Militante et épouse du prisonnier politique sahraoui Naâma Asfari, elle revient sur la décision d’Emmanuel Macron de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, regrettant que le peuple concerné ne soit jamais considéré ni entendu.
Nejma Brahim
Avec ironie, Claude Mangin estime que tout cela, finalement, « est une très bonne chose ». La militante des droits du peuple sahraoui, auquel elle est intimement liée de par son union avec le prisonnier politique Naâma Asfari, veut croire qu’Emmanuel Macron permettra peut-être de faire entendre la voix des Sahraoui·es. Le président français a surpris, hier, en adressant une lettre au roi du Maroc, Mohamed VI, dans laquelle il choisit de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, une souveraineté contestée depuis la sortie de la colonisation espagnole par l’Algérie et la Mauritanie.
Une décision lourde de sens qui percute le droit à l’autodétermination des Sahraoui·es, que jamais personne ne consulte, et ce alors que le Front Polisario – mouvement indépendantiste sahraoui – réclame l’indépendance du territoire depuis les années 1970. « Macron décide seul et il a tout faux », tranche Claude Mangin. « Mais tant mieux pour les Sahraouis. Cela permet de visibiliser leur cause alors que personne n’en parle jamais », ajoute celle qui pointe la responsabilité de la communauté internationale, jugée « trop complice » du Maroc pour permettre à la longue lutte sahraouie pour l’indépendance d’aboutir.
Agrandir l’image : Illustration 1Claude Mangin, à Ivry-sur-Seine, le 31 juillet 2024. © Photo DR
Mediapart : Emmanuel Macron soutient, dans un courrier au roi Mohammed VI, le plan d’autonomie du Maroc dans l’épineux dossier du Sahara occidental, estimant que « son présent et son avenir s’inscrivaient dans la souveraineté marocaine ». Une décision lourde de sens ?
Claude Mangin : C’est une décision lourde de conséquences, y compris dans nos relations avec l’Algérie. Lors de sa campagne en 2016, Macron avait déclaré que la colonisation était un crime. Il tentait d’entretenir de bonnes relations avec le président Tebboune et voulait rester dans l’histoire comme étant celui ayant réconcilié la France et l’Algérie. C’est raté.
Ce n’est pas parce que Trump, l’Espagne, l’Allemagne et Israël ont reconnu le plan d’autonomie marocain que cela change quoi que ce soit au droit international. La position précédente de la France, de 2007, suffisait déjà. Je ne sais pas pourquoi Macron en rajoute une couche. Il choisit un moment difficile pour lui : bien qu’au cœur de l’été, cela ne passe pas inaperçu. Une figure politique comme Marine Tondelier pousse les Verts à prendre une position officielle sur le sujet.
Macron décide seul et il a tout faux. Tant mieux pour les Sahraouis, cela permet de visibiliser leur cause alors que personne n’en parle jamais. Aujourd’hui, malgré les Jeux olympiques, on en parle. C’est un épisode qui restera gravé dans la longue lutte pacifique des Sahraouis pour l’indépendance, qui n’a rien donné jusqu’à maintenant, parce que la communauté internationale est trop complice avec le Maroc.
Quelle est l’histoire de ce morceau de terre, coincé en étau entre le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie ?
Jusqu’en 1975, c’est une colonie espagnole. Franco accepte alors de décoloniser le territoire mais il meurt peu de temps après. Début novembre, une grande marche soi-disant pacifique, à laquelle participent des Marocains partis en camion pour récupérer les provinces du Sud, conduit au massacre des populations sahraouies. Mi-novembre, un accord tripartite illégal est signé entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie, visant à se diviser, pour les deux derniers, le nord et le sud du Sahara occidental. Lorsque les soldats espagnols se retirent, l’armée marocaine s’installe, en février 1976.
La guerre commence, les avions marocains bombardent les civils sahraouis, avec du phosphore blanc. Des crimes de guerre sont commis. Les populations qui fuient sont installées au fin fond d’un désert inhospitalier, près de Tindouf. La guerre dure trente ans, et le Maroc construit un mur long de 2 700 kilomètres pour bloquer les Sahraouis. En 1991, un cessez-le-feu est signé entre le Maroc et le Polisario contre la promesse d’un référendum d’autodétermination, seul moyen d’obtenir l’indépendance selon la loi internationale. Il n’y en aura jamais.
Fin 2020, le conflit reprend lorsque des jeunes viennent depuis la Mauritanie à Guerguerat, à la frontière avec le Sahara occidental, pour bloquer les camions transportant du poisson et des légumes produits dans les serres du roi à Dakhla. L’armée marocaine les attaque alors qu’ils sont non armés, le cessez-le-feu est rompu. L’histoire constante du Maroc est de tuer, enlever, torturer, faire disparaître le peuple sahraoui, depuis les bombardements de 1976 jusqu’à l’emprisonnement des Sahraouis en 2010, et celui de nombreux jeunes aujourd’hui.
Cette nouvelle position de la France vient bafouer le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et les tentatives visant à aboutir à un processus de décolonisation sur ce territoire. Comment en est-on arrivé là ? Le récent précédent américain, en échange d’un accord de normalisation des relations avec Israël, a-t-il joué ?
C’est ce que le Maroc réclame depuis les accords d’Abraham de 2019. Le Royaume était persuadé que toute l’Europe suivrait Trump. Cela a pris beaucoup de temps pour l’Espagne. Quant à l’Allemagne, elle avait plutôt tendance à soutenir les Sahraouis autrefois. Il y a sans doute des raisons économiques. La décision de Trump était celle d’un seul homme sur le départ, un peu comme Macron aujourd’hui. Mais Biden ne l’a jamais réaffirmé ou confirmé.
Dans quelques mois, la décision de la Cour de justice européenne va tomber et va permettre de porter plainte contre les entreprises françaises illégalement implantées au Maroc depuis des années. Si Macron pense avoir fait un bon coup, cela va certainement se retourner contre lui.
Il faut enfin rappeler qu’on ne donne jamais la parole aux Sahraouis. Cela n’intéresse personne qu’il y ait un peuple sahraoui et qu’il vive depuis près de cinquante ans à Tindouf, sous 50 °C, avec peu d’eau et d’électricité.
Vous êtes intimement liée à l’histoire du peuple sahraoui et de sa lutte pour la reconnaissance de ses droits, puisque vous êtes l’épouse du prisonnier politique sahraoui Naâma Asfari. Comment va-t-il aujourd’hui ?
Je l’ai au téléphone le mardi et le vendredi, sous la surveillance d’un gardien francophone. Mais cette semaine, à cause de la Fête du trône, il n’a pas pu m’appeler. Il a le droit à la télé, mais seulement les chaînes marocaines. Il y a donc des infos qu’il n’a pas. Il tient le coup. C’est un philosophe et un défenseur des droits humains. Mais il a encore seize ans de prison qui l’attendent… s’il sort un jour. Il reste discret mais tente malgré tout de réclamer ses droits. La dernière lettre qu’il a faite, pour demander à être transféré dans une autre prison pour se rapprocher de son grand-père mourant, n’a jamais rien donné. C’était en septembre dernier.
Lorsqu’il a été arrêté en 2010, il a dû faire des aveux sous la torture pour un événement auquel il ne pouvait même pas être présent puisqu’il était déjà entre les mains de la Direction générale de la surveillance du territoire (DST) la veille [il a porté plainte devant le Comité des Nations unies contre la torture en 2014 – ndlr]. J’ai assisté à son procès, avant qu’on ne soit expulsés du Maroc avec les membres de l’Acat [Action des chrétiens pour l’abolition de la torture – ndlr]. Il a été condamné pour meurtre à trente ans de prison. On m’empêche de le voir depuis.
Vous avez été interdite d’accès au territoire marocain à plusieurs reprises (notamment pour le deuxième procès de votre mari), mais aussi espionnée par le Maroc via le logiciel Pegasus. Qu’est-ce que cela nous dit du pouvoir marocain mais aussi de la France, qui reconnaît aujourd’hui la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ?
Pour le Maroc, c’est de la pure vengeance coloniale. Ils veulent nous briser, Naâma et moi, et à travers nous la lutte des Sahraouis. Mais en réalité, ils la renforcent. J’ai effectué ma dernière mission aux côtés d’une délégation internationale en 2014. Ils ont ensuite tout fermé. J’ai été refoulée plusieurs fois lorsque j’ai tenté d’aller rendre visite à mon mari, jusqu’à ma dernière tentative, où j’ai décidé d’entamer une grève de la faim.
À chaque fois que j’ai été expulsée, mon propre gouvernement ne m’a pas protégée. Il aura fallu attendre janvier 2019 pour que je puisse y retourner et que l’on m’accorde deux heures avec Naâma. J’ai été suivie par tous les sbires, à pied, en taxi, en train, en voiture. Ils m’ont ensuite dénoncée aux autorités françaises en me reprochant d’avoir rencontré des associatifs et des Sahraouis. Lorsque j’ai tenté d’y retourner à l’été 2019, j’ai été refoulée. La justice marocaine m’a donné tort, j’ai laissé tomber. Plus personne n’en parle, les Marocains ont gagné.
Après la décision de la France, peut-on craindre une reprise du conflit entre le Front Polisario et le Maroc dans les semaines à venir ?
S’ils [le Polisario – ndlr] se rebellent, ils seront massacrés aussi sec. Ils ne disposent pas des mêmes moyens. La capacité de mobilisation qu’ils peuvent avoir est dans la visibilisation de leur lutte. Il faut aussi que l’ONU et les politiques fassent leur travail. On parle d’un peuple et d’un territoire, dans des frontières reconnues internationalement. Depuis 1975, le Sahara occidental devrait être libre ; mais il ne l’est pas parce que derrière, il y a le Maroc.
Quelles sont pour vous les perspectives pour le peuple sahraoui ?
C’est une période où tout est possible. J’attends beaucoup du prochain gouvernement, de Lucie Castets si elle est nommée première ministre, du futur ministre des affaires étrangères… J’espère que la gauche cessera de soutenir le roi du Maroc et demandera l’application du droit international, que la France aura le courage de convoquer une conférence sur la question. Ce serait une bonne occasion de redorer son blason. C’est le moment ou jamais de mettre fin aux tueries, aux disparitions forcées, à l’enfermement arbitraire et aux pillages commis par le Maroc. Et de donner enfin l’indépendance au Polisario et aux Sahraouis.
Nejma Brahim
Avec ironie, Claude Mangin estime que tout cela, finalement, « est une très bonne chose ». La militante des droits du peuple sahraoui, auquel elle est intimement liée de par son union avec le prisonnier politique Naâma Asfari, veut croire qu’Emmanuel Macron permettra peut-être de faire entendre la voix des Sahraoui·es. Le président français a surpris, hier, en adressant une lettre au roi du Maroc, Mohamed VI, dans laquelle il choisit de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, une souveraineté contestée depuis la sortie de la colonisation espagnole par l’Algérie et la Mauritanie.
Une décision lourde de sens qui percute le droit à l’autodétermination des Sahraoui·es, que jamais personne ne consulte, et ce alors que le Front Polisario – mouvement indépendantiste sahraoui – réclame l’indépendance du territoire depuis les années 1970. « Macron décide seul et il a tout faux », tranche Claude Mangin. « Mais tant mieux pour les Sahraouis. Cela permet de visibiliser leur cause alors que personne n’en parle jamais », ajoute celle qui pointe la responsabilité de la communauté internationale, jugée « trop complice » du Maroc pour permettre à la longue lutte sahraouie pour l’indépendance d’aboutir.

Mediapart : Emmanuel Macron soutient, dans un courrier au roi Mohammed VI, le plan d’autonomie du Maroc dans l’épineux dossier du Sahara occidental, estimant que « son présent et son avenir s’inscrivaient dans la souveraineté marocaine ». Une décision lourde de sens ?
Claude Mangin : C’est une décision lourde de conséquences, y compris dans nos relations avec l’Algérie. Lors de sa campagne en 2016, Macron avait déclaré que la colonisation était un crime. Il tentait d’entretenir de bonnes relations avec le président Tebboune et voulait rester dans l’histoire comme étant celui ayant réconcilié la France et l’Algérie. C’est raté.
Ce n’est pas parce que Trump, l’Espagne, l’Allemagne et Israël ont reconnu le plan d’autonomie marocain que cela change quoi que ce soit au droit international. La position précédente de la France, de 2007, suffisait déjà. Je ne sais pas pourquoi Macron en rajoute une couche. Il choisit un moment difficile pour lui : bien qu’au cœur de l’été, cela ne passe pas inaperçu. Une figure politique comme Marine Tondelier pousse les Verts à prendre une position officielle sur le sujet.
Macron décide seul et il a tout faux. Tant mieux pour les Sahraouis, cela permet de visibiliser leur cause alors que personne n’en parle jamais. Aujourd’hui, malgré les Jeux olympiques, on en parle. C’est un épisode qui restera gravé dans la longue lutte pacifique des Sahraouis pour l’indépendance, qui n’a rien donné jusqu’à maintenant, parce que la communauté internationale est trop complice avec le Maroc.
Quelle est l’histoire de ce morceau de terre, coincé en étau entre le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie ?
Jusqu’en 1975, c’est une colonie espagnole. Franco accepte alors de décoloniser le territoire mais il meurt peu de temps après. Début novembre, une grande marche soi-disant pacifique, à laquelle participent des Marocains partis en camion pour récupérer les provinces du Sud, conduit au massacre des populations sahraouies. Mi-novembre, un accord tripartite illégal est signé entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie, visant à se diviser, pour les deux derniers, le nord et le sud du Sahara occidental. Lorsque les soldats espagnols se retirent, l’armée marocaine s’installe, en février 1976.
La guerre commence, les avions marocains bombardent les civils sahraouis, avec du phosphore blanc. Des crimes de guerre sont commis. Les populations qui fuient sont installées au fin fond d’un désert inhospitalier, près de Tindouf. La guerre dure trente ans, et le Maroc construit un mur long de 2 700 kilomètres pour bloquer les Sahraouis. En 1991, un cessez-le-feu est signé entre le Maroc et le Polisario contre la promesse d’un référendum d’autodétermination, seul moyen d’obtenir l’indépendance selon la loi internationale. Il n’y en aura jamais.
Fin 2020, le conflit reprend lorsque des jeunes viennent depuis la Mauritanie à Guerguerat, à la frontière avec le Sahara occidental, pour bloquer les camions transportant du poisson et des légumes produits dans les serres du roi à Dakhla. L’armée marocaine les attaque alors qu’ils sont non armés, le cessez-le-feu est rompu. L’histoire constante du Maroc est de tuer, enlever, torturer, faire disparaître le peuple sahraoui, depuis les bombardements de 1976 jusqu’à l’emprisonnement des Sahraouis en 2010, et celui de nombreux jeunes aujourd’hui.
Cette nouvelle position de la France vient bafouer le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et les tentatives visant à aboutir à un processus de décolonisation sur ce territoire. Comment en est-on arrivé là ? Le récent précédent américain, en échange d’un accord de normalisation des relations avec Israël, a-t-il joué ?
C’est ce que le Maroc réclame depuis les accords d’Abraham de 2019. Le Royaume était persuadé que toute l’Europe suivrait Trump. Cela a pris beaucoup de temps pour l’Espagne. Quant à l’Allemagne, elle avait plutôt tendance à soutenir les Sahraouis autrefois. Il y a sans doute des raisons économiques. La décision de Trump était celle d’un seul homme sur le départ, un peu comme Macron aujourd’hui. Mais Biden ne l’a jamais réaffirmé ou confirmé.
Dans quelques mois, la décision de la Cour de justice européenne va tomber et va permettre de porter plainte contre les entreprises françaises illégalement implantées au Maroc depuis des années. Si Macron pense avoir fait un bon coup, cela va certainement se retourner contre lui.
Il faut enfin rappeler qu’on ne donne jamais la parole aux Sahraouis. Cela n’intéresse personne qu’il y ait un peuple sahraoui et qu’il vive depuis près de cinquante ans à Tindouf, sous 50 °C, avec peu d’eau et d’électricité.
Vous êtes intimement liée à l’histoire du peuple sahraoui et de sa lutte pour la reconnaissance de ses droits, puisque vous êtes l’épouse du prisonnier politique sahraoui Naâma Asfari. Comment va-t-il aujourd’hui ?
Je l’ai au téléphone le mardi et le vendredi, sous la surveillance d’un gardien francophone. Mais cette semaine, à cause de la Fête du trône, il n’a pas pu m’appeler. Il a le droit à la télé, mais seulement les chaînes marocaines. Il y a donc des infos qu’il n’a pas. Il tient le coup. C’est un philosophe et un défenseur des droits humains. Mais il a encore seize ans de prison qui l’attendent… s’il sort un jour. Il reste discret mais tente malgré tout de réclamer ses droits. La dernière lettre qu’il a faite, pour demander à être transféré dans une autre prison pour se rapprocher de son grand-père mourant, n’a jamais rien donné. C’était en septembre dernier.
Ils veulent nous briser, Naâma et moi, et à travers nous la lutte des Sahraouis.
Claude Mangin, militante des droits du peuple sahraoui
Vous avez été interdite d’accès au territoire marocain à plusieurs reprises (notamment pour le deuxième procès de votre mari), mais aussi espionnée par le Maroc via le logiciel Pegasus. Qu’est-ce que cela nous dit du pouvoir marocain mais aussi de la France, qui reconnaît aujourd’hui la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ?
Pour le Maroc, c’est de la pure vengeance coloniale. Ils veulent nous briser, Naâma et moi, et à travers nous la lutte des Sahraouis. Mais en réalité, ils la renforcent. J’ai effectué ma dernière mission aux côtés d’une délégation internationale en 2014. Ils ont ensuite tout fermé. J’ai été refoulée plusieurs fois lorsque j’ai tenté d’aller rendre visite à mon mari, jusqu’à ma dernière tentative, où j’ai décidé d’entamer une grève de la faim.
À chaque fois que j’ai été expulsée, mon propre gouvernement ne m’a pas protégée. Il aura fallu attendre janvier 2019 pour que je puisse y retourner et que l’on m’accorde deux heures avec Naâma. J’ai été suivie par tous les sbires, à pied, en taxi, en train, en voiture. Ils m’ont ensuite dénoncée aux autorités françaises en me reprochant d’avoir rencontré des associatifs et des Sahraouis. Lorsque j’ai tenté d’y retourner à l’été 2019, j’ai été refoulée. La justice marocaine m’a donné tort, j’ai laissé tomber. Plus personne n’en parle, les Marocains ont gagné.
Après la décision de la France, peut-on craindre une reprise du conflit entre le Front Polisario et le Maroc dans les semaines à venir ?
S’ils [le Polisario – ndlr] se rebellent, ils seront massacrés aussi sec. Ils ne disposent pas des mêmes moyens. La capacité de mobilisation qu’ils peuvent avoir est dans la visibilisation de leur lutte. Il faut aussi que l’ONU et les politiques fassent leur travail. On parle d’un peuple et d’un territoire, dans des frontières reconnues internationalement. Depuis 1975, le Sahara occidental devrait être libre ; mais il ne l’est pas parce que derrière, il y a le Maroc.
Quelles sont pour vous les perspectives pour le peuple sahraoui ?
C’est une période où tout est possible. J’attends beaucoup du prochain gouvernement, de Lucie Castets si elle est nommée première ministre, du futur ministre des affaires étrangères… J’espère que la gauche cessera de soutenir le roi du Maroc et demandera l’application du droit international, que la France aura le courage de convoquer une conférence sur la question. Ce serait une bonne occasion de redorer son blason. C’est le moment ou jamais de mettre fin aux tueries, aux disparitions forcées, à l’enfermement arbitraire et aux pillages commis par le Maroc. Et de donner enfin l’indépendance au Polisario et aux Sahraouis.
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