Analyse
Le Québec ne recrutera plus de personnel infirmier en Afrique, a révélé mercredi 2 octobre Radio-Canada. Une décision « éthique » pour ne pas aggraver les pénuries de soignants en Afrique subsaharienne, selon le ministère de l’immigration, qui intervient aussi dans un contexte de frein à l’octroi de permis de travail.
Le Québec ne recrutera plus de personnel infirmier en Afrique, à l’exception de la Tunisie, a révélé mercredi 2 octobre Radio-Canada. Une décision « éthique » et de « respect des populations locales », selon le ministère de l’immigration, afin de ne pas contribuer aux pénuries de soignants qui frappent de nombreux pays d’Afrique subsaharienne.
En février 2022, la province canadienne a mis en place un programme doté de 65 millions de dollars (environ 59 millions d’€) pour combler son besoin de main-d’œuvre, en embauchant à des conditions défiant toute concurrence, des infirmières à l’étranger, dont plus de 90 % originaires d’Afrique.
En deux ans, plus de 1 000 infirmières ont été recrutées, notamment en provenance du Bénin, du Cameroun, du Maroc ou de Côte d’Ivoire. Une perte sèche pour ces pays qui ont investi dans le coût de la formation et qui pâtissent déjà de sous-effectifs chroniques pour répondre à leurs besoins nationaux. Aussi le Maroc et d’autres pays d’Afrique avaient demandé au Québec de ne plus recruter leur personnel soignant, a dévoilé le ministère de l’immigration.
1,9 infirmière pour 10 000 habitants au Cameroun
Accusé de vider le continent africain de ses forces vives, le programme était déjà la cible de critiques. Dans sa liste d’appui et de sauvegarde pour les personnels de santé publiée en 2023, l’OMS avait inscrit 55 pays en situation critique, dont 37 en Afrique subsaharienne, et réclamé qu’ils « bénéficient de mesures de sauvegarde pour décourager le recrutement international actif de personnels de santé », à moins d’accords explicites avec des compensations pour les systèmes de santé des pays d’origine.
D’après les statistiques de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), la province compte 77 infirmières pour 10 000 habitants, contre 2,9 au Bénin, selon l’OMS. Le ratio est encore pire au Cameroun, avec 1,9 infirmière pour 10 000 habitants.
« Ces décisions de baisse du recrutement des infirmières africaines prises par le Québec sont conformes à l’esprit notre code de bonnes pratiques », a réagi l’OMS, contacté par La Croix, tout en encourageant les autres pays demandeurs à « co-investir dans la formation et l’emploi des soignants dans leurs pays d’origine ».
Tour de vis sur l’immigration
Les ratés sont aussi internes. Des dizaines d’infirmiers ont été expulsés du programme après avoir échoué à un examen, dans le cursus de mise à niveau et aux normes du Québec, rapportait en août La Gazette de Montréal, qui évoque en vrac difficultés d’intégration, intransigeance sur la formation, voire injures racistes. Ils se retrouvent sans moyen de subsistance ni assurance santé, et ne peuvent pas non plus prendre un autre emploi. Au 30 juin, sur 1 098 soignants, 478 avaient validé leur formation, 62 échoué aux examens et 12 abandonné. 546 d’entre eux suivaient toujours leurs cours.
À lire aussiHôpital : les médecins à diplôme étrangers poussés à rendre leur blouse
En outre, cette suspension du recrutement intervient alors que le Québec a annoncé fin août un tour de vis sur l’immigration et notamment le gel du programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), seul programme d’immigration géré par les services québécois. « Avec la hausse du chômage et le grand nombre de demandeurs d’asile sans emploi à Montréal, les entreprises doivent faire un effort pour recruter les gens déjà ici avant de faire venir de la main-d’œuvre étrangère », a justifié le premier ministre, François Legault. Des exceptions sont prévues pour les filières en manque de main-d’œuvre, telle que l’éducation, la construction et la santé.
Le Québec ne recrutera plus de personnel infirmier en Afrique, a révélé mercredi 2 octobre Radio-Canada. Une décision « éthique » pour ne pas aggraver les pénuries de soignants en Afrique subsaharienne, selon le ministère de l’immigration, qui intervient aussi dans un contexte de frein à l’octroi de permis de travail.
Le Québec ne recrutera plus de personnel infirmier en Afrique, à l’exception de la Tunisie, a révélé mercredi 2 octobre Radio-Canada. Une décision « éthique » et de « respect des populations locales », selon le ministère de l’immigration, afin de ne pas contribuer aux pénuries de soignants qui frappent de nombreux pays d’Afrique subsaharienne.
En février 2022, la province canadienne a mis en place un programme doté de 65 millions de dollars (environ 59 millions d’€) pour combler son besoin de main-d’œuvre, en embauchant à des conditions défiant toute concurrence, des infirmières à l’étranger, dont plus de 90 % originaires d’Afrique.
En deux ans, plus de 1 000 infirmières ont été recrutées, notamment en provenance du Bénin, du Cameroun, du Maroc ou de Côte d’Ivoire. Une perte sèche pour ces pays qui ont investi dans le coût de la formation et qui pâtissent déjà de sous-effectifs chroniques pour répondre à leurs besoins nationaux. Aussi le Maroc et d’autres pays d’Afrique avaient demandé au Québec de ne plus recruter leur personnel soignant, a dévoilé le ministère de l’immigration.
1,9 infirmière pour 10 000 habitants au Cameroun
Accusé de vider le continent africain de ses forces vives, le programme était déjà la cible de critiques. Dans sa liste d’appui et de sauvegarde pour les personnels de santé publiée en 2023, l’OMS avait inscrit 55 pays en situation critique, dont 37 en Afrique subsaharienne, et réclamé qu’ils « bénéficient de mesures de sauvegarde pour décourager le recrutement international actif de personnels de santé », à moins d’accords explicites avec des compensations pour les systèmes de santé des pays d’origine.
D’après les statistiques de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), la province compte 77 infirmières pour 10 000 habitants, contre 2,9 au Bénin, selon l’OMS. Le ratio est encore pire au Cameroun, avec 1,9 infirmière pour 10 000 habitants.
« Ces décisions de baisse du recrutement des infirmières africaines prises par le Québec sont conformes à l’esprit notre code de bonnes pratiques », a réagi l’OMS, contacté par La Croix, tout en encourageant les autres pays demandeurs à « co-investir dans la formation et l’emploi des soignants dans leurs pays d’origine ».
Tour de vis sur l’immigration
Les ratés sont aussi internes. Des dizaines d’infirmiers ont été expulsés du programme après avoir échoué à un examen, dans le cursus de mise à niveau et aux normes du Québec, rapportait en août La Gazette de Montréal, qui évoque en vrac difficultés d’intégration, intransigeance sur la formation, voire injures racistes. Ils se retrouvent sans moyen de subsistance ni assurance santé, et ne peuvent pas non plus prendre un autre emploi. Au 30 juin, sur 1 098 soignants, 478 avaient validé leur formation, 62 échoué aux examens et 12 abandonné. 546 d’entre eux suivaient toujours leurs cours.
À lire aussiHôpital : les médecins à diplôme étrangers poussés à rendre leur blouse
En outre, cette suspension du recrutement intervient alors que le Québec a annoncé fin août un tour de vis sur l’immigration et notamment le gel du programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), seul programme d’immigration géré par les services québécois. « Avec la hausse du chômage et le grand nombre de demandeurs d’asile sans emploi à Montréal, les entreprises doivent faire un effort pour recruter les gens déjà ici avant de faire venir de la main-d’œuvre étrangère », a justifié le premier ministre, François Legault. Des exceptions sont prévues pour les filières en manque de main-d’œuvre, telle que l’éducation, la construction et la santé.
- Vinciane Joly