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    Comment le tabou des énergies fossiles dans les COP a été brisé aux Émirats


    Par TELQUEL

    Crédit: Sultan Al Jaber, président émirati de la COP28, et patron d'Adnoc.

    Temps de lecture : 6 minutes
    John Kerry a attendu la fin de la COP28, mercredi, pour le dire : l’émissaire américain a bien cru, dans les dernières 48 heures, que la conférence de Dubaï se dirigeait vers un fiasco.

    La raison ? Il n’a pas nommé de pays, mais on devine dans son récit les contours de l’Arabie saoudite, du Koweït et, plus généralement, des États pétroliers du groupe arabe.

    “Un ministre de ces pays m’a dit : John, tu ne peux pas nous demander de nous suicider économiquement…”, s’est-il souvenu en conférence de presse, quelques heures après l’adoption à Dubaï du premier accord de l’histoire des COP à désigner les énergies fossiles, par consensus des 195 parties à l’Accord de Paris. “Je ne pensais pas que nous aurions un accord de cette ampleur, pour être honnête…”. “C’était inespéré”, acquiesce un négociateur européen.

    Qui a mis le plus la pression sur la présidence de la COP28 assurée par les Émirats arabes unis ? “Son grand frère”, l’Arabie saoudite, “puis ensuite les Européens et les États insulaires, dans l’autre sens”, racontait un négociateur européen à mi-parcours.

    De “sortie” à “transition”

    Car l’histoire de la COP28 est celle de ces pays qui ont campé sur une position hostile à toute mention des énergies fossiles face à une coalition inédite de nations réclamant une “sortie”du pétrole, du gaz et du charbon.

    L’une des clés du compromis a été de substituer au mot “sortie”(phase-out, en anglais) celui de “transition”, dans le texte finalisé au cours de la dernière nuit par le président de la conférence, Sultan Al Jaber. Un texte “finement calibré”, “imparfait” à la fois pour les petites îles menacées et pour les producteurs de pétrole, a admis un membre de son équipe.

    Beaucoup de pays refusaient un “choix binaire” : parler de “sortie” des énergies fossiles ou seulement d’une “réduction”, expliquait cette personne lundi. Le fameux mot de “transition” a été vu comme l’issue.

    Malgré ce recul, des États dits “ambitieux”, incluant ceux d’Europe, le Canada, la Colombie, le Chili ou encore le Kenya, estiment avoir obtenu une victoire encore inimaginable il y a un an.

    À Dubaï, ces pays divers ont réussi à faire front commun jusqu’aux ultimes heures. Notamment grâce à l’adoption spectaculaire, au premier jour le 30 novembre, de la mise en œuvre du fonds sur les dommages climatiques destiné aux pays vulnérables.

    Un sujet très “épineux” évacué dès le début, qui a permis à ces États “ambitieux” du Nord et du Sud de ne plus se chamailler et de livrer ensemble la bataille des énergies fossiles, décrypte un négociateur occidental joint jeudi par l’AFP.

    Quand un premier projet d’accord présenté lundi soir par Sultan Al Jaber s’est contenté de parler de “réduction”, cette alliance informelle transcontinentale, associée aux États insulaires, a multiplié les réunions, jusqu’à rencontrer Sultan Al Jaber. Cet ensemble de plus de cent pays a fait peser sur l’Émirati la menace d’une absence d’accord qui aurait été désastreuse.

    Ce n’est pas Sultan Al Jaber qui est à l’origine de la mention d’une “transition”. En novembre, les îles du Pacifique ont signé avec l’Australie, un grand producteur de charbon, un texte proche de la formule de la COP28, appelant à opérer une “transition hors du charbon, du pétrole et du gaz”conformément aux préconisations scientifiques pour limiter le réchauffement à 1,5 °C.

    Pendant la crise de lundi soir, au cours d’une réunion de tous les pays, ce terme est réapparu dans la bouche… des représentants de l’Australie et de la Norvège, deux pays producteurs occidentaux.

    Y a-t-il une différence entre “sortie” et “transition hors” ? Évidemment, reconnaissent les partisans de la “sortie”, tout en la relativisant. Côté français, l’entourage de la ministre présente à Dubaï s’évertuait mercredi à convaincre les journalistes que la bonne traduction de “transitionning away” était la même que celle de “phase out” : “sortir progressivement”.

    Le poids de la Chine et des États-Unis

    Aucun consensus n’aurait été possible sans l’approbation de la Chine et des États-Unis, qui à eux deux envoient dans l’atmosphère 40 % des gaz à effet de serre d’origine humaine.

    Américains et Chinois avaient donné le signal de ce qui leur était acceptable en tant que compromis, un mois avant, dans leur déclaration dite de Sunnylands. Ils y encourageaient l’essor des énergies renouvelables pour accélérer la “substitution” au charbon, au pétrole et au gaz “dans la production d’électricité”.

    Premier producteur mondial de pétrole, les États-Unis ne voulaient pas briser ce fragile équilibre avec Pékin, laissant aux “ambitieux” le premier rôle pour plaider la “sortie”. Un manque d’enthousiasme initial, selon leurs alliés européens, plus rassurés ensuite par quelques prises de parole engagées de John Kerry.

    Mais la principale contribution des États-Unis a été de s’assurer du soutien final de la Chine, reconnaît ce négociateur. “Et neutraliser la Chine, en soi, c’est un résultat remarquable”, dit-il.



    La préparation méthodique des Émirats depuis un an a aussi aidé à éviter un fiasco. La désignation en janvier de Sultan Al Jaber, le patron de la compagnie pétrolière Adnoc, pour présider la COP28 avait provoqué des réactions allant de l’ironie à la fureur parmi les observateurs.

    Ses premiers mois ont été dominés par son entêtement à parler de la réduction “des émissions” plutôt que d’appeler frontalement à alléger le poids des énergies fossiles. Ce qu’il a commencé à corriger en juin en parlant d’“inévitable” réduction. Son périple dans plus de 25 pays et l’implication de son équipe ont été perçus favorablement.

    “Les Émirats se sont remarquablement comportés, tout le monde a été inclus dans tout le processus”, confie jeudi à l’AFP Pedro Luis Pedroso, le diplomate cubain qui préside l’incontournable groupe G77+Chine, comprenant 134 pays en développement.”Honnêtement, je ne pense pas qu’ils soient venus à la COP avec un texte pré-écrit”, poursuit-il.

    Le mois précédent, plus de 40 consultations ont été menées par l’équipe émiratie de négociateurs, dirigée par Hana AlHashimi

    L’an dernier, les Égyptiens avaient été par comparaison très critiqués. “Nous sommes tous fatigués, sauf vous, monsieur le président”, avait lancé le commissaire européen Frans Timmermans en clôture de la COP27. Cette année, la fatigue était, au moins, universellement partagée.




    PRODUCTION DE PÉTROLE BRUT - LISTE
    Monde Europe Amérique Asie Afri Que
    Pays Dernier Précédent Ur
    Nigeria 1250 1351 BE
    Libye 1206 1188 BE
    Angola 1084 1147 BE
    Algérie 960 961 BE
    Égypte 570 566 BE
    République Du 253 265 BE
    Gabon 218 217 BE
    Soudan 157 157 BE
    Ghana 155 156 BE
    Tchad 125 124 BE
    Cameroun 53 54 BE
    Guinée Équator 53 54 BE


    PRODUCTION DE PÉTROLE BRUT - LISTE
    Monde Europe Amérique Asie Afri
    Pays Dernier Précédent Ur
    Congo 19 19 BE
    Côte d'Ivoire 29 29 BE
    Tunisie 33 33 BE
    Guinée Équator 53 54 BE
    Cameroun 53 54 BE
    Tchad 125 124 BE
    Ghana 155 156 BE
    Soudan 157 157 BE
    Gabon 218 217 BE
    Dernière modification par Raco, 15 décembre 2023, 06h49.

  • #2
    Clap de fin pour la COP28. Après de longues négociations, un accord a été trouvé sur un abandon progressif des énergies fossiles. Pour le Maroc, cette transition implique un fort engagement en matière de politiques publiques et de choix technologiques. Décryptage.

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    • #3
      Avec du vent et rien de concret pour remplacer l'énergie fossile la transition à été préférer au mot sortir une transition piloter jusqu'à l'épuisement complet des ressources pétrolières et gazières.

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      • #4
        C'est l'Opep qui a brisé la Cop.
        J'aime surfer sur la vague du chaos.

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        • #5
          fin de tout financement de nouveaux projets d'extraction d'énergies fossiles annoncée jeudi par le Crédit Agricole français, est un nouvel épisode dans la quête de la neutralité carbone pour laquelle toutes les banques sont loin de jouer le jeu.

          ⤵ ENGAGEMENTS ET DISTORSIONS

          De nombreuses banques, dont les principaux établissements français, ont pris des engagements pour la planète.

          La Net-Zero Banking Alliance (NZBA), un programme lancé en 2021 dans le cadre de l'Initiative financière du programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP-FI), les incite à porter en priorité leurs efforts sur les secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre et jouant un rôle clef dans la transition vers une économie neutre en carbone.

          Mais même l'Observatoire de la finance durable - un organisme émanant de la profession qui évalue la transformation écologique de la Place financière de Paris - trouve les grandes banques françaises peu précises dans leurs communication sur leurs engagements pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.

          Des ONG épluchent leurs engagements, dénonçant entre autres le recours à des émissions obligataires opaques pour financer les énergies fossiles.

          ⤵ LES MAUVAIS ÉLÈVES

          Le rapport annuel "Banking on Climate Chaos", publié par une associations d'ONG, recense les prêts, émissions d'obligations et garanties accordées à plusieurs milliers d'entreprises actives dans les secteurs du charbon, du pétrole et du gaz dans le monde depuis les Accords de Paris de 2015.

          Tout engagements confondus, il met en avant la "Dirty Dozen", la douzaine de banques "sales" qui financent le plus les énergies fossiles: BNP Paribas est 11e sur la période 2016-2022 et 12e sur la seule année 2022.

          Le classement est dominé par les banques américaines JP Morgan Chase, Citi, Wells Fargo, et Bank of America, suivies de la canadienne RBC, numéro 1 mondial en 2022 pour son soutien au gaz et au pétrole de schiste.

          Plus généralement, 13 banques étudiées par le groupement d'ONG ne font état d'aucune exclusion dans leurs engagements dont 11 chinoises.

          Dans un autre classement qui pointe les 10 principaux financeurs de 425 "bombes carbone" - des projets d'extraction d'énergie fossile particulièrement émetteurs de CO2 -, publié fin octobre par les ONG françaises Data for Good et Eclaircies, on retrouve BNP Paribas à la 5e place, suivie par Crédit Agricole à la 7e.

          On trouve aussi parmi les mauvais élèves les Japonais Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFG) et Mizuho, la britannique Barclays, la canadienne Scotiabank... et de nombreux établissements chinois, comme ICBC, Citic, Agricultural Bank of China ou Bank of China.

          ⤵ DES BANQUES FRANÇAISES PLUTÔT VERTUEUSES

          Malgré de très nombreuses réserves, "les banques françaises sont dans le peloton de tête" des bons élèves, estime Lucie Pinson, directrice de l'ONG Reclaim Finance.

          La première d'entre elles, BNP Paribas, devrait selon elle bientôt sortir des classements diffamants des ONG, car elle s'est engagée cette année à ne plus financer de nouveaux projets d'exploration et d'exploitation de pétrole et de gaz.

          Certaines banques comme elles cessent certes de financer de nouveaux champs de pétrole et de gaz, mais ne s'interdisent pas de contribuer à l'extension d'activités existantes ou de continuer à soutenir les grands groupes pétroliers, pointent-elles. Idem pour le Crédit Agricole qui, dénonce Reclaim Finance, se laisse toujours la liberté de financer de nouveaux projets d'infrastructures fossiles comme les terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL).

          La Société Générale est désormais considérée comme un assez bon élève, même si elle finance toujours globalement des entreprises qui développent de nouveaux projets pétroliers et gaziers (et non plus les projets eux-mêmes).

          Le Crédit Mutuel, et surtout BCPE-Natixis sont plus mal vus, ce dernier groupe n'ayant pris aucun engagement précis.

          La Banque Postale, de taille plus modeste, est la plus vertueuse selon les ONG.


          ⤵ D'AUTRES "BONS ÉLÈVES"

          Le géant bancaire britannique HSBC a annoncé fin 2022 qu'il allait cesser de financer les nouveaux gisements de pétrole et gaz, s'attIrant même les louanges de Greenpeace pour qui ces mesures annoncées étaient "attendues depuis trop longtemps".

          HSBC va continuer à apporter des financements et des services de conseil à ses clients du secteur énergétique du moment qu'ils sont "en adéquation avec les objectifs de baisse des émissions de CO2 de la banque".

          La principale banque danoise, Danske Bank, s'est engagée en janvier à ne plus financer les combustibles fossiles, que ce soit les nouveaux gisements ou l'extension d'activités existantes.

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