Pour les Maghrébins installés en France, existe-il effectivement un racisme français. Avez-vous déjà été victimes de xénophobie? Pour ma part, mes collègues français de travail ont toujours constitué une amitié sans faille.
Vos témoignages sont les bienvenus.
- Contrairement aux fantasmes de la nouvelle doxa populiste, non seulement la part des citoyens issus de l’immigration dans la population française est loin d’être élevée, mais leur représentativité ne correspond même pas à leur poids réel.
Rarement campagne électorale aura offert une telle tribune et une telle place à l’extrême droite et aux chantres de la xénophobie. À quelques semaines seulement de la prochaine présidentielle, et en plein débat nauséabond sur le « grand remplacement » annoncé par le Nosferatu populiste Éric Zemmour ou sur la « déferlante migratoire » chère à sa collègue Marine Le Pen, la problématique liée à la diversité de la société française revêt un intérêt majeur. Même si le vote des Français d’origine africaine, cette fameuse diaspora sur laquelle veut s’appuyer Emmanuel Macron et qui devrait pourtant constituer un réel enjeu électoral puisqu’elle représente environ 5 millions d’électeurs potentiels, ne semble guère intéresser les candidats, à l’exception, donc, du chef de l’État et de son adversaire d’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon.
Sous-représentés
Épée de Damoclès ou repoussoir pour les uns, véritable chance pour les autres, cette diversité fait pourtant figure de Triangle des Bermudes démographique. Tout le monde en parle, mais personne, en dehors de quelques universitaires ou chercheurs qui se comptent sur les doigts de deux mains, notamment au sein de l’Institut national d’études démographiques (Ined), n’est en mesure de l’appréhender avec précision et rigueur. Et pour cause, les statistiques ethniques sont interdites. Seule certitude : on est bien loin des fantasmes zemmouriens. La France ne compte que 12,7 % de personnes nées en dehors de ses frontières et environ 7 % d’immigrés.
Mesurer la réalité de cette diversité française est une chose, s’intéresser à sa perception, à sa représentativité et à son « statut » au sein de la société en est une autre. En la matière, le constat dressé par l’ancien secrétaire d’État de François Mitterrand Kofi Yamgnane et la ministre d’Emmanuel Macron Elisabeth Moreno, dans la passionnante interview croisée que nous avons recueillie et dans laquelle ils comparent leurs expériences à trente ans d’intervalle, est sans appel : la représentativité des Français originaires d’ailleurs, et plus spécifiquement d’Afrique, ne correspond pas à leur poids réel. Dans la classe politique et la haute fonction publique bien sûr, et c’est sans doute le plus désespérant, mais également dans la magistrature, la police, les grandes écoles, les universités ou dans le monde de l’entreprise.
Certes, les choses changent et des progrès ont été réalisés. Mais à un rythme de tortue luth… C’est sans doute là que se situe le plus grand malaise : comment les dirigeants politiques ou économiques français peuvent-ils s’adresser utilement à une population qui ne se sent pas représentée et qui n’a que peu de role models parmi l’élite auxquels se comparer ? N’en déplaise aux Cassandre populistes, la diversité est bel et bien une chance pour la France, un formidable catalyseur d’énergie, de talent et de créativité. À condition de briser le plafond de verre et de ne pas laisser de côté tout un pan de la population qui aspire pourtant à apporter son écot à l’avenir du pays…
Jeune Afrique
A suivre
Vos témoignages sont les bienvenus.
- Contrairement aux fantasmes de la nouvelle doxa populiste, non seulement la part des citoyens issus de l’immigration dans la population française est loin d’être élevée, mais leur représentativité ne correspond même pas à leur poids réel.
Rarement campagne électorale aura offert une telle tribune et une telle place à l’extrême droite et aux chantres de la xénophobie. À quelques semaines seulement de la prochaine présidentielle, et en plein débat nauséabond sur le « grand remplacement » annoncé par le Nosferatu populiste Éric Zemmour ou sur la « déferlante migratoire » chère à sa collègue Marine Le Pen, la problématique liée à la diversité de la société française revêt un intérêt majeur. Même si le vote des Français d’origine africaine, cette fameuse diaspora sur laquelle veut s’appuyer Emmanuel Macron et qui devrait pourtant constituer un réel enjeu électoral puisqu’elle représente environ 5 millions d’électeurs potentiels, ne semble guère intéresser les candidats, à l’exception, donc, du chef de l’État et de son adversaire d’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon.
Sous-représentés
Épée de Damoclès ou repoussoir pour les uns, véritable chance pour les autres, cette diversité fait pourtant figure de Triangle des Bermudes démographique. Tout le monde en parle, mais personne, en dehors de quelques universitaires ou chercheurs qui se comptent sur les doigts de deux mains, notamment au sein de l’Institut national d’études démographiques (Ined), n’est en mesure de l’appréhender avec précision et rigueur. Et pour cause, les statistiques ethniques sont interdites. Seule certitude : on est bien loin des fantasmes zemmouriens. La France ne compte que 12,7 % de personnes nées en dehors de ses frontières et environ 7 % d’immigrés.
N’en déplaise aux Cassandre populistes, la diversité est bel et bien une chance pour la France
Mesurer la réalité de cette diversité française est une chose, s’intéresser à sa perception, à sa représentativité et à son « statut » au sein de la société en est une autre. En la matière, le constat dressé par l’ancien secrétaire d’État de François Mitterrand Kofi Yamgnane et la ministre d’Emmanuel Macron Elisabeth Moreno, dans la passionnante interview croisée que nous avons recueillie et dans laquelle ils comparent leurs expériences à trente ans d’intervalle, est sans appel : la représentativité des Français originaires d’ailleurs, et plus spécifiquement d’Afrique, ne correspond pas à leur poids réel. Dans la classe politique et la haute fonction publique bien sûr, et c’est sans doute le plus désespérant, mais également dans la magistrature, la police, les grandes écoles, les universités ou dans le monde de l’entreprise.
Certes, les choses changent et des progrès ont été réalisés. Mais à un rythme de tortue luth… C’est sans doute là que se situe le plus grand malaise : comment les dirigeants politiques ou économiques français peuvent-ils s’adresser utilement à une population qui ne se sent pas représentée et qui n’a que peu de role models parmi l’élite auxquels se comparer ? N’en déplaise aux Cassandre populistes, la diversité est bel et bien une chance pour la France, un formidable catalyseur d’énergie, de talent et de créativité. À condition de briser le plafond de verre et de ne pas laisser de côté tout un pan de la population qui aspire pourtant à apporter son écot à l’avenir du pays…
Jeune Afrique
A suivre
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