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​Mouammar Kadhafi et Hassan 2

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  • ​Mouammar Kadhafi et Hassan 2

    Archives CIA

    « Dans son discours, le colonel Kadhafi a qualifié les rois en général et les rois arabes en particulier de lunatiques. Il a cité le Maroc et la Jordanie en exemple: ‘Ceux qui sont maintenant des rois ou des princes couronnés sont des aliénés’« , détaille le message diplomatique.

    Mouammar Kadhafi reproche à l’époque au roi du Maroc d’avoir tenu un référendum sur l’union arabo-africaine dans son pays avant de faire volte-face deux ans plus tard sans consulter le peuple. « C’est de la folie », affirme à l’époque le colonel libyen. « Il aurait été raisonnable de demander l’opinion de son peuple sur cette rupture. Je ne pense pas que cela puisse venir d’un esprit sain« , assène-t-il.


    La question du Sahara

    Le 27 février 1976, jour de la proclamation RASD par le Front Polisario, Kadhafi exprime son désaccord face à Hassan II dans une lettre virulente adressée au roi où il déclare « Si vous étiez en train de combattre des séparatistes dans votre royaume, nous aurions été avec vous. Si vous étiez en train de combattre des colonialistes dans le Sahara, nous aurions été avec vous. Mais pour combattre des gens qui disent non, nous ne pouvons pas être avec vous« . Il ajoute : « Je déclare devant l’histoire que je ne me serais pas opposé au Maroc si je n’étais pas persuadé que le peuple du Sahara, mené par le Front [Polisario, ndlr], ne n’opposait pas à rejoindre le Maroc« .« Je parle de faits alors que je ne suis pas opposé à ce que le Sahara rejoigne le Maroc ou la Mauritanie« , explique Kadhafi plus loin.


    En 1984, alors que la guerre fait rage dans le sud du Maroc, Rabat décide de se rapprocher de Tripoli . À Oujda, le « guide de la révolution » et le roi signent un traité d’Union arabo-africaine. Cet accord arrive au moment où le Maroc est isolé, après l’alliance entre Tunis, Alger et Nouakchott. Le traité permet alors de s’assurer que la Libye va arrêter d’armer le Polisario.

    Un document de la CIA revient alors sur une conversation musclée entre Hassan II et le sénateur américain Kasten à propos de cet accord lors d’une rencontre au palais de Fès le 13 décembre 1984. « La conversation a été franche et directe même si amicale« , est-il précisé dans le message. Les États-Unis font part de leur inquiétude sur l’impact de l’accord d’Oujda sur les intérêts américains.

    De son côté, le roi a un regard très critique sur la politique américaine dans la région, et évoque un double jeu. « Après tout ce que j’ai fait pour les États-Unis – l’accord sur l’accès et le transit, l’extension des Volonteers of America, les exercices militaires et les visites de bateaux – quel traité, alliance, accord ou union les États-Unis m’ont-ils offert ?« . Il répond de lui-même : « rien« . « D’un côté, l’Amérique condamne Kadhafi et ceux qui font des affaires avec lui. De l’autre côté, l’Amérique a acheté son pétrole, plusieurs citoyens américains habitent et travaillent en Libye et une compagnie américaine dirige le récent projet d’irrigation souterraine à plusieurs milliards de dollars« , accuse Hassan II.

    poursuit alors son réquisitoire en exprimant sa « consternation » face à « l’obsession » américaine contre Kadhafi que le roi tente de dédiaboliser : « Kadhafi n’est pas responsable de tout le terrorisme du monde« . Hassan II explique vouloir « apprivoiser » le colonel libyen et demande alors aux États-Unis de lui faire confiance et de l’écouter, rapporte le câble diplomatique. « Pensez au futur, pensez plus largement« , argue Hassan II qui liste toutes les opportunités dans la Libye. « Kadhafi est un mortel« , mais pas le territoire libyen et ses opportunités, souligne-t-il.

    De leur côté, les États-Unis ont exprimé plusieurs inquiétudes dans ce rapprochement. Le pays de l’Oncle Sam s’inquiète notamment du renvoi de dissidents libyens vers leur pays d’origine par le Maroc et du nombre croissant de Libyens qui visitent ou s’installent au Maroc, surtout dans la région de Casablanca. À la fin de la séance, le sénateur Kasten demande au roi de « prendre sérieusement en compte leurs préoccupations et leurs doutes (ceux des États-Unis, ndlr)« .

    L’accord entre les deux adversaires sera finalement un échec. En 1987, l’ancien chef d’État libyen aurait même planifié, avec l’aide de Sabri Al Banna, combattant palestinien connu sous le nom de « Abou Nidal », l’assassinat de Hassan II, selon Atif Abu Bakr, un ancien chef du département politique du mouvement palestinien Fatah-Conseil révolutionnaire.​
    Dernière modification par MEC213, 24 octobre 2021, 01h12.
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