La tension ne cesse de croître entre le Maroc et l’Algérie, qui se disputent la souveraineté sur le Sahara Occidental.
Les achats d’armement sont en forte augmentation des deux côtés.
Félix Pennel
Publié: 10 Novembre 2024 à 18h51
Samedi 9 novembre, des combattants du Front Polisario, soutenus par l’Algérie pour obtenir leur indépendance, ont tenté d’attaquer un rassemblement de civils dans la ville de Mahbes, dans le Sahara occidental sous contrôle du Maroc. Les cinq assaillants ont été tués avant de faire des victimes mais l’épisode survient dans un contexte de très fortes tensions entre Rabat et Alger, qui se disputent la souveraineté de la région depuis 1975. Des combats s’y sont déroulés, faisant des milliers de victimes, jusqu’à un cessez-le-feu en 1991 sous l’égide de l’ONU.
Mais ce cessez-le-feu est fragile, en atteste l’attaque de samedi. Le Conseil de sécurité de l’ONU, dans une résolution fin octobre, s’est d’ailleurs dit « profondément inquiet » par la rupture du cessez-le-feu dans la région ces derniers mois et « par les violations des accords conclus avec les Nations Unies ». Le Conseil « demande de nouveau au Maroc, au Front Polisario, à l’Algérie et à la Mauritanie de coopérer plus intensément les uns avec les autres » afin de « progresser sur la voie d’une solution politique ».
« La volonté de l’Algérie de déclencher une guerre »
Sans doute pas suffisant pour faire baisser la pression. Vendredi, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avait déclaré que « des indicateurs attestent de la volonté de l’Algérie de déclencher une guerre dans la région ». Selon lui, la guerre serait la seule réponse d’Alger à ce qu’il considère comme des « acquis réalisés par Rabat sur la scène internationale sur le dossier du Sahara », dont notamment la reconnaissance par l’Espagne et la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
« Les tensions transfrontalières entre le Maroc et l’Algérie restent élevées, et tout incident pourrait déclencher une véritable crise en Afrique du Nord, présentant un scénario désastreux, capable de déstabiliser l’équilibre fragile de la région », estimait le think tank italien IARI début septembre. Des troupes algériennes et du matériel lourd auraient été redéployés en octobre dans le secteur de Tindouf, à proximité du Sahara Occidental.
Avions, missiles, chars…
Si les deux pays font officiellement leur possible pour éviter un conflit, ils s’y préparent en réalité depuis longtemps. Le Maroc a voté une augmentation de 7 % de son budget défense en 2025, c’est même 10 % pour l’Algérie. En septembre, le Maroc a acheté des missiles planants américains AGM-154C pour armer ses avions F-16. Avant l’été, le royaume avait déjà signé pour 18 lance-missiles américains HIMARS, qui ont fait leur preuve en Ukraine. Rabat cherche aussi à acquérir de nouveaux chars, comme des T-72 tchèques ou des Merkava Mk3 israéliens.
L’Algérie n’est pas en reste : le pays vient de signer pour 14 chasseurs d’attaque russes Su-34. Et l’armée algérienne a présenté début novembre son nouveau système de missiles balistiques à courte portée Iskander-E, russe lui
aussi.
LA VOIX DU NORD
Les achats d’armement sont en forte augmentation des deux côtés.
Félix Pennel
Publié: 10 Novembre 2024 à 18h51
Samedi 9 novembre, des combattants du Front Polisario, soutenus par l’Algérie pour obtenir leur indépendance, ont tenté d’attaquer un rassemblement de civils dans la ville de Mahbes, dans le Sahara occidental sous contrôle du Maroc. Les cinq assaillants ont été tués avant de faire des victimes mais l’épisode survient dans un contexte de très fortes tensions entre Rabat et Alger, qui se disputent la souveraineté de la région depuis 1975. Des combats s’y sont déroulés, faisant des milliers de victimes, jusqu’à un cessez-le-feu en 1991 sous l’égide de l’ONU.
Mais ce cessez-le-feu est fragile, en atteste l’attaque de samedi. Le Conseil de sécurité de l’ONU, dans une résolution fin octobre, s’est d’ailleurs dit « profondément inquiet » par la rupture du cessez-le-feu dans la région ces derniers mois et « par les violations des accords conclus avec les Nations Unies ». Le Conseil « demande de nouveau au Maroc, au Front Polisario, à l’Algérie et à la Mauritanie de coopérer plus intensément les uns avec les autres » afin de « progresser sur la voie d’une solution politique ».
« La volonté de l’Algérie de déclencher une guerre »
Sans doute pas suffisant pour faire baisser la pression. Vendredi, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avait déclaré que « des indicateurs attestent de la volonté de l’Algérie de déclencher une guerre dans la région ». Selon lui, la guerre serait la seule réponse d’Alger à ce qu’il considère comme des « acquis réalisés par Rabat sur la scène internationale sur le dossier du Sahara », dont notamment la reconnaissance par l’Espagne et la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
« Les tensions transfrontalières entre le Maroc et l’Algérie restent élevées, et tout incident pourrait déclencher une véritable crise en Afrique du Nord, présentant un scénario désastreux, capable de déstabiliser l’équilibre fragile de la région », estimait le think tank italien IARI début septembre. Des troupes algériennes et du matériel lourd auraient été redéployés en octobre dans le secteur de Tindouf, à proximité du Sahara Occidental.
Avions, missiles, chars…
Si les deux pays font officiellement leur possible pour éviter un conflit, ils s’y préparent en réalité depuis longtemps. Le Maroc a voté une augmentation de 7 % de son budget défense en 2025, c’est même 10 % pour l’Algérie. En septembre, le Maroc a acheté des missiles planants américains AGM-154C pour armer ses avions F-16. Avant l’été, le royaume avait déjà signé pour 18 lance-missiles américains HIMARS, qui ont fait leur preuve en Ukraine. Rabat cherche aussi à acquérir de nouveaux chars, comme des T-72 tchèques ou des Merkava Mk3 israéliens.
L’Algérie n’est pas en reste : le pays vient de signer pour 14 chasseurs d’attaque russes Su-34. Et l’armée algérienne a présenté début novembre son nouveau système de missiles balistiques à courte portée Iskander-E, russe lui
aussi.
LA VOIX DU NORD
Commentaire