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Les tensions s'exacerbent entre l'Espagne et l'Algérie

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  • Les tensions s'exacerbent entre l'Espagne et l'Algérie

    Les tensions s'exacerbent entre l'Espagne et l'Algérie


    Le ministre espagnol des Affrires étrangères, José Manuel Albares, veut maintenir les bonnes relations avec le fournisseur de gaz algérien sans froisser l'allié marocain, indispensable pour le contrôle des migrations. (OSCAR DEL POZO / AFP)
    Par Cécile Thibaud

    Publié le 9 juin 2022 à 14:53

    La crise entre Madrid et Alger monte en intensité. L'Algérie a annoncé la suspension du traité bilatéral « d'amitié, de bon voisinage et de coopération », en réaction à l'intervention du chef du gouvernement espagnol Pedro Sánchez qui assume pleinement le changement de cap diplomatique sur la question du Sahara occidental .

    Cette suspension ne constitue pas une rupture proprement dite, mais elle marque une nette escalade de tensions. Elle restreint les transactions commerciales et bancaires entre les deux pays, et complique un peu plus les relations entre l'Espagne et son principal fournisseur de gaz hors GNL.

    Il s'agit pour Alger de marquer ses vives protestations vis-à-vis du revirement espagnol sur la question du Sahara occidental, lu comme une trahison au peuple sahraoui activement soutenu par l'Algérie.

    En mars dernier, Madrid avait en effet annoncé par surprise renoncer à défendre une solution négociée sur l'avenir de l'ancienne colonie espagnole, pour s'aligner pleinement sur le plan d'autonomie dessiné par les Marocains, considéré comme « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend ».
    En pleine renégociation de contrats de gaz


    Cette crise arrive au pire moment pour Madrid, en pleine renégociation des contrats de livraisons de gaz avec Alger. Celui-ci est plus que jamais décidé à faire monter les tarifs et à marquer ses distances vis-à-vis de l'Espagne, tout en se tournant de façon ostentatoire vers l'Italie, élue partenaire préférentiel.

    « Nous analysons la portée et les conséquences nationales et européennes de cette mesure de manière sereine et constructive, mais aussi avec fermeté pour défendre l'Espagne et les intérêts des Espagnols et des entreprises espagnoles » , a commenté le ministre des affaires étrangères José Manuel Albares.

    Le fait est que Madrid tâtonne dans un labyrinthe complexe, depuis la décision, en avril 2021, d'accepter de soigner dans un hôpital en Espagne le leader sahraoui, Brahim Ghali, gravement malade du Covid. Cet accueil « pour raisons humanitaires » qui avait eu lieu à la demande expresse d'Alger avait provoqué la colère de Rabat et mis le feu aux poudres, rompant l'équilibre diplomatique délicat entre Madrid et les deux voisins aux intérêts contradictoires.
    Contrôle des migrations


    Dans un rapport confidentiel révélé par le quotidien El Pais, les services de renseignements espagnols signalent que Rabat a utilisé l'argument de cette hospitalisation polémique « comme une magnifique occasion d'obtenir de plus grandes concessions » de l'Espagne. Le Maroc a profité de l'occasion pour rappeler sa position stratégique en matière de contrôle des migrations venues d'Afrique.

    Il a suffi de quelques heures de relâchement des contrôles de la gendarmerie marocaine, en mai 2021, pour déborder la ville de Ceuta, enclave espagnole en Afrique du nord, et provoquer les alarmes de Madrid. Cette ruée de 10.000 personnes entrées illégalement, dont de nombreux enfants, sonnait comme un avertissement. Elle pouvait n'être que le prélude à de graves problèmes de contrôle des frontières.

    Les pressions de l'administration américaine, soucieuse de récompenser l'ami marocain qui venait de reconnaître enfin l'Etat d'Israël, ont fait le reste, forçant le gouvernement Sánchez à se rapprocher du Maroc. Mais en achetant un peu de tranquillité sur le dossier migratoire, le gouvernement espagnol est conscient qu'il risque de rendre le gaz algérien plus rare et plus cher.

    Cécile Thibaud (Correspondante à Madrid)
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