Lors du Salon de l'intelligence artificielle, le président Emmanuel Macron a vanté le secteur nucléaire français, tout en soutenant les éoliennes et en négligeant les activités stratégiques. Le chef de l'État semble avancer à tâtons. Renaud de Bourleuf explique ce revirement.
Emmanuel Macron, nouveau défenseur du nucléaire
Lors du Sommet sur l'intelligence artificielle à Paris, le président Emmanuel Macron a répliqué à son homologue américain Donald Trump, qui mise sur le pétrole pour relancer le secteur énergétique de son pays avec le slogan "drill baby drill". Visiblement, Emmanuel Macron n'a pas demandé à une intelligence artificielle de parler anglais à sa place, mais une intelligence humaine permet de comprendre les contradictions dans ce discours.
Emmanuel Macron est le président qui a entériné la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, confirmant un choix idéologique de son prédécesseur François Hollande. Fabien Bouglé, expert en politique énergétique, revient sur ce nouveau revirement.
En pleine journée de l'intelligence artificielle et du sommet de l'IA
Organisé par le président de la République, on sait très bien que l'intelligence artificielle est très consommatrice d'énergie. Les data centers ont besoin d'électricité puissante, stable, non intermittente et pilotable. Le nucléaire, en tant qu'énergie non polluante, répond à tous ces critères. Ainsi, pour développer la nouvelle économie, et en particulier la nouvelle économie numérique, il est crucial d'avoir des unités de production électrique puissantes. Le nucléaire répond à cette attente.
Le président Macron a bien compris qu'il fallait faire volte-face. Il avait commencé ce changement lors des annonces de Belfort ou du plan d'investissement 2030 en 2021. Il constate aujourd'hui que le "en même temps" ne fonctionne pas. Ce n'est pas en utilisant des énergies intermittentes comme les panneaux solaires ou les éoliennes que l'on pourra répondre à la demande d'électricité. La France peut être attractive grâce à un coût d'électricité peu élevé, car l'électricité nucléaire est parmi les moins chères en Europe.
Vantant la politique énergétique de la France devant les journalistes
Emmanuel Macron a déclaré que la France produit l'électricité parmi les plus décarbonées au monde, les plus pilotables et les plus sûres. La France dispose du réseau le plus évident et le plus stable, et est exportatrice de cette électricité décarbonée, avec une exportation de 5 milliards d'euros en 2024.
Fabien Bouglé revient sur cette information qui n'est pas aussi simple qu'elle en a l'air. La France a effectivement un record d'exportation d'électricité cette année. Cependant, avant la crise de 2022-2023 due à la corrosion sous contrainte des réacteurs nucléaires, la France exportait déjà beaucoup d'électricité. Le président de RTE, Xavier Piechaczyk, rétablit la situation d'une France qui exporte ses électrons de la liberté, c'est-à-dire des électrons qui assurent aux autres pays une électricité plus écologique.
Le souci dans l'annonce d'Emmanuel Macron
Il occulte le fait que les 5 milliards d'euros gagnés par la France au titre de ces exportations sont en grande partie subventionnés aux producteurs d'électricité d'origine éolienne ou solaire. Selon la Commission de régulation de l'énergie, les électricités subventionnées coûtent plus de 5 milliards d'euros. Cela signifie qu'en réalité, la France exporte des électrons qu'elle a subventionnés auprès des exploitants des énergies renouvelables intermittentes. Il est probable que même nos exportations nous coûtent de l'argent, car le coût des subventions est supérieur à ces exportations. C'est là le véritable paradoxe et l'hypocrisie de la situation.
Pessimisme quant aux perspectives
Malgré l'intention affichée d'Emmanuel Macron de développer le nucléaire, les subventions destinées aux éoliennes et aux panneaux photovoltaïques devraient coûter encore plus cher que les années précédentes. Cette situation est principalement due à des conflits entre différents lobbies. Nous n'avons pas de situation stable pour notre politique énergétique, influencée par des lobbies, des ONG environnementales financées par des officines ayant des intérêts étrangers à la politique énergétique de la France.
Au cœur du système, le bras droit d'Emmanuel Macron, Benoît Faraco, a été un des bras droits du Réseau Action Climat, une officine antinucléaire, et représentant de la fondation de Nicolas Hulot. Cette bataille au sein de l'État profond se traduit par une politique énergétique désastreuse depuis 20 ans. Il est urgent d'agir pour une autre politique énergétique, un changement du marché européen de l'électricité et une politique énergétique digne de ce nom pour concurrencer les États-Unis.
Donald Trump et la guerre énergétique
Donald Trump a récemment annoncé vouloir que les États-Unis soient le fournisseur d'électricité et d'énergie du monde. Il faut comprendre que le pays qui détient le pouvoir de distribution de l'énergie détient le pouvoir politique, et que l'indépendance politique est liée à l'indépendance énergétique.
Ironie de l'histoire, c'est précisément auprès des Américains qu'Emmanuel Macron s'est vanté des prouesses énergétiques de la France. En 2014, la vente au groupe américain General Electric de la branche énergie du français Alstom, orchestrée par Emmanuel Macron alors ministre de l'économie, a permis à General Electric de sortir grand gagnant avec 1 milliard d'euros offert par la France pour acheter ses activités nucléaires. Avec Emmanuel Macron, la guerre énergétique est décidément une drôle de guerre.
Emmanuel Macron, nouveau défenseur du nucléaire
Lors du Sommet sur l'intelligence artificielle à Paris, le président Emmanuel Macron a répliqué à son homologue américain Donald Trump, qui mise sur le pétrole pour relancer le secteur énergétique de son pays avec le slogan "drill baby drill". Visiblement, Emmanuel Macron n'a pas demandé à une intelligence artificielle de parler anglais à sa place, mais une intelligence humaine permet de comprendre les contradictions dans ce discours.
Emmanuel Macron est le président qui a entériné la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, confirmant un choix idéologique de son prédécesseur François Hollande. Fabien Bouglé, expert en politique énergétique, revient sur ce nouveau revirement.
En pleine journée de l'intelligence artificielle et du sommet de l'IA
Organisé par le président de la République, on sait très bien que l'intelligence artificielle est très consommatrice d'énergie. Les data centers ont besoin d'électricité puissante, stable, non intermittente et pilotable. Le nucléaire, en tant qu'énergie non polluante, répond à tous ces critères. Ainsi, pour développer la nouvelle économie, et en particulier la nouvelle économie numérique, il est crucial d'avoir des unités de production électrique puissantes. Le nucléaire répond à cette attente.
Le président Macron a bien compris qu'il fallait faire volte-face. Il avait commencé ce changement lors des annonces de Belfort ou du plan d'investissement 2030 en 2021. Il constate aujourd'hui que le "en même temps" ne fonctionne pas. Ce n'est pas en utilisant des énergies intermittentes comme les panneaux solaires ou les éoliennes que l'on pourra répondre à la demande d'électricité. La France peut être attractive grâce à un coût d'électricité peu élevé, car l'électricité nucléaire est parmi les moins chères en Europe.
Vantant la politique énergétique de la France devant les journalistes
Emmanuel Macron a déclaré que la France produit l'électricité parmi les plus décarbonées au monde, les plus pilotables et les plus sûres. La France dispose du réseau le plus évident et le plus stable, et est exportatrice de cette électricité décarbonée, avec une exportation de 5 milliards d'euros en 2024.
Fabien Bouglé revient sur cette information qui n'est pas aussi simple qu'elle en a l'air. La France a effectivement un record d'exportation d'électricité cette année. Cependant, avant la crise de 2022-2023 due à la corrosion sous contrainte des réacteurs nucléaires, la France exportait déjà beaucoup d'électricité. Le président de RTE, Xavier Piechaczyk, rétablit la situation d'une France qui exporte ses électrons de la liberté, c'est-à-dire des électrons qui assurent aux autres pays une électricité plus écologique.
Le souci dans l'annonce d'Emmanuel Macron
Il occulte le fait que les 5 milliards d'euros gagnés par la France au titre de ces exportations sont en grande partie subventionnés aux producteurs d'électricité d'origine éolienne ou solaire. Selon la Commission de régulation de l'énergie, les électricités subventionnées coûtent plus de 5 milliards d'euros. Cela signifie qu'en réalité, la France exporte des électrons qu'elle a subventionnés auprès des exploitants des énergies renouvelables intermittentes. Il est probable que même nos exportations nous coûtent de l'argent, car le coût des subventions est supérieur à ces exportations. C'est là le véritable paradoxe et l'hypocrisie de la situation.
Pessimisme quant aux perspectives
Malgré l'intention affichée d'Emmanuel Macron de développer le nucléaire, les subventions destinées aux éoliennes et aux panneaux photovoltaïques devraient coûter encore plus cher que les années précédentes. Cette situation est principalement due à des conflits entre différents lobbies. Nous n'avons pas de situation stable pour notre politique énergétique, influencée par des lobbies, des ONG environnementales financées par des officines ayant des intérêts étrangers à la politique énergétique de la France.
Au cœur du système, le bras droit d'Emmanuel Macron, Benoît Faraco, a été un des bras droits du Réseau Action Climat, une officine antinucléaire, et représentant de la fondation de Nicolas Hulot. Cette bataille au sein de l'État profond se traduit par une politique énergétique désastreuse depuis 20 ans. Il est urgent d'agir pour une autre politique énergétique, un changement du marché européen de l'électricité et une politique énergétique digne de ce nom pour concurrencer les États-Unis.
Donald Trump et la guerre énergétique
Donald Trump a récemment annoncé vouloir que les États-Unis soient le fournisseur d'électricité et d'énergie du monde. Il faut comprendre que le pays qui détient le pouvoir de distribution de l'énergie détient le pouvoir politique, et que l'indépendance politique est liée à l'indépendance énergétique.
Ironie de l'histoire, c'est précisément auprès des Américains qu'Emmanuel Macron s'est vanté des prouesses énergétiques de la France. En 2014, la vente au groupe américain General Electric de la branche énergie du français Alstom, orchestrée par Emmanuel Macron alors ministre de l'économie, a permis à General Electric de sortir grand gagnant avec 1 milliard d'euros offert par la France pour acheter ses activités nucléaires. Avec Emmanuel Macron, la guerre énergétique est décidément une drôle de guerre.