- Dix années se sont écoulées depuis le début des protestations menées par le Mouvement du 20 Février au Maroc. Tel un phénix, celui-ci pourrait renaître de ses cendres pour ébranler un régime politique fragile
En 2011, le royaume du Maroc a été secoué par une vague de protestation dans le sillage du Printemps arabe. Les manifestants appelaient à la fin de l’autoritarisme et à l’instauration d’un système démocratique à même de garantir pleinement les droits et les libertés des citoyens.
Mené principalement par des activistes non partisans, majoritairement des jeunes assoiffés de modernité, le Mouvement du 20 Février (M20F) avait rompu le silence assourdissant d’une population phagocytée, depuis longtemps, par un État centralisateur qui tente de renouer avec l’approche du « tout sécuritaire », adoptée durant les « années de plomb », celles du règne despotique du roi Hassan II.
(...).
En effet, la propagande médiatique, souvent relayée par de pseudo-intellectuels de service, ne manque pas une occasion pour mettre en avant les « grands chantiers » lancés par le régime, à commencer par les infrastructures urbaines, alors qu’il aura suffi de quelques heures de pluie pour inonder le pays et couper les routes dans plusieurs villes du royaume, comme tout récemment à Casablanca.
Au plus grand dam des populations, la capitale économique s’est transformée en peu de temps en une piscine grandeur nature, dévoilant au grand jour la gestion calamiteuse du réseau routier de la métropole.
(...).
Outre la précarité, les Marocains, dans leur majeure partie, n’accordent pas un grand crédit à l’action politique et encore moins aux politiciens.
En effet, selon les résultats d’une enquête nationale sur les jeunes, réalisée par le Haut-Commissariat au Plan en 2012, 1 % seulement des jeunes Marocains adhèrent à un parti politique et 4 % participent aux rencontres de partis ou de syndicats.
La confiance entre gouvernants et gouvernés s’effrite jour après jour, comme en témoigne à juste titre le taux d’abstention aux législatives de 2016, qui a atteint le chiffre record de 62 %, selon les données officielles.
(...).
Répression des libertés
Le troisième indicateur qui pourrait engendrer la protestation est lié à la répression des libertés. On rappellera ici les arrestations arbitraires et les lourdes sanctions contre les activistes du hirak, mais aussi de nombreux journalistes critiques du régime, à l’instar de Taoufik Bouachrine, Souleiman Raissouni et Omar Radi.
Tout récemment, le régime de Mohammed VI a franchi un pas de plus en décidant d’incarcérer l’universitaire et militant des droits humains Maâti Monjib, espérant ainsi étouffer les voix des intellectuels qui s’opposent au pouvoir.
Pour faire taire les voix critiques qui dénoncent l’autoritarisme, l’injustice et les inégalités, le pouvoir use de tous les moyens à sa disposition, notamment la cooptation d’intellectuels et universitaires dociles et patriotards. Ces derniers se déploient sans relâche afin d’occuper les médias pour pouvoir instiller un discours unanimiste faisant l’éloge de la politique officielle et prônant l’infaillibilité de la monarchie.
(...).
Dans la Constitution de 2011, le législateur lui avait pourtant reconnu de nouvelles attributions dans le cadre de la démocratie participative. Une manière de contenir le mécontentement social participant d’une stratégie de cooptation des acteurs sociaux « par le bas ».
Or, dans la réalité, l’obstination du pouvoir à opérer des transformations « par le haut » risque d’engendrer des tensions sociales et politiques à même de se transformer en une révolte sociale qui ne dit pas son nom, au moment où l’on s’y attendra le moins-.
MEE (extraits)
En 2011, le royaume du Maroc a été secoué par une vague de protestation dans le sillage du Printemps arabe. Les manifestants appelaient à la fin de l’autoritarisme et à l’instauration d’un système démocratique à même de garantir pleinement les droits et les libertés des citoyens.
Mené principalement par des activistes non partisans, majoritairement des jeunes assoiffés de modernité, le Mouvement du 20 Février (M20F) avait rompu le silence assourdissant d’une population phagocytée, depuis longtemps, par un État centralisateur qui tente de renouer avec l’approche du « tout sécuritaire », adoptée durant les « années de plomb », celles du règne despotique du roi Hassan II.
(...).
En effet, la propagande médiatique, souvent relayée par de pseudo-intellectuels de service, ne manque pas une occasion pour mettre en avant les « grands chantiers » lancés par le régime, à commencer par les infrastructures urbaines, alors qu’il aura suffi de quelques heures de pluie pour inonder le pays et couper les routes dans plusieurs villes du royaume, comme tout récemment à Casablanca.
Au plus grand dam des populations, la capitale économique s’est transformée en peu de temps en une piscine grandeur nature, dévoilant au grand jour la gestion calamiteuse du réseau routier de la métropole.
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Outre la précarité, les Marocains, dans leur majeure partie, n’accordent pas un grand crédit à l’action politique et encore moins aux politiciens.
En effet, selon les résultats d’une enquête nationale sur les jeunes, réalisée par le Haut-Commissariat au Plan en 2012, 1 % seulement des jeunes Marocains adhèrent à un parti politique et 4 % participent aux rencontres de partis ou de syndicats.
La confiance entre gouvernants et gouvernés s’effrite jour après jour, comme en témoigne à juste titre le taux d’abstention aux législatives de 2016, qui a atteint le chiffre record de 62 %, selon les données officielles.
(...).
Répression des libertés
Le troisième indicateur qui pourrait engendrer la protestation est lié à la répression des libertés. On rappellera ici les arrestations arbitraires et les lourdes sanctions contre les activistes du hirak, mais aussi de nombreux journalistes critiques du régime, à l’instar de Taoufik Bouachrine, Souleiman Raissouni et Omar Radi.
Tout récemment, le régime de Mohammed VI a franchi un pas de plus en décidant d’incarcérer l’universitaire et militant des droits humains Maâti Monjib, espérant ainsi étouffer les voix des intellectuels qui s’opposent au pouvoir.
Pour faire taire les voix critiques qui dénoncent l’autoritarisme, l’injustice et les inégalités, le pouvoir use de tous les moyens à sa disposition, notamment la cooptation d’intellectuels et universitaires dociles et patriotards. Ces derniers se déploient sans relâche afin d’occuper les médias pour pouvoir instiller un discours unanimiste faisant l’éloge de la politique officielle et prônant l’infaillibilité de la monarchie.
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Dans la Constitution de 2011, le législateur lui avait pourtant reconnu de nouvelles attributions dans le cadre de la démocratie participative. Une manière de contenir le mécontentement social participant d’une stratégie de cooptation des acteurs sociaux « par le bas ».
Or, dans la réalité, l’obstination du pouvoir à opérer des transformations « par le haut » risque d’engendrer des tensions sociales et politiques à même de se transformer en une révolte sociale qui ne dit pas son nom, au moment où l’on s’y attendra le moins-.
MEE (extraits)
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