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Maroc : « Gouverner, c’est pleuvoir »

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  • Maroc : « Gouverner, c’est pleuvoir »


    LETTRE DU MAGHREB. Le royaume se veut le potager de l’Europe, mais il est l’un des pays les plus impactés par le changement climatique et le manque d’eau.

    Par Benoît Delmas

    Un ouvrier regarde l'eau s'écouler du sol lors du creusement d'un puits, près de Tinghir, au Maroc, en novembre 2022. Les oasis séculaires, qui sont la marque de fabrique du royaume, sont menacées par le changement climatique qui provoque une situation d'urgence pour l'agriculture marocaine. (Image d'illustration.)Un ouvrier regarde l'eau s'écouler du sol lors du creusement d'un puits, près de Tinghir, au Maroc, en novembre 2022. Les oasis séculaires, qui sont la marque de fabrique du royaume, sont menacées par le changement climatique qui provoque une situation d'urgence pour l'agriculture marocaine.

    « Le ministère de l'Eau est dans la tourmente, nous ne sommes qu'en février et, déjà, il y a des coupures d'eau dans certaines villes », prévient Mohamed Taher Sraïri, enseignant-chercheur à l'Institut agronome Hassan II et spécialiste des questions de l'eau. Le Maroc est entré dans sa sixième année consécutive de sécheresse, ce que le rapport du Giec anticipait dès sa première édition, le pointant comme « l'un des pays les plus exposés au réchauffement climatique, ses ressources en eau vont fondre de quinze pour cent ».


    Ici, à la croisée de l'océan Atlantique et de la mer Méditerranée, le réchauffement climatique n'est pas une vue de l'esprit mais une réalité : plus 1,8 degré sur les cinq derniers mois. La montée en flèche des thermomètres aggrave l'évaporation de l'eau de barrages faiblement pourvus, à peine 24 % de réserves. Le gouvernement a été contraint de remettre en application plusieurs restrictions, comme la fermeture des 12 000 hammams publics les lundi, mardi et mercredi, ainsi que celle des stations de lavage pour les voitures. L'hiver n'a pas fini son mandat que déjà les mesures d'urgence estivale sont mises en application. On craint pour l'agriculture, l'un des piliers de l'économie et de la société.

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    Depuis 2008, le secteur agricole est promulgué au rang de locomotive économique. À travers le PMV (Plan Maroc Vert), dix milliards d'euros ont été investis en dix ans, dont 38 % via des fonds publics. Dix-neuf interprofessions, quatre agences publiques et 4 500 textes juridiques ont accompagné la volonté royale de faire du pays un potager. Les partenariats publics privés ont été fortement encouragés. Résultat : l'agriculture pèse pour 14 % du PNB et 14 % des exportations et représente plus de 35 % des emplois nationaux (contre 5 % pour l'agriculture française). La diversification a été le maître mot : le royaume produit des fraises, de l'huile d'olive, des poivrons, des avocats… On cultive de tout, on veut être une puissance exportatrice, on s'appuie sur l'accord d'association signé en 2000 avec l'Union européenne, puis sur l'accord agricole paraphé en 2012. Le soleil n'a pas que des inconvénients, il permet de cultiver des tomates huit mois sur douze, voire onze mois sur douze pour les tomates cerises. La tomate marocaine, mise en accusation par les producteurs français, a augmenté de 213 % ses exportations en valeur depuis 2008.

    Les besoins nationaux en eau du Maroc sont de 16 milliards de mètres cubes par an, dont 87 % pour l'agriculture, mais, sur les cinq dernières années, il n'a pu en disposer que de 5 milliards. Les 38 millions de Marocains ne bénéficient désormais que de 500 mètres cubes par an. Sur les douze régions administratives, dix traversent des années difficiles. Seuls Tanger et Rabat semblent être épargnés.

    S'il ne pleut pas, l'autosuffisance en céréales chute de 75 à 30 %. « La question de l'eau est incontournable, une variable incompressible, le climat impacte l'économie, la confiance », explique Mohamed Taher Sraïri. Emplois, arbres qu'on arrache faute de pouvoir les alimenter en eau, entretien des territoires… Les menaces sont sérieuses. Mohamed Taher Sraïri déplore que « chaque pays du Maghreb soit dans son coin, ce qui empêche les échanges d'expertises, de produits alimentaires » tout en constatant que « les solutions sont endogènes car 100 % de nos ressources en eau sont sur notre territoire ».

    La solution ne sera que nationale tant la région est divisée. L'Union du Maghreb arabe, fondée en 1987, n'est qu'une vue de l'esprit. Le conflit entre l'Algérie et le Maroc sur le Sahara occidental a littéralement gelé toute coopération. La région est la moins intégrée économiquement au monde selon l'ONU.

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    Un vaste plan de constructions d'usines de dessalement doit fonctionner d'ici 2030. L'objectif est de fournir les villes en priorité, le reliquat irait à l'agriculture si reliquat il y a. Le Maroc fait partie du trio organisateur de la Coupe du monde de football en 2030 : « Il est impensable pour le pays que les supporters quittent le stade, rentrent à l'hôtel et découvrent que l'eau est coupée dans leur chambre, poursuit Mohamed Taher Sraïri. Tout autant qu'il est hors de question que l'eau fasse défaut dans la zone qui va de Tanger (usine Renault…) à Casablanca (400 kilomètres). » « Gouverner, c'est pleuvoir » disait Théodore Steeg, résident général de France au Maroc durant le protectorat de 1925 à 1929. Un siècle plus tard, la formule fait mouche et fait mal.
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

  • #2
    Économie libérale une agriculture marocaine exploiter par des entreprises étrangères avec aucune précautions d'économiser l'eau pour maintenir le profit avocat pastèque et tomate gros consommateurs d'eau battent les records de production.

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    • #3
      gouverner, c'est pleuvoir, s'endetter et mendier.
      L'économie, c'est la pluviométrie.

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