Par - Leslie Carretero infomigrants.net/ Publié le : 02/02/2024 Dernière modification : 08/02/2024
La récente abrogation de la loi au Niger qui criminalisait le trafic de migrants a été largement saluée par la population d'Agadez, plaque tournante de la migration sur la route vers la Méditerranée. C'est toute l'économie locale qui revit avec la reprise de l'activité liée au transport de migrants à travers le désert. Mais la route reste mortifère et mène les exilés vers "l'enfer libyen" et vers les dangereuses traversées de la mer.
Depuis plusieurs mois, Agadez, dernière grande cité nigérienne sur la route de la Libye, renoue avec le business de la migration. "La ville renait de ses cendres", se réjouit le Nigérien Azizou Chehou, coordinateur du collectif Alarme Phone Sahara, qui porte secours aux migrants perdus dans le désert à la frontière algérienne et libyenne.
En novembre dernier, les militaires au pouvoir au Niger ont aboli la loi 2015-36 qui criminalisait le trafic de migrants. Adopté le 26 mai 2015 sous pression de l’Union européenne (UE), le texte prévoyait des peines d’emprisonnement allant de cinq à dix ans et des amendes d’un à cinq millions de francs CFA (entre 1 500 et 7 600 euros) pour les trafiquants.
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Cette loi avait fait du pays africain un partenaire stratégique pour l'UE qui cherche à tout prix à contenir les flux migratoires. Mais avec le renversement du président en place au Niger l’an dernier, le partenariat s’est rompu.
Après le coup d’État, le Vieux Continent a immédiatement mis fin à son soutien financier : Bruxelles avait prévu une aide de 800 millions d’euros sur la période de 2021 à 2024. En réponse, les militaires ont abrogé la loi 2015-36, fustigeant un texte adopté "sous l’influence de certaines puissances étrangères".
La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, s’est quant à elle dite "très préoccupée" par cette décision qui "risque de causer de nouveaux décès".
"Chacun a repris ses fonctions"
Si la décision nigérienne était politique, force est de constater que la grande majorité des habitants d’Agadez ont salué l’abrogation de cette loi, largement impopulaire dans le pays. Des passeurs emprisonnés ont été libérés, les véhicules confisqués rendus à leurs propriétaires et l’économie locale est repartie.
"Agadez était devenue une ville morte, on sent que la vie reprend", dit Bachir Amma, ancien passeur et président de l’association des ex-prestataires de la migration. Selon le journal La Croix, le trafic de migrants procure des revenus à plus de 5 000 familles d’Agadez.
À la gare routière de la ville, l’effervescence a repris comme avant : les vendeurs ambulants sont de retour pour proposer aux exilés toutes sortes de produits (bidons d’eau, biscuits, gants, cagoules…) nécessaires à la traversée du désert, les gens échangent à nouveau la monnaie, des chauffeurs chargent leurs véhicules de dizaines de migrants… "Ces scènes avaient disparu. Les Nigériens ont retrouvé leur métier de chauffeur, de guide, de vendeurs… chacun a repris ses fonctions", se félicite Azizou Chehou.
"Du jour au lendemain, je ne gagnais plus rien"
En 2015, lors de la promulgation de la loi au Niger, l’UE avait créé un fonds spécifique, nommé "fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne pour l’Afrique" pour financer des programmes de reconversion à hauteur de 1,5 million de francs CFA (2 200 euros). Trop peu, ont estimé les passeurs.
Suite .....
La récente abrogation de la loi au Niger qui criminalisait le trafic de migrants a été largement saluée par la population d'Agadez, plaque tournante de la migration sur la route vers la Méditerranée. C'est toute l'économie locale qui revit avec la reprise de l'activité liée au transport de migrants à travers le désert. Mais la route reste mortifère et mène les exilés vers "l'enfer libyen" et vers les dangereuses traversées de la mer.
Depuis plusieurs mois, Agadez, dernière grande cité nigérienne sur la route de la Libye, renoue avec le business de la migration. "La ville renait de ses cendres", se réjouit le Nigérien Azizou Chehou, coordinateur du collectif Alarme Phone Sahara, qui porte secours aux migrants perdus dans le désert à la frontière algérienne et libyenne.
En novembre dernier, les militaires au pouvoir au Niger ont aboli la loi 2015-36 qui criminalisait le trafic de migrants. Adopté le 26 mai 2015 sous pression de l’Union européenne (UE), le texte prévoyait des peines d’emprisonnement allant de cinq à dix ans et des amendes d’un à cinq millions de francs CFA (entre 1 500 et 7 600 euros) pour les trafiquants.
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Cette loi avait fait du pays africain un partenaire stratégique pour l'UE qui cherche à tout prix à contenir les flux migratoires. Mais avec le renversement du président en place au Niger l’an dernier, le partenariat s’est rompu.
Après le coup d’État, le Vieux Continent a immédiatement mis fin à son soutien financier : Bruxelles avait prévu une aide de 800 millions d’euros sur la période de 2021 à 2024. En réponse, les militaires ont abrogé la loi 2015-36, fustigeant un texte adopté "sous l’influence de certaines puissances étrangères".
La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, s’est quant à elle dite "très préoccupée" par cette décision qui "risque de causer de nouveaux décès".
"Chacun a repris ses fonctions"
Si la décision nigérienne était politique, force est de constater que la grande majorité des habitants d’Agadez ont salué l’abrogation de cette loi, largement impopulaire dans le pays. Des passeurs emprisonnés ont été libérés, les véhicules confisqués rendus à leurs propriétaires et l’économie locale est repartie.
"Agadez était devenue une ville morte, on sent que la vie reprend", dit Bachir Amma, ancien passeur et président de l’association des ex-prestataires de la migration. Selon le journal La Croix, le trafic de migrants procure des revenus à plus de 5 000 familles d’Agadez.
À la gare routière de la ville, l’effervescence a repris comme avant : les vendeurs ambulants sont de retour pour proposer aux exilés toutes sortes de produits (bidons d’eau, biscuits, gants, cagoules…) nécessaires à la traversée du désert, les gens échangent à nouveau la monnaie, des chauffeurs chargent leurs véhicules de dizaines de migrants… "Ces scènes avaient disparu. Les Nigériens ont retrouvé leur métier de chauffeur, de guide, de vendeurs… chacun a repris ses fonctions", se félicite Azizou Chehou.
"Du jour au lendemain, je ne gagnais plus rien"
En 2015, lors de la promulgation de la loi au Niger, l’UE avait créé un fonds spécifique, nommé "fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne pour l’Afrique" pour financer des programmes de reconversion à hauteur de 1,5 million de francs CFA (2 200 euros). Trop peu, ont estimé les passeurs.
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