Il avertit ses frères d’armes des risques d’être un mercenaire international
Un vétéran des Forces armées canadiennes qui s’est rendu en Ukraine au début du conflit lance un message à ses confrères qui pourraient avoir la même envie que lui: ne pas partir sur un coup de tête et réfléchir aux réelles implications d’une telle décision.
«Si t’es blessé, et les risques que ça arrive sont très élevés, tu ne peux pas compter sur une évacuation héliportée, et, même par le sol, si tu tombes sur une route contrôlée par les Russes, bonne chance», prévient Léo (nom fictif), qui est récemment revenu au Québec au terme d’un séjour en Ukraine.
«S’ils découvrent que t’es un mercenaire international, réfléchis à la peine de prison, parce que qui sait ce que le Canada fera pour t’aider», ajoute-t-il.
Celui qui a fait partie du groupement tactique des FAC il y a une dizaine d’années en Afghanistan avoue être parti sur un coup de tête au début du mois en voyant les images de civils démunis partout sur le web. L'«inaction» des autres pays devant une telle violence a été l’élément déclencheur pour celui qui préfère taire son identité afin de préserver la sécurité de sa famille.
«Quand je voyais des pays envoyer 400 lance-roquettes, je capotais, dit-il. C’est comme donner un verre d’eau à son voisin dont la maison est en feu.»
Rush d'adrénaline
Mais comme bien des vétérans, Léo admet que sa dépendance à l’adrénaline a également joué dans sa prise de décision.
«Je ne me suis jamais senti à ma place depuis mon retour de l’Afghanistan, lance celui qui est désormais pompier dans une petite municipalité. Il faut réapprendre à vivre dans la normalité quand on revient d’une telle expérience et ce n’est pas évident. Il y a un côté addictif à la guerre et c’est difficilement contrôlable. Le rush d’adrénaline y est pour beaucoup.»
Il revient sur sa décision
Or, une fois en sol ukrainien, l’ex-militaire avoue avoir complètement déchanté en réalisant qu’il serait jumelé à des civils sans expérience et qu’il aurait en quelque sorte leur vie entre les mains.
«Il y a beaucoup de gens qui veulent défendre leur pays mais qui n’ont aucun background militaire, alors ils les assignent aux mercenaires internationaux», explique-t-il.
Si Léo s’y rendait initialement pour prodiguer des soins, il savait qu’il devrait utiliser les armes pour assurer sa sécurité et celle des civils à ses côtés.
«Alors, j’ai pris le temps de réfléchir, dit-il. Je me suis demandé où était ma limite. Je savais que, si j’y allais, j’allais y rester longtemps et j’allais probablement perdre ma conjointe. Les réflexes de l’armée, de ne jamais laisser personne derrière, je savais que ça ferait en sorte que je voudrais terminer cette guerre sale. Je n’aurais jamais été en paix avec l’idée de quitter mes confrères une fois le combat entamé.»
Léo a donc décidé de revenir au Québec avant d'«avoir le pied dans l’engrenage».
Capsules éducatives
Avant de rentrer, toutefois, il s’est assuré de remettre tout son équipement et son matériel médical à des gens de confiance. Il a également tourné des capsules, publiées sur YouTube, pour enseigner des techniques de soin de base en zone de guerre aux civils sans expérience qui défendent leur pays.
Léo ne souhaite dissuader qui que ce soit d'aller prêter main-forte en Ukraine. Il invite toutefois ceux qui en meurent d’envie à réfléchir sérieusement aux implications d’une telle décision. Si l’envie devient trop forte, l’ex-militaire incite les mercenaires à s’y rendre en groupe, afin de prendre soin les uns des autres, et à se munir d’une grande quantité de matériel, puisque les ressources sont devenues plus rares sur le terrain.
«C’est sûr qu’il va y avoir un sacrifice là-dedans, dit-il. C’est à toi de te demander ce que t’es prêt à laisser aller.»
JDM
Un vétéran des Forces armées canadiennes qui s’est rendu en Ukraine au début du conflit lance un message à ses confrères qui pourraient avoir la même envie que lui: ne pas partir sur un coup de tête et réfléchir aux réelles implications d’une telle décision.
«Si t’es blessé, et les risques que ça arrive sont très élevés, tu ne peux pas compter sur une évacuation héliportée, et, même par le sol, si tu tombes sur une route contrôlée par les Russes, bonne chance», prévient Léo (nom fictif), qui est récemment revenu au Québec au terme d’un séjour en Ukraine.
«S’ils découvrent que t’es un mercenaire international, réfléchis à la peine de prison, parce que qui sait ce que le Canada fera pour t’aider», ajoute-t-il.
Celui qui a fait partie du groupement tactique des FAC il y a une dizaine d’années en Afghanistan avoue être parti sur un coup de tête au début du mois en voyant les images de civils démunis partout sur le web. L'«inaction» des autres pays devant une telle violence a été l’élément déclencheur pour celui qui préfère taire son identité afin de préserver la sécurité de sa famille.
«Quand je voyais des pays envoyer 400 lance-roquettes, je capotais, dit-il. C’est comme donner un verre d’eau à son voisin dont la maison est en feu.»
Rush d'adrénaline
Mais comme bien des vétérans, Léo admet que sa dépendance à l’adrénaline a également joué dans sa prise de décision.
«Je ne me suis jamais senti à ma place depuis mon retour de l’Afghanistan, lance celui qui est désormais pompier dans une petite municipalité. Il faut réapprendre à vivre dans la normalité quand on revient d’une telle expérience et ce n’est pas évident. Il y a un côté addictif à la guerre et c’est difficilement contrôlable. Le rush d’adrénaline y est pour beaucoup.»
Il revient sur sa décision
Or, une fois en sol ukrainien, l’ex-militaire avoue avoir complètement déchanté en réalisant qu’il serait jumelé à des civils sans expérience et qu’il aurait en quelque sorte leur vie entre les mains.
«Il y a beaucoup de gens qui veulent défendre leur pays mais qui n’ont aucun background militaire, alors ils les assignent aux mercenaires internationaux», explique-t-il.
Si Léo s’y rendait initialement pour prodiguer des soins, il savait qu’il devrait utiliser les armes pour assurer sa sécurité et celle des civils à ses côtés.
«Alors, j’ai pris le temps de réfléchir, dit-il. Je me suis demandé où était ma limite. Je savais que, si j’y allais, j’allais y rester longtemps et j’allais probablement perdre ma conjointe. Les réflexes de l’armée, de ne jamais laisser personne derrière, je savais que ça ferait en sorte que je voudrais terminer cette guerre sale. Je n’aurais jamais été en paix avec l’idée de quitter mes confrères une fois le combat entamé.»
Léo a donc décidé de revenir au Québec avant d'«avoir le pied dans l’engrenage».
Capsules éducatives
Avant de rentrer, toutefois, il s’est assuré de remettre tout son équipement et son matériel médical à des gens de confiance. Il a également tourné des capsules, publiées sur YouTube, pour enseigner des techniques de soin de base en zone de guerre aux civils sans expérience qui défendent leur pays.
Léo ne souhaite dissuader qui que ce soit d'aller prêter main-forte en Ukraine. Il invite toutefois ceux qui en meurent d’envie à réfléchir sérieusement aux implications d’une telle décision. Si l’envie devient trop forte, l’ex-militaire incite les mercenaires à s’y rendre en groupe, afin de prendre soin les uns des autres, et à se munir d’une grande quantité de matériel, puisque les ressources sont devenues plus rares sur le terrain.
«C’est sûr qu’il va y avoir un sacrifice là-dedans, dit-il. C’est à toi de te demander ce que t’es prêt à laisser aller.»
JDM
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