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Maroc Déficit hydrique: Stress maximal

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    Vendredi 23 Septembre 2022

    La quotidienne.ma

    Déficit hydrique: Stress maximal

    Le Maroc est dans une situation d’état d’urgence hydrique.

    Sécheresse, déficit aigu des bassins hydrauliques, recul continu du niveau des nappes phréatiques…, tous les ingrédients sont réunis pour initier prestement une autre approche de la gestion des ressources hydriques.

    Le programme national pour l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 mobilise des investissements de l’ordre de 115,4 milliards de dirhams.



    Par D. William

    Les réserves totales des barrages en eau au 20 septembre 2022 s’établissent à 4,025 milliards de m3 , soit un taux de remplissage de 25%. A la même période de l’année dernière, ces réserves étaient de 6,2 milliards de m3 , pour un taux de remplissage de 38,9%. Ce déficit historique cache une réalité bien plus critique, puisque plusieurs barrages frôlent actuellement le tarissement.

    C’est notamment le cas des barrages Mohammed V, avec un taux de remplissage de 0,3%, Al Massira (3,4%), ou encore Abdelmoumen (1,7%). Outre ces barrages, 8 autres présentent des taux de remplissage en deçà de 10% : Ibn Batouta (9,4%), Hassan II (9,2%), Joumoua (8,7%), Tamalout (8,6%), Al Himer (9,7%), Moulay Youssef (7,1%), Ahmed Al Hansali (8,4%) et Dkhila (8,9%). Avec la faiblesse des précipitations, le déficit sévère que connaissent les bassins hydrauliques et le niveau des nappes phréatiques qui, selon le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, régresse désormais de 2 à 3 mètres par an, dire que le Maroc est dans une situation d’état d’urgence… hydrique est une lapalissade.

    La baisse constante des ressources, constatées depuis plusieurs années, s’accentue de plus en plus à la faveur, entre autres, des épisodes de sécheresse de plus en plus récurrents. La disponibilité des ressources en eau dans le Royaume est passée de 2.560 m3 en 1960 à moins de 620 m3 en 2022, soit un niveau en deçà du seuil de pénurie fixé à 1.000 m3/hab/ an.

    «L’évolution démographique prévisible pour les 30 prochaines années montre que la pression humaine sur les ressources en eau ira en croissant, faisant de la pénurie chronique d’eau une donnée structurelle dont il faut impérativement tenir compte dans les politiques et stratégies de gestion des ressources en eau. Avec l’hypothèse du maintien de la disponibilité des mêmes ressources en eau et le résultat de la projection de la population à l’horizon 2050 qui est de l’ordre de 44 millions d’habitants, nous aurions un ratio de l’ordre de 510 m3 par personne/an. Cette moyenne correspond quasiment au seuil de rareté extrême de l’eau (500 m3 par habitant/ an). Avec la considération des impacts futurs du changement climatique, le Maroc pourrait être situé au cours des prochaines décennies au-dessous du seuil de rareté de l’eau», nous confiait récemment Mohamed Chikhaoui, professeur à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV) et expert en gestion des ressources sol et eau.



    Mobilisation générale

    Qu’ils soient du public ou du privé, tous les acteurs sont actuellement mobilisés pour faire face à cette crise de l’eau, dans un Maroc qui, selon Word Ressources Institute, occupe la 23ème place sur 165 pays exposés aux risques hydriques. Aujourd’hui, le leitmotiv est de rationnaliser au mieux l’utilisation des ressources hydriques, la principale crainte des autorités étant de ne pouvoir satisfaire les besoins en eau potable, vu la faiblesse des réserves des barrages. Ces besoins ont pu être satisfaits jusqu’à présent grâce au renforcement de l'approvisionnement en eaux souterraines et des barrages réservés au secteur agricole, selon Baraka. Parallèlement, diverses mesures d’urgence ont été initiées par le gouvernement, dont notamment le dessalement de l'eau de mer.

    A Agadir, 15 millions de m3 d'eau ont été traités depuis février 2022. Il est aussi prévu d'accélérer la cadence de réalisation des stations de dessalement d’eau de mer à Casablanca, Safi, El Jadida et Nador, ainsi que la réalisation de la tranche d’urgence du projet d’interconnexion des bassins du SebouBouregreg. En outre, dans le cadre du programme national pour l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020- 2027 qui mobilise des investissements de l’ordre de 115,4 milliards de dirhams, il s’agit également de donner un coup de fouet à la réalisation des petits et grands barrages.

    Objectifs : porter la capacité de stockage pour atteindre 24 milliards de m3 à l’horizon 2030, conformément aux directives royales. Dans ce cadre, Baraka a effectué le 5 septembre une visite de terrain pour voir l’état d’avancement des travaux du barrage du Grand Tamri, en cours d'achèvement dans la vallée de Tamri, à 62 km de la ville d'Agadir. D’une capacité de stockage de plus de 200 millions de m3 et d’un coût de 2,7 Mds de DH, il permettra d’assurer l’approvisionnement en eau potable de la région. Clairement, la situation est inquiétante : les décisions urgentes prises ne permettent de régler que partiellement des problématiques ponctuelles, tandis que les mesures structurantes, qui peuvent apporter des solutions durables, ne produiront leurs effets qu’à moyen et long terme.

    Dès lors, faudra-t-il se préparer dès à présent à une rationalisation de l’approvisionnement dans les grandes villes du Maroc, avec notamment des ruptures dans l’alimentation en eau potable ? Ce n’est pas une option à écarter, au regard notamment des déficits hydriques actuels. Des déficits qui risquent de devenir structurels sous l’effet du changement climatique et qui vont aggraver la crise de l’eau, pas seulement au Maroc, mais dans le monde. La demande sur cette ressource devrait dépasser l'offre de 40% d'ici 2030, selon la Banque mondiale, qui précise que «les sécheresses, les inondations et les autres risques liés à l'eau gagnent en intensité; les eaux souterraines sont surexploitées et polluées; et les villes et les exploitations agricoles sont en butte à de graves pénuries d'eau. Ces phénomènes vont compromettre les acquis du développement et nécessiteront de nouveaux investissements dans des solutions de gestion de l'eau».





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