L'Iran le pays le plus tolérant de la région envers ses juifs, que la propagande américaine et sioniste arrêtent de diaboliser l'Iran.
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Lectures et chants s'enchaînent dans une légère cacophonie. La porte de la synagogue claque au gré des entrées et sorties des enfants. Côté femmes, à gauche, on chuchote allègrement entre deux récitations murmurantes. Côté hommes, à droite, sourires et saluts de la main s'échangent à la moindre occasion. Puis arrive le moment où l'on pose deux fauteuils l'un en face de l'autre devant l'estrade centrale. Toute l'assemblée devient silencieuse. On fait asseoir le bébé sur les genoux de son père. En face, le mohel (circonciseur) prépare son nécessaire : couteau, flacon et morceaux de coton. La foule se resserre autour d'eux. Armé d'un petit couteau à double tranchant, le mohel se penche sur le sexe du nourrisson pendant qu'un homme, debout, éponge le front en sueur du jeune père, occupé à retenir les gesticulations de son enfant. Caméscopes et téléphones portables sont tendus vers la scène. Quelques minutes plus tard, sous les youyous stridents des femmes, le bébé apparaît au-dessus de l'assistance, porté à bout de bras par son père. Les chants en hébreu résonnent sous le plafond de la synagogue. Dans une salle attenante, un buffet est garni de ragoûts, de salades et de poissons grillés. Et le père, au milieu de ses convives, verse à qui veut des rasades de whisky et de vodka!
DISCOURS ANTI-ISRAÉLIEN
Cette cérémonie de circoncision se tient à la grande synagogue Yusef-Abad, en plein centre de Téhéran, capitale de la très antisioniste République islamique d'Iran. Difficile d'imaginer que cet endroit aux allures de bâtiment administratif, situé en plein quartier résidentiel, accueille chaque semaine des centaines de juifs de Téhéran. A quelques encablures de là, sur les murs de la capitale, ne lit-on pas de ravageurs "Down with Israël" (A bas Israël)? Répandu en Iran depuis la révolution islamique de 1979, le discours anti-israélien est encore plus présent maintenant que Mahmoud Ahmadinejad a accédé à la présidence du pays. En octobre 2005, quelques mois après son élection, reprenant les propos de l'imam Khomeiny, Ahmadinejad appelait à "rayer de la carte l'Etat d'Israël", qu'il comparait à une "tumeur".
Quelques semaines plus tard, il affirmait que les Occidentaux "ont inventé le mythe du massacre des juifs". Puis le régime des mollahs organisa un concours "international" de caricatures sur la Shoah. Et les 11 et 12 décembre 2006, le monde entier assistait, incrédule, à une énième provocation de la présidence iranienne : la tenue à Téhéran d'une conférence sur l'Holocauste à laquelle était invitée la quasi-totalité des négationnistes de la planète. Ils s'étaient employés pendant deux jours à nier les preuves du génocide des juifs par l'Allemagne nazie et à faire du sionisme le produit d'une gigantesque imposture. Depuis, pas un mois ne s'écoule sans que des déclarations d'un goût douteux ne viennent illustrer la nouvelle stratégie iranienne de diabolisation des juifs et d'Israël.
Pourtant, forte de quelque 30 000 membres, la communauté juive iranienne est la plus importante du Moyen-Orient – en dehors de l'Etat hébreu. Vieille de deux mille sept cents ans, c'est aussi la plus ancienne diaspora juive vivante du monde. Comme dans la plupart des pays musulmans, elle partage avec la communauté chrétienne le statut de minorité protégée (dhimmi-s) réservé aux gens du Livre. Reconnus en tant que minorité religieuse, les juifs sont libres de pratiquer leur culte dans leurs synagogues, de célébrer leurs mariages… mais ne jouissent pas des mêmes droits que les musulmans (notamment concernant les droits d'héritage) et ne peuvent accéder à des emplois dans la haute administration ou dans l'armée.
BOUCHERIES CASHER
"Nous pratiquons notre religion dans la sérénité et ne manquons de rien, avance Farhad Aframian, jeune rédacteur en chef de la revue juive Ofogh-Bina. Nous avons une vingtaine de synagogues à Téhéran, des écoles juives, des crèches pour nos enfants en bas âge, quelques boucheries casher, notre propre hôpital, etc. A l'intérieur de nos synagogues, on fait ce qu'on veut. Le gouvernement ne nous embête pas. On a même le droit de consommer de l'alcool pour les besoins de nos cérémonies!"
Dans les rues de Téhéran, vous ne verrez que rarement des juifs coiffés d'une kippa. La plupart la mettent juste avant d'entrer dans la synagogue. Et les femmes juives, même si elles se distinguent souvent par des vêtements soyeux et colorés, respectent strictement le code vestimentaire qu'impose la loi islamique : foulard et "mantô" qui cache les formes féminines. Signe de méfiance? "Nous ne voulons pas attirer l'attention sur nous. Nous savons que notre discrétion est une condition à notre relative liberté", répond Arash Abaie, 36 ans, professeur de religion juive, éditeur de livres en hébreu et lecteur à la synagogue Yusef-Abad. Pour lui, aucune contradiction majeure à être juif en terre d'islam. "Il n'y a pas de ghettos ou de quartiers exclusivement juifs en Iran. Nous sommes bien intégrés et ne sentons aucune hostilité de la part de nos compatriotes, poursuit-il. Il faut savoir aussi que nous, juifs d'Iran, nous nous définissons d'abord et avant tout comme iraniens."
On conçoit mal, pourtant, que les déclarations négationnistes et les multiples provocations du président Ahmadinejad aient pu les laisser indifférents. Par la voix de Moris Motamed, son unique représentant au Parlement, la communauté juive a officiellement condamné ces propos. Quand Mahmoud Ahmadinejad a remis en cause l'Holocauste il y a deux ans, le député a organisé une conférence de presse pour protester publiquement contre ces déclarations. Il y affirmait que lest un fait historique avéré et que remettre en question cette tragédie humaine est une insulte pour tous les juifs du monde. Pour Moris Motamed, toutefois, ces provocations ne constituent pas une menace directe à l'égard de la communauté. "Ahmadinejad ne fait que reprendre le discours de ses prédécesseurs. Dès le lendemain de la révolution, Khomeiny a explicitement fait la distinction entre les sionistes et les juifs en disant : Nous respectons le judaïsme mais nous méprisons le sionisme. Les slogans que nous entendons encore aujourd'hui visent Israël en tant que puissance occupante. Ils ne sont pas antisémites et ne nous visent pas. Cette différenciation est fondamentale pour nous", clame Moris Motamed. Il ne cache pas qu'il lui arrive de soutenir publiquement le peuple palestinien quand il estime cela nécessaire. Et l'Association juive de Téhéran, comme elle le rappelle dans son livret de présentation, a elle-même régulièrement protesté contre "les crimes du régime israélien et les violations des droits de l'homme à l'égard des Palestiniens".
La suite...
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Lectures et chants s'enchaînent dans une légère cacophonie. La porte de la synagogue claque au gré des entrées et sorties des enfants. Côté femmes, à gauche, on chuchote allègrement entre deux récitations murmurantes. Côté hommes, à droite, sourires et saluts de la main s'échangent à la moindre occasion. Puis arrive le moment où l'on pose deux fauteuils l'un en face de l'autre devant l'estrade centrale. Toute l'assemblée devient silencieuse. On fait asseoir le bébé sur les genoux de son père. En face, le mohel (circonciseur) prépare son nécessaire : couteau, flacon et morceaux de coton. La foule se resserre autour d'eux. Armé d'un petit couteau à double tranchant, le mohel se penche sur le sexe du nourrisson pendant qu'un homme, debout, éponge le front en sueur du jeune père, occupé à retenir les gesticulations de son enfant. Caméscopes et téléphones portables sont tendus vers la scène. Quelques minutes plus tard, sous les youyous stridents des femmes, le bébé apparaît au-dessus de l'assistance, porté à bout de bras par son père. Les chants en hébreu résonnent sous le plafond de la synagogue. Dans une salle attenante, un buffet est garni de ragoûts, de salades et de poissons grillés. Et le père, au milieu de ses convives, verse à qui veut des rasades de whisky et de vodka!
DISCOURS ANTI-ISRAÉLIEN
Cette cérémonie de circoncision se tient à la grande synagogue Yusef-Abad, en plein centre de Téhéran, capitale de la très antisioniste République islamique d'Iran. Difficile d'imaginer que cet endroit aux allures de bâtiment administratif, situé en plein quartier résidentiel, accueille chaque semaine des centaines de juifs de Téhéran. A quelques encablures de là, sur les murs de la capitale, ne lit-on pas de ravageurs "Down with Israël" (A bas Israël)? Répandu en Iran depuis la révolution islamique de 1979, le discours anti-israélien est encore plus présent maintenant que Mahmoud Ahmadinejad a accédé à la présidence du pays. En octobre 2005, quelques mois après son élection, reprenant les propos de l'imam Khomeiny, Ahmadinejad appelait à "rayer de la carte l'Etat d'Israël", qu'il comparait à une "tumeur".
Quelques semaines plus tard, il affirmait que les Occidentaux "ont inventé le mythe du massacre des juifs". Puis le régime des mollahs organisa un concours "international" de caricatures sur la Shoah. Et les 11 et 12 décembre 2006, le monde entier assistait, incrédule, à une énième provocation de la présidence iranienne : la tenue à Téhéran d'une conférence sur l'Holocauste à laquelle était invitée la quasi-totalité des négationnistes de la planète. Ils s'étaient employés pendant deux jours à nier les preuves du génocide des juifs par l'Allemagne nazie et à faire du sionisme le produit d'une gigantesque imposture. Depuis, pas un mois ne s'écoule sans que des déclarations d'un goût douteux ne viennent illustrer la nouvelle stratégie iranienne de diabolisation des juifs et d'Israël.
Pourtant, forte de quelque 30 000 membres, la communauté juive iranienne est la plus importante du Moyen-Orient – en dehors de l'Etat hébreu. Vieille de deux mille sept cents ans, c'est aussi la plus ancienne diaspora juive vivante du monde. Comme dans la plupart des pays musulmans, elle partage avec la communauté chrétienne le statut de minorité protégée (dhimmi-s) réservé aux gens du Livre. Reconnus en tant que minorité religieuse, les juifs sont libres de pratiquer leur culte dans leurs synagogues, de célébrer leurs mariages… mais ne jouissent pas des mêmes droits que les musulmans (notamment concernant les droits d'héritage) et ne peuvent accéder à des emplois dans la haute administration ou dans l'armée.
BOUCHERIES CASHER
"Nous pratiquons notre religion dans la sérénité et ne manquons de rien, avance Farhad Aframian, jeune rédacteur en chef de la revue juive Ofogh-Bina. Nous avons une vingtaine de synagogues à Téhéran, des écoles juives, des crèches pour nos enfants en bas âge, quelques boucheries casher, notre propre hôpital, etc. A l'intérieur de nos synagogues, on fait ce qu'on veut. Le gouvernement ne nous embête pas. On a même le droit de consommer de l'alcool pour les besoins de nos cérémonies!"
Dans les rues de Téhéran, vous ne verrez que rarement des juifs coiffés d'une kippa. La plupart la mettent juste avant d'entrer dans la synagogue. Et les femmes juives, même si elles se distinguent souvent par des vêtements soyeux et colorés, respectent strictement le code vestimentaire qu'impose la loi islamique : foulard et "mantô" qui cache les formes féminines. Signe de méfiance? "Nous ne voulons pas attirer l'attention sur nous. Nous savons que notre discrétion est une condition à notre relative liberté", répond Arash Abaie, 36 ans, professeur de religion juive, éditeur de livres en hébreu et lecteur à la synagogue Yusef-Abad. Pour lui, aucune contradiction majeure à être juif en terre d'islam. "Il n'y a pas de ghettos ou de quartiers exclusivement juifs en Iran. Nous sommes bien intégrés et ne sentons aucune hostilité de la part de nos compatriotes, poursuit-il. Il faut savoir aussi que nous, juifs d'Iran, nous nous définissons d'abord et avant tout comme iraniens."
On conçoit mal, pourtant, que les déclarations négationnistes et les multiples provocations du président Ahmadinejad aient pu les laisser indifférents. Par la voix de Moris Motamed, son unique représentant au Parlement, la communauté juive a officiellement condamné ces propos. Quand Mahmoud Ahmadinejad a remis en cause l'Holocauste il y a deux ans, le député a organisé une conférence de presse pour protester publiquement contre ces déclarations. Il y affirmait que lest un fait historique avéré et que remettre en question cette tragédie humaine est une insulte pour tous les juifs du monde. Pour Moris Motamed, toutefois, ces provocations ne constituent pas une menace directe à l'égard de la communauté. "Ahmadinejad ne fait que reprendre le discours de ses prédécesseurs. Dès le lendemain de la révolution, Khomeiny a explicitement fait la distinction entre les sionistes et les juifs en disant : Nous respectons le judaïsme mais nous méprisons le sionisme. Les slogans que nous entendons encore aujourd'hui visent Israël en tant que puissance occupante. Ils ne sont pas antisémites et ne nous visent pas. Cette différenciation est fondamentale pour nous", clame Moris Motamed. Il ne cache pas qu'il lui arrive de soutenir publiquement le peuple palestinien quand il estime cela nécessaire. Et l'Association juive de Téhéran, comme elle le rappelle dans son livret de présentation, a elle-même régulièrement protesté contre "les crimes du régime israélien et les violations des droits de l'homme à l'égard des Palestiniens".
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