation, les autorités ibériques se gardent de réagir officiellement à la colère des Marocains.
Pour le ministre espagnol de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, le rappel de l’ambassadeur “est un geste avec lequel nous sommes en désaccord, mais nous avons de bonnes relations avec le Maroc et nous sommes sûrs qu'elles vont se poursuivre”. Il indiquera dans la foulée que Madrid n'avait pas l'intention de prendre une mesure similaire.
Par ailleurs, la majeure partie de la presse espagnole, qui a traité hier le sujet à la une a jugé “disproportionnée” la réaction de Rabat et en réaffirmant la souveraineté espagnole sur Ceuta et Melilla. “Parler de villes spoliées, comme l'a fait l'exécutif marocain, est un mensonge : toutes deux sont espagnoles depuis les XVe et XVIe siècles, plusieurs siècles avant l'existence du Maroc”, écrivait l’éditorialiste du quotidien El Mundo. De son côté, El Païs affirme par la voix d’un diplomate espagnol que “si Moratinos avait eu la moindre idée de ce qui allait se passer, il ne serait pas resté passer le pont au Maroc”. En revanche, l’ire des officiels marocains ne semble pas avoir de limites, si l’on en juge par la dernière réaction en date de Abdelilah Benkirane, responsable islamiste et membre de la commission parlementaire des Affaires étrangères du parlement marocain. Il s'agit d'une “provocation, les deux villes sont historiquement marocaines”, a-t-il notamment déclaré, lors d'une émission de la chaîne de télévision Al Jazeera dans la nuit de vendredi à samedi. “Il faut être aveugle pour croire que Sebta et Melilla ne sont pas marocaines”, clamera-t-il.
Benkirane a en outre indiqué à Al Jazeera que le Maroc a le droit, en cas de besoin, de “recourir notamment à l'ONU et à la Cour internationale de justice (CIJ) pour récupérer les deux villes occupées”. Ne s’arrêtant pas à ce stade, il suggérera : “Pourquoi pas une autre marche verte”, en faisant allusion à une marche organisée en 1975 par le roi Hassan II vers le Sahara occidental.
Il affirmera même que “la visite du président français Nicolas Sarkozy au Maroc a peut-être dérangé les intérêts espagnols dans notre pays où des contrats avec la France ont été conclus”.
Il surprendra toutefois son auditoire, en relativisant l'impact négatif de la visite de Juan Carlos sur les relations de son pays avec l'Espagne. “Je ne pense pas que cette visite puisse conduire à une grave crise politique entre les deux pays”, dira-t-il. Emboîtant le pas aux officiels, la presse marocaine a fustigé hier la prochaine visite du souverain espagnol Juan Carlos dans les enclaves de Ceuta et Melilla et établi le parallèle ave le fait que la date coïncide avec l'anniversaire de la “Marche verte” initiée par le roi Hassan II en 1975 pour revendiquer le Sahara occidental. “La provocation” titre sur sa première page l'Opinion, l'organe du parti nationaliste Istiqlal, auquel appartient le Premier ministre Abbas el Fassi. “Notre voisin procède par provocation, à visage découvert en choisissant pour accomplir ce forfait, une date hautement significative pour notre pays et pour son intégrité territoriale, celle commémorant la glorieuse et historique "Marche verte"”, écrit le quotidien. Le Matin, proche du palais royal, parle quant à lui de “l'incompréhensible, voire de l'inadmissible décision de Juan Carlos”. “Le pouvoir royal espagnol vient d'ouvrir la fameuse boîte de Pandore sans se soucier apparemment des conséquences que sa décision comporterait à terme sur le processus de revendication des enclaves marocaines, sur la nature des relations bilatérales et le projet ambitieux de voisinage exceptionnel”, lit-on dans ce journal. Celui-ci ajoutera : “On eut aimé que l'Espagne comprenne que notre pays et notre peuple ne puissent admettre que le roi d'Espagne et son épouse se rendent en visite la veille et le jour même de l'anniversaire de la "Marche verte" qui fut le prologue d'un long contentieux avec l'Espagne.”
------------------------ > K. ABDELKAMEL

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