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«J’ai honte d’être français en ce moment» : des dizaines de milliers de personnes mobilisées contre la loi immigration

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  • «J’ai honte d’être français en ce moment» : des dizaines de milliers de personnes mobilisées contre la loi immigration

    Ce dimanche 75 000 manifestants, dont 16 000 personnes à Paris, ont défilé contre le projet de loi voté au Parlement en décembre, espérant qu’une partie du texte sera censurée par le Conseil constitutionnel la semaine prochaine.

    A l’heure H moins quinze minutes, Il y a eu un petit moment de flottement derrière la longue banderole bleu «Liberté Egalité Fraternité : non à loi immigration» déployée ce dimanche place des droits de l’homme, à Paris. Derrière les cordes du carré VIP protégé par des militants CGT bras cerclé de ruban vert fluo, leaders politiques, syndicalistes et représentants des associations caritatives et de défense des droits des étrangers évitent de porter trop loin le regard. A tour de rôle, ils répètent façon mitrailleuse aux journalistes l’impératif de se mobiliser contre «la loi la plus raciste et xénophobe dans notre pays depuis des dizaines d’années» (Manon Aubry, LFI), «la mise en cause du droit d’asile et du droit du sol» (Patrick Baudoin, Ligue des droits de l’homme) et «pour défendre les principes fondamentaux de notre constitution» (Sophie Binet, CGT), «contre les idées de l’extrême droite dont Macron est devenu le promoteur» (Olivier Faure, PS). Mais l’inquiétude est palpable.

    «On ne pouvait pas attaquer le mois de janvier sans réaction»

    Cinq mètres en arrière, une femme noire en doudoune blanche se fait photographier avec vue sur le jardin du Trocadéro par un vendeur à la sauvette. Nez dans leur cornet de pop-corn, ses deux grands fils ne sont «pas au courant» de l’appel imminent à manifester contre la promulgation de la loi immigration votée le 19 décembre par l’Assemblée nationale avec le soutien des députés Rassemblement national. D’ailleurs, ils ne font pas mine de s’intéresser. Cinq mètres devant, une «costume designer», immigrée marocaine de longue date «passée entre les mailles du filet», venue manifester contre cette loi «dégueulasse», trouve elle aussi la place un peu vide. «Le pire, c’est si on n’avait rien fait, glisse le communiste Fabien Roussel, quand même un peu ébranlé par la faible affluence à quelques minutes du gong de départ. «Avec Sophie Binet, on s’est dit qu’on ne pouvait pas attaquer le mois de janvier sans réaction. En 1939, il n’y avait pas beaucoup de résistants mais à la fin tout le monde l’était.». D’ailleurs, les personnalités signataire de «l’appel des 201» ne sont pas encore toutes là. «Marina Foïs vient de me dire qu’elle arrive ! C’est son anniversaire aujourd’hui», glisse Roussel à ses voisins.

    Optimisme prémonitoire. D’un coup, tout change. Comme s’ils avaient attendu le dernier moment pour affronter le froid piquant, des milliers d’individus envahissent la place, piaffant d’entamer leur longue marche vers la Concorde, destination finale de la marche. Le camion sono des associations antiracistes et de soutiens aux immigrés (SOS Racisme, la Cimade, le Secours catholique, France Terre d’asile…) rivalise avec les mégaphones de la CGT, de FO, de LO, ou d’Attac dans un joyeux bazar. Le collectif de l’éducation nationale contre la loi Darmanin hurle des slogans à sa sauce – «Stanislas, pour loger les mineurs isolés, Réquisitionné !» – qui font sourire les marcheurs. Personne ne s’y trompe : la France de gauche est mobilisée. «Cela fait du bien d’être ici au milieu de gens qui pensent comme nous», dit un couple de retraités de Ménilmontant qui confesse sa «trouille bleue» que «l’apartheid, la banalisation du racisme et la discrimination qui préparent le terrain à Le Pen».

    Un peu plus loin, un couple de sans-papiers originaire du Bangladesh et ses quatre enfants confesse aussi «avoir peur». Arrivés, il y a six ans, les parents viennent d’obtenir un rendez-vous sésame à la préfecture pour une régularisation. Ils se seraient fait oublier encore un peu si Emmaüs ne les avait pas pressés de venir. Dans la manifestation, les visages sont presque tous blancs. Selon le bilan du ministère de l’Intérieur, 16 000 personnes ont défilé à Paris, le cortège parisien formant la plus importante des 160 marches organisées dans le pays, qui ont rassemblées au total 75 000 manifestants.

    «On vit des heures sombres»

    Au fil du cortège, la peur s’entend et se lit. Une pancarte jaune proclame un «Gros seum» au recto, la «honte» au verso. «Je suis abasourdi, j’ai honte d’être français en ce moment», lâche son auteur, cheveux mi-longs poivre et sel et blouson noir taché de blanc. «Tout cela prend une tournure abjecte. On vit des heures sombres.» Il espère que le 25 janvier le Conseil constitutionnel «va rabattre son caquet au gouvernement» en censurant le texte. Mais de là à ce que Macron ne promulgue pas la loi… «Au moins, il y a une prise de conscience», se rassure-t-il.

    Mais, pour beaucoup, la menace qui monte exige davantage qu’une mobilisation de circonstance. Il y a ceux qui l’écrivent tranquillement : «Réarmons la gauche unie et décomplexée pour rétablir la fraternité», invite une pancarte, qui paraphrase le récent discours de Macron. Et il y a ceux qui le hurlent : «Pourquoi vous ne voulez pas faire d’alliance Tondelier et Roussel ? tonne un énervé au passage de la tête du cortège. On va perdre à cause de vous ! Il faut se réveiller ! Vous voulez les fachos ?»

    Libération
    "Les vérités qu'on aime le moins à apprendre sont celles que l'on a le plus d'intérêt à savoir" (Proverbe Chinois)

  • #2
    La conquête des élections par des lois racistes qui mettent à néant la politique de l'opposition à droite accès exclusivement sur l'émigration.

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