
Ce n’est donc plus seulement pour la question du Sahara marocain que le régime algérien souhaite instrumentaliser l’Union africaine (UA), mais aussi celle de Kabylie. Le président de la voisine de l’Est, à savoir Abdelmadjid Tebboune, vient en effet d’adresser au président en exercice de l’instance continentale, qui n’est autre que le président kino-congolais Félix Tshisekedi, une lettre “pour partager avec lui l’analyse de ce que lui inspire ce que nous appelons en Algérie une recrudescence du phénomène du terrorisme”, selon une déclaration faite ce 7 septembre 2021 aux médias par son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, mais tout le monde aura compris que le locataire d’El Mouradia cible principalement les indépendantistes kabyles et plus particulièrement le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé terroriste le 18 mai 2021 par Alger.
Il faut dire que devant le racisme d’État pratiqué, au nom du panarabisme, par la capitale algérienne, le MAK emporte une adhésion de plus en plus massive désormais auprès de la population kabyle, avec notamment d’importantes manifestations le 1er septembre 2021 dans la ville de Kherrata, dans la wilaya de Béjaïa, et celle de Sétif contre le pouvoir colonial en place.
Coup d’épée dans l’eau
Lesquelles manifestations avaient, selon un décompte de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), connu vingt-sept arrestations de militants kabyles. “Alors que la ville renoue avec le calme depuis deux jours, après de violentes émeutes, le dispositif de sécurité des forces anti- émeutes est toujours présent à Kherrata et à Beni Ourtilane, le dispositif continue à encercler la ville de Kherrata avec des descentes dans les villages avoisinants à la recherche des militants,” s’est offusquée dans un communiqué, ce 7 septembre 2021, cette organisation non gouvernementale.
Mais on imagine mal l’UA tomber dans le piège de M. Tebboune, du fait de l’influence périclitante de l’Algérie en son sein depuis particulièrement l’adhésion du Maroc fin janvier 2017. Preuve en est le fait que l’Union se refuse désormais ouvertement de s’ingérer dans le conflit autour du Sahara marocain, et ce en dépit des efforts algériens d’utiliser par exemple le Conseil de paix et de sécurité (CSP) pour ce faire.
Mais c’est plus généralement que pour la quasi totalité des pays africains, en dehors bien sûr de l’Afrique du Sud et de ses États clients d’Afrique australe, Alger semble actuellement bien hors du coup, refusant notamment récemment l’admission en tant qu’État observateur d’Israël pour des considérations qui ont sans doute moins rapport avec la défense des droits du peuple palestinien -dont l’État lui-même reconnaît, rappelons-le, l’entité hébreu- qu’à l’antisémitisme décomplexé de ses dirigeants militaires. Un vain coup d’épée dans l’eau dont il semble s’agir là encore, en somme...
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