À trois heures de vol de Moscou, Istanbul accueille des milliers de Russes qui craignent la répression politique et les effets des sanctions économiques.
Comme Dmitri et Konstantin, 26 et 32 ans, qui ont pris un vol reliant Saint-Pétersbourg à Istanbul vendredi dernier. « Lorsque les pays occidentaux ont annoncé qu’ils gelaient les devises étrangères de la Banque centrale russe et que Poutine a menacé d’utiliser l’arme nucléaire, explique Konstantin, coach commercial, j’ai compris que c’était le début de la fin, qu’on avait franchi un point de non-retour. » Dmitri, disc-jockey et vidéoblogueur, a eu le déclic lorsque le gérant d’un bar dans lequel il prévoyait d’animer une soirée a déclaré qu’il ne pourrait plus le payer. « On a dû annuler une grosse soirée à cause de la guerre et, en l’espace de quelques jours, tous mes projets sont tombés à l’eau », se désole-t-il.
Un refuge de circonstance
Ces Russes se dirigent là où les restrictions aériennes le permettent encore, des destinations accessibles sans visa : Géorgie, Arménie ou Turquie. La Géorgie aurait déjà accueilli près de 25 000 ressortissants russes, provoquant même des remous au sein de l’opinion publique locale tant le sentiment antirusse y est prégnant.
Istanbul, la métropole la plus européenne de Turquie, est devenue de son côté un refuge de circonstance, un sas de décompression où l’on reprend ses esprits avant de préparer l’avenir et de rejoindre des contrées plus propices. Dans dix jours, Irena rejoindra l’Arménie, d’où elle tentera de gagner les États-Unis. Konstantin, lui, songe à Tbilissi, en Géorgie, et à Bali, en Indonésie. « Avec le télétravail, je peux travailler de partout dans le monde. Les frontières et les nations appartiennent au XXème siècle, c’est old school » estime-t-il. Dmitrii, qui partage cet avis, ajoute qu’il profitera de son exil pour « faire le tour du monde ».
Reste que, depuis que Visa et Mastercard ont suspendu leurs opérations en Russie samedi dernier, il est impossible de retirer de l’argent d’un compte bancaire russe. Si Konstantin assure pouvoir contourner ces obstacles par le biais des cryptomonnaies, la plupart des émigrés russes ont dû convertir leurs avoirs en liquide.
« J’ai assez d’argent pour survivre un mois, ensuite il faudra que je trouve du travail », glisse Polina, une dramaturge de 31 ans qui a quitté Moscou le week-end dernier. « Profondément choquée » par l’invasion de l’Ukraine, elle a collé des affiches proclamant « Non à la guerre » sur des banques et des bâtiments gouvernementaux de Moscou et a accroché un drapeau ukrainien à sa fenêtre. Cela lui a valu des menaces sur les réseaux sociaux, ainsi que de la part de l’une de ses voisines. « Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie », lâche-t-elle.
À Istanbul, elle constate qu’il y a « déjà suffisamment de Russes pour fonder des théâtres, des médias et des galeries d’art ». « On est assez nombreux pour récréer notre Russie à nous, celle qui a été éradiquée ces dernières semaines », dit-elle. L’hémorragie est telle que le régime de Vladimir Poutine tenterait de l’endiguer. Il y a quelques jours,
Le Journal du Dimanche
Comme Dmitri et Konstantin, 26 et 32 ans, qui ont pris un vol reliant Saint-Pétersbourg à Istanbul vendredi dernier. « Lorsque les pays occidentaux ont annoncé qu’ils gelaient les devises étrangères de la Banque centrale russe et que Poutine a menacé d’utiliser l’arme nucléaire, explique Konstantin, coach commercial, j’ai compris que c’était le début de la fin, qu’on avait franchi un point de non-retour. » Dmitri, disc-jockey et vidéoblogueur, a eu le déclic lorsque le gérant d’un bar dans lequel il prévoyait d’animer une soirée a déclaré qu’il ne pourrait plus le payer. « On a dû annuler une grosse soirée à cause de la guerre et, en l’espace de quelques jours, tous mes projets sont tombés à l’eau », se désole-t-il.
Un refuge de circonstance
Ces Russes se dirigent là où les restrictions aériennes le permettent encore, des destinations accessibles sans visa : Géorgie, Arménie ou Turquie. La Géorgie aurait déjà accueilli près de 25 000 ressortissants russes, provoquant même des remous au sein de l’opinion publique locale tant le sentiment antirusse y est prégnant.
Istanbul, la métropole la plus européenne de Turquie, est devenue de son côté un refuge de circonstance, un sas de décompression où l’on reprend ses esprits avant de préparer l’avenir et de rejoindre des contrées plus propices. Dans dix jours, Irena rejoindra l’Arménie, d’où elle tentera de gagner les États-Unis. Konstantin, lui, songe à Tbilissi, en Géorgie, et à Bali, en Indonésie. « Avec le télétravail, je peux travailler de partout dans le monde. Les frontières et les nations appartiennent au XXème siècle, c’est old school » estime-t-il. Dmitrii, qui partage cet avis, ajoute qu’il profitera de son exil pour « faire le tour du monde ».
Reste que, depuis que Visa et Mastercard ont suspendu leurs opérations en Russie samedi dernier, il est impossible de retirer de l’argent d’un compte bancaire russe. Si Konstantin assure pouvoir contourner ces obstacles par le biais des cryptomonnaies, la plupart des émigrés russes ont dû convertir leurs avoirs en liquide.
« J’ai assez d’argent pour survivre un mois, ensuite il faudra que je trouve du travail », glisse Polina, une dramaturge de 31 ans qui a quitté Moscou le week-end dernier. « Profondément choquée » par l’invasion de l’Ukraine, elle a collé des affiches proclamant « Non à la guerre » sur des banques et des bâtiments gouvernementaux de Moscou et a accroché un drapeau ukrainien à sa fenêtre. Cela lui a valu des menaces sur les réseaux sociaux, ainsi que de la part de l’une de ses voisines. « Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie », lâche-t-elle.
À Istanbul, elle constate qu’il y a « déjà suffisamment de Russes pour fonder des théâtres, des médias et des galeries d’art ». « On est assez nombreux pour récréer notre Russie à nous, celle qui a été éradiquée ces dernières semaines », dit-elle. L’hémorragie est telle que le régime de Vladimir Poutine tenterait de l’endiguer. Il y a quelques jours,
Le Journal du Dimanche
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