Nicolas Sarkozy est attendu en "ami" en Algérie, si l'on en croit le président Abdelaziz Bouteflika. C'est toutefois un ami auquel les Algériens ont tenu à rappeler la suspicion dans laquelle ils le tiennent. Quelques jours avant son arrivée à Alger, où il se rend en visite d'Etat lundi 3 décembre, M. Sarkozy a été l'objet d'attaques antisémites de la part d'un membre du gouvernement algérien. Après une allusion aux origines du président de la République française, Mohammed Abbès, ministre des moudjahidins (les anciens combattants), a déclaré au quotidien à grand tirage El Khabar :"Le ralliement de personnalités de la gauche française au gouvernement de droite de Sarkozy a une profonde signification. Le ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner n'a pas sauté le pas en raison de convictions personnelles, mais en raison d'une manoeuvre reflétant les convictions des véritables architectes de l'ascension de Sarkozy au pouvoir, je veux dire le lobby juif qui domine les décideurs en France."
En réponse aux demandes bien timides de "clarification" venues de Paris, M. Abbès, qui n'est pas une personnalité de premier plan du gouvernement algérien, a certes nuancé ses propos. Sans doute aussi M. Bouteflika a-t-il tenu à affirmer que de telles déclarations ne reflétaient en rien la position de l'Algérie. Mais, jusqu'à nouvel ordre, le président algérien, qui ne peut être personnellement soupçonné d'antisémitisme, n'a ni condamné publiquement ces insinuations ni sanctionné son collaborateur.
L'incident est significatif des vieilles rancoeurs sousjacentes aux relations franco-algériennes depuis l'indépendance de l'Algérie, en 1962. La conclusion d'un traité d'amitié, envisagée un temps par Jacques Chirac, a échoué parce que Alger exigeait des excuses de la part de la France pour la colonisation. M. Sarkozy, comme son prédécesseur, s'y refuse. Tout au plus pourrait-il condamner les crimes de la colonisation comme il a condamné au Maroc les crimes du protectorat.
L'effervescence de ces derniers jours aura peut-être pour effet paradoxal de dégager le terrain pour des entretiens fructueux entre M. Sarkozy et M. Bouteflika. Le président de la République espère rentrer en France avec plusieurs milliards d'euros de contrats, et il compte sur l'appui du président algérien à son projet d'Union méditerranéenne. De leur côté, les Algériens attendent de la France un geste en matière de circulation des personnes, c'est-à-dire une libéralisation du régime des visas.
La pierre d'achoppement reste le fossé dans l'appréciation de l'histoire partagée entre les deux pays et l'impossibilité, pour des raisons politiques, d'arriver à une vision commune et lucide d'un passé qui lie la France et l'Algérie plus encore qu'il ne les divise.
Article paru dans l'édition du 01.12.07.
En réponse aux demandes bien timides de "clarification" venues de Paris, M. Abbès, qui n'est pas une personnalité de premier plan du gouvernement algérien, a certes nuancé ses propos. Sans doute aussi M. Bouteflika a-t-il tenu à affirmer que de telles déclarations ne reflétaient en rien la position de l'Algérie. Mais, jusqu'à nouvel ordre, le président algérien, qui ne peut être personnellement soupçonné d'antisémitisme, n'a ni condamné publiquement ces insinuations ni sanctionné son collaborateur.
L'incident est significatif des vieilles rancoeurs sousjacentes aux relations franco-algériennes depuis l'indépendance de l'Algérie, en 1962. La conclusion d'un traité d'amitié, envisagée un temps par Jacques Chirac, a échoué parce que Alger exigeait des excuses de la part de la France pour la colonisation. M. Sarkozy, comme son prédécesseur, s'y refuse. Tout au plus pourrait-il condamner les crimes de la colonisation comme il a condamné au Maroc les crimes du protectorat.
L'effervescence de ces derniers jours aura peut-être pour effet paradoxal de dégager le terrain pour des entretiens fructueux entre M. Sarkozy et M. Bouteflika. Le président de la République espère rentrer en France avec plusieurs milliards d'euros de contrats, et il compte sur l'appui du président algérien à son projet d'Union méditerranéenne. De leur côté, les Algériens attendent de la France un geste en matière de circulation des personnes, c'est-à-dire une libéralisation du régime des visas.
La pierre d'achoppement reste le fossé dans l'appréciation de l'histoire partagée entre les deux pays et l'impossibilité, pour des raisons politiques, d'arriver à une vision commune et lucide d'un passé qui lie la France et l'Algérie plus encore qu'il ne les divise.
Article paru dans l'édition du 01.12.07.
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