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Ceuta et Melilla : villes espagnoles ou dernières colonies en Afrique ?

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  • Ceuta et Melilla : villes espagnoles ou dernières colonies en Afrique ?

    Escomptons que le statut de ces territoires espagnols en Afrique du Nord ne connaîtra aucun changement.

    - Méconnues des Espagnols eux-mêmes, Ceuta et Melilla sont deux villes et enclaves à cheval sur la ligne de “fracture” Nord-Sud. Vestiges d’un empire colonial révolu, elles subissent une pression migratoire très forte.

    En octobre 2005, à la suite de la mort par balles de plusieurs clandestins qui tentaient de franchir les grillages entourant Ceuta et Melilla, ces deux enclaves espagnoles situées sur la côte méditerranéenne du Maroc ont fait la une des médias. Méconnues des Espagnols eux-mêmes, ces deux villes un peu à part au sein du royaume d’Espagne sont les vestiges d’un empire colonial révolu. Toutefois, leur situation, à cheval sur la ligne de “fracture” Nord-Sud, les a fait revenir sur le devant de la scène au moment où l’Europe tente d’endiguer le flot de l’immigration clandestine.

    Pourquoi Ceuta et Melilla sont-elles espagnoles ?

    À la fin du Moyen Âge, les monarchies espagnole et portugaise cherchent à achever le grand mouvement de reconquête – Reconquista – de la péninsule Ibérique que les musulmans avaient envahie à partir de 711. Dès 1415, les Portugais s’emparent de la ville de Ceuta, située sur la rive sud du détroit de Gibraltar, à 15 kilomètres environ de la province de Cadiz ; en 1492, les “Rois catholiques” d’Espagne, Ferdinand II d’Aragon et Isabelle de Castille, prennent Grenade, mettant ainsi fin au dernier royaume musulman d’Al Andalus, puis prolongent leur avancée sur la côte nord de l’Afrique pour y installer des postes militaires, destinés à protéger les côtes andalouses des incursions des pirates barbaresques ; c’est ainsi que la place de Melilla est conquise en 1497.
    (...).
    Faire face aux revendications marocaines

    En 1956, au moment de l’indépendance du Maroc, les deux enclaves de Ceuta et Melilla ainsi que les peñones de la côte méditerranéenne sont restés espagnols en vertu de leur appartenance antérieure à l’Espagne. Mais, rapidement, la politique extérieure de Rabat s’est donné pour objectif de récupérer tous les territoires qui forment l’espace géographique marocain : la zone sud du Protectorat (Tarfaya) en 1958 puis la colonie espagnole d’Ifni en 1969 ont ainsi été les cibles de revendications avant de rentrer dans le giron marocain. Seule exception, le Sahara occidental n’a toujours pas, aujourd’hui, de statut définitif sur le plan juridique : l’occupation marocaine de 1975 (l’ancienne colonie espagnole a été occupée par les troupes marocaines, à la suite de la Marche verte orchestrée par le roi Hassan II) y a provoqué le départ des Espagnols mais aussi la résistance armée des Sahraouis qui, depuis plus de trente ans, réclament l’indépendance.

    Dès 1961, soutenu par de nombreux pays arabes ainsi que par l’URSS, le Maroc a également porté ses revendications concernant les villes de Ceuta et Melilla devant l’Assemblée générale de l’ONU. En 1966, le roi du Maroc Hassan II est même allé jusqu’à soutenir les prétentions espagnoles sur Gibraltar (en 1967, la population de Gibraltar se prononcera par référendum contre le rattachement du territoire à l’Espagne et, depuis le début des années 2000, elle réclame également le droit à l’autodétermination contre tout éventuel accord entre Londres et Madrid au sujet de la souveraineté de Gibraltar), affirmant que, si le territoire britannique était décolonisé, alors Ceuta et Melilla devraient automatiquement être restituées au Maroc. Ce fut le “leitmotiv” de la politique étrangère de Hassan II pendant de nombreuses années.

    Depuis 1975 et l’échec de la décolonisation du Sahara occidental, le Maroc utilise régulièrement l’argument de la revendication sur les villes de Ceuta et de Melilla pour faire pression sur l’Espagne dans le dossier du Sahara : après avoir obtenu le soutien de Washington et de Paris, Rabat tente en effet de faire avaliser son projet d’“autonomie régionale de la province du Sud” par Madrid, l’ancienne puissance coloniale, ce qui reviendrait de fait à intégrer le Sahara occidental dans le territoire marocain ; pour Rabat, la présence espagnole à Ceuta et à Melilla est une survivance anachronique du colonialisme en Afrique.

    La tension entre les deux pays a atteint son paroxysme en juillet 2002, lors de la plus grave crise bilatérale vécue depuis des décennies : le Maroc décida alors d’occuper l’îlot d’El Perejil, petit rocher inhabité situé à l’ouest de Ceuta, provoquant la riposte, dix jours plus tard, des forces spéciales espagnoles qui le reprirent. Cet épisode nécessita ensuite l’intervention de la diplomatie américaine pour trouver une issue rapide à la crise-.

    Vie publique.fr



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