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L’« accord du siècle », la mésaventure du roi Mohammed VI

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  • L’« accord du siècle », la mésaventure du roi Mohammed VI

    9 juin 2021

    Quelques mois après l’adhésion du Maroc à l’accord de Trump, la diplomatie marocaine commence déjà à déchanter face à un recalibrage de la politique étrangère de la part de Biden et une diplomatie disruptive menée par Netanyahou (MEE – revue de presse)



    Aziz Chahir

    Le 21 avril, une réunion du conseil de sécurité de l’ONU a sonné le glas de la diplomatie marocaine.

    Lors des interventions, les États-Unis n’ont pas abordé la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental – la révision de leur politique sur le dossier est toujours à l’étude – attribuée fin 2020 par l’ex-président Donald Trump.

    Alors que la propagande officielle du Maroc fanfaronnait encore autour d’une « victoire diplomatique historique du royaume », les États-Unis ont appelé les protagonistes à « éviter l’escalade » du conflit dans la région, à afficher « une attitude constructive sur le terrain avec la mission de la paix de l’ONU », la MINURSO, et à accélérer les démarches pour la nomination d’un nouvel émissaire onusien « afin de relancer dès que possible le processus politique bloqué ».

    Une douche froide pour le régime de Mohammed VI, qui a appris que l’engagement précipité dans l’« accord du siècle » de Trump coûterait cher à son pays en pleine crise politique et économique.

    L’histoire remonte au jeudi 10 décembre 2020 : le président américain faisait savoir qu’il avait signé une proclamation reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole que se disputent les Marocains et les indépendantistes du Polisario, soutenus par l’Algérie.

    En contrepartie, le royaume, qui entretient, depuis toujours d’ailleurs, un contact permanentavec Tel Aviv, décidait de « normaliser » ses relations avec Israël, après les avoir rompues en 2000, à la suite du déclenchement de la deuxième Intifada.

    Dans les coulisses, cela faisait quelques mois déjà que les médias israéliens avaient révélé que le Maroc et Israël menaient des négociations secrètes que la diplomatie marocaine s’était d’ailleurs vite empressée de démentir, laissant ainsi croire que le roi Mohammed VI, en sa qualité de président du Comité al-Qods, émanant de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), n’allait pas oser mettre la cause palestinienne dans la balance afin de négocier en échange la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara occidental.



    La « solution à deux États » aux oubliettes ?

    Mais le souverain marocain a cédé à la pression monstrueuse, exercée notamment par Donald Trump, sur les chefs d’États arabes afin qu’ils adhèrent à son « accord du siècle ».

    À quelques semaines de son départ, le président américain a ainsi réussi à faire flancher la position plutôt mitigée et évasive du « commandeur des croyants » sur la question de la normalisation avec Israël.

    Après le Soudan, Bahreïn et les Émirats arabes unis (EAU), le Maroc s’est engagé précipitamment dans un accord à haut risque que les responsables marocains et israéliens qualifient, malgré tout, d’« historique ».

    Quelques mois après l’annonce de l’accord conclu entre Trump, Netanyahou et Mohammed VI, l’heure est maintenant au bilan.

    Une analyse à froid de la situation révèle que derrière les bénéfices de la « normalisation » avec Israël, notamment économiques et sécuritaires – en tous cas tels qu’ils sont martelés par la propagande officielle –, se cachent inéluctablement des risques non négligeables qui menacent à terme l’avenir de la politique étrangère du royaume.

    Le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita et le sous-secrétaire d’État américain David Schenker en tunique traditionnelle, à Dakhla, au Sahara occidental, le 10 janvier 2021 (AFP)

    Tout d’abord, il n’est pas exagéré d’avancer que la diplomatie marocaine s’est engagée hâtivement dans un processus de normalisation/rétablissement des relations avec Israël à un moment où l’« accord du siècle » du président Trump avait du plomb dans l’aile.

    Aligné sur les positions du gouvernement israélien, le « nouveau plan de paix pour le Moyen-Orient », annoncé le 28 janvier 2020, a été immédiatement rejeté par les Palestiniens (Fatah et Hamas).

    Et pour cause, cet accord balaye d’un revers de main la solution à deux États, dans la mesure où, pour la première fois, un président américain reconnaît la souveraineté israélienne sur les colonies implantées en Cisjordanie occupée, niant le droit international.

    Par ailleurs, l’accord a remis en cause le statu quo concernant le contrôle de l’esplanade des Mosquées/mont du Temple, désormais octroyé aux Israéliens.

    En face de cette nouvelle donne politique, on aura certainement du mal à comprendre les promesses ainsi faites par le roi Mohammed VI à son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, le 10 décembre 2020 : « Le Maroc œuvre pour la solution à deux États avec Jérusalem-Est comme capitale, en insistant sur le statut spécial de la ville [de Jérusalem] et sur le fait que l’action du Maroc pour consacrer sa marocanité ne se fera jamais au détriment du peuple palestinien » !

    Après le rétablissement des liens avec Israël, le président du Comité al-Qods aura certainement du mal à dissuader Israël de ne pas s’accaparer les lieux saints.

    Sur le plan symbolique, le leadership religieux proclamé par le monarque se trouve désormais réduit à peau de chagrin. Il n’a même pas daigné dénoncer, il y a à peine quelques jours, l’invasion de la mosquée al-Aqsa par une dizaine de colons, accompagnés par des policiers.

    À la place, c’est le Parti de la justice et du développement (PJD), parti d’obédience islamiste à la tête du gouvernement, qui a pris en charge la dénonciation de la « répression des Palestiniens sur les lieux saints par les autorités israéliennes ».

    Mieux, le PJD a appelé, par le biais de son Groupe d’action pour la Palestine (GAPP), créé en mars, à l’organisation, le lundi 27 avril, d’un sit-in devant le Parlement marocain en signe de solidarité avec le peuple palestinien. Une stratégie du régime visant à canaliser le mécontentement populaire parmi les Marocains, notamment ceux qui se sont opposés à la normalisation des relations du Maroc avec Israël.
    Diplomatie disruptive de Netanyahou

    C’est dire toutes les conséquences imprévisibles de l’« accord du siècle » sur la stabilité politique du régime, lequel est de plus en plus confronté à la pression israélienne, qui tend à accélérer le rétablissement total des relations diplomatiques avec le Maroc.

    Les premiers accords signés par Israël, respectivement le 13 août avec les Émirats arabes unis puis le 15 septembre 2020 avec Bahreïn, se sont concrétisés par l’établissement immédiat de relations diplomatiques pleines et entières.

    Fin octobre 2020, ce fut au tour du Soudan d’établir des relations diplomatiques avec Israël contre un prêt américain d’un milliard de dollars et une décision américaine de rayer le Soudan de la liste des pays terroristes.

    Le Maroc, qui a toujours entretenu des relations politiques et économiques avec Israël, n’a quant à lui pas adhéré aux accords d’Abraham, qui impliquent pour les signataires une défense coordonnée voire commune face à l’Iran.



    La philosophie derrière l’« accord du siècle » de Trump sous-tend

    que la monarchie alaouite n’est plus considérée comme un acteur de premier plan du fait de son histoire, à l’instar de la Jordanie

    D’où justement l’ambivalence qui caractérise la position du régime marocain à l’égard de la normalisation avec Israël et la pression exercée par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui aspire à voir le roi Mohammed VI décider rapidement d’un rétablissement total des relations diplomatiques du Maroc avec Israël.

    La stratégie du régime marocain consiste vraisemblablement à limiter au maximum ses engagements officiels avec Israël de peur d’attiser davantage le mécontentement de « la rue », qui reproche au « commandeur des croyants » une certaine compromission avec Israël au détriment du peuple palestinien.

    Face à cette situation controversée, Israël va certainement intensifier la pression sur le Maroc dans le but de neutraliser le régime, l’empêchant ainsi d’influencer d’éventuelles négociations sur la question palestinienne, dont la résolution n’est plus considérée comme un préalable pour les pays arabes souhaitant établir des relations diplomatiques avec Israël.

    Dans cette nouvelle configuration, il semblerait que le Maroc ait perdu de son leadership en tant qu’interlocuteur privilégié des États-Unis et d’Israël sur la question palestinienne au profit des Émirats arabes unis et de Bahreïn.

    Le fait que le royaume puisse se prévaloir de relations historiques et amicales avec Israël, et que la monarchie ait accordé un intérêt particulier à la communauté des juifs marocains entre autres, ne suffit plus pour faire du Maroc un partenaire privilégié des États-Unis et d’Israël, comme c’est le cas des EAU.

    L’heure est désormais à l’action pragmatique et aux calculs froids des intérêts. La philosophie derrière l’« accord du siècle » de Trump sous-tend que la monarchie alaouite n’est plus considérée comme un acteur de premier plan du fait de son histoire, à l’instar, d’ailleurs, de la Jordanie.



    La marocanité du Sahara : un cadeau empoisonné

    La décision de Trump de reconnaître la marocanité du Sahara occidental (classé depuis 1963 « territoire non autonome » par les Nations unies) tente de rompre les rapports de force dans la région.

    Pour le royaume, cette manœuvre stratégique vient à point nommé pour renforcer la présence du régime dans le Sahara occidental, surtout après l’intervention des Forces armées royales dans la zone tampon d’El Guerguerat (à l’extrême sud du Sahara occidental), pour évincer les indépendantistes sahraouis.

    Soutenus par l’Algérie, ces derniers se sont déployés sur la scène politique internationale, espérant ainsi faire valoir leur droit à l’autodétermination et contrer, par-là même, la proposition marocaine de l’« autonomie élargie ».

    (...)

    Afrique Asie







  • #2
    Fiasco complet de la diplomatie marocaine !!

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