
Après le veto américain à leur adhésion pleine et entière à l’ONU, les Palestiniens devraient obtenir vendredi grâce à l’Assemblée générale quelques droits supplémentaires au sein de l’organisation. Une avancée symbolique qui provoque la colère d’Israël
Face à la guerre à Gaza, les Palestiniens, qui ont un statut « d’État non-membre observateur », avaient relancé début avril leur requête de 2011 réclamant de devenir un État membre à part entière des Nations unies. Pour aboutir, une telle initiative nécessite, avant un vote de l’Assemblée générale à la majorité des deux tiers, une recommandation positive du Conseil de sécurité. Mais les États-Unis y ont mis leur veto le 18 avril.
Alors les Palestiniens ont décidé de se tourner vers l’Assemblée générale, où selon plusieurs observateurs et diplomates, ils devraient recueillir une large majorité.
Le projet de résolution présentée par les Émirats arabes unis « constate que l’État de Palestine remplit les conditions requises pour devenir membre » de l’ONU, et « devrait donc être admis à l’Organisation ».
Il demande ainsi que le Conseil de sécurité « réexamine favorablement la question ». Une perspective plus qu’improbable vu la position de Washington qui s’oppose à toute reconnaissance en dehors d’un accord bilatéral entre les Palestiniens et leur allié israélien, dont le gouvernement rejette la solution à deux États.
« On pourrait se retrouver dans une sorte de boucle diplomatique funeste avec l’Assemblée qui appelle de façon répétée le Conseil à accepter l’adhésion palestinienne et les États-Unis qui mettent leur véto », a commenté Richard Gowan, analyste à l’International Crisis Group.
Dans cette perspective, le texte prévoit d’octroyer sans attendre « à titre exceptionnel et sans que cela constitue un précédent », une série de « droits et privilèges supplémentaires » aux Palestiniens à partir de la 79e session de l’Assemblée en septembre.
« Brique par brique »
Excluant sans ambiguïté le droit de voter et d’être candidat au Conseil de sécurité, le texte permet aux Palestiniens par exemple de soumettre directement des propositions et des amendements, sans passer par un pays tiers, ou encore de siéger parmi les États membres par ordre alphabétique.
« On construit un bâtiment brique par brique. Si certains pensent que c’est symbolique, pour nous c’est important. Nous avançons vers notre droit naturel et légitime à être un membre à part entière de l’ONU », a déclaré jeudi l’ambassadeur palestinien Riyad Mansour à quelques journalistes. « C’est le symbole qui est important », a également jugé Richard Gowan, évoquant un « message clair » ainsi envoyé aux Israéliens et aux Américains.
Israël a d’ailleurs par avance fustigé l’initiative. Le vote « va octroyer à l’Autorité palestinienne les droits d’un État de facto », a dénoncé l’ambassadeur israélien à l’ONU Gilad Erdan, y voyant une tentative de « contourner le Conseil de sécurité et de violer la Charte de l’ONU ». Les États-Unis ont également émis des réserves.
« En accord avec la Charte »
« Nous craignons que cela ne crée un précédent », a déclaré l’ambassadeur américain adjoint à l’ONU Robert Wood. La première version du texte, vue par l’AFP, était plus ambiguë, accordant à « l’État de Palestine des droits et privilèges » à l’Assemblée, « sur un pied d’égalité avec les États membres », sans lister ces droits.
Mais la nouvelle version « est en accord avec la Charte », a assuré Samuel Zbogar, ambassadeur de la Slovénie actuellement membre du Conseil de sécurité. « Elle […] ne touche pas aux éléments qui n’appartiennent qu’aux États membres ».
Alors qu’Israël poursuit son offensive à Gaza, en représailles à l’attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas du 7 octobre, ce vote permettra aux Palestiniens de compter leurs soutiens et le cas échéant de prouver que sans le veto américain au Conseil, ils auraient les voix nécessaires à l’Assemblée pour valider une adhésion. En décembre dernier, 153 pays sur 193 avaient soutenu l’appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza (10 voix contre, 23 abstentions).
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