Une des grandes questions internationales non résolues demeure la détermination de la souveraineté du Sahara occidental. Ce vaste territoire situé sur la côte ouest de l’Afrique du Nord, au sud du Maroc, est dans un flou juridique depuis la fin des années 1970, au détriment de sa population ainsi que de la stabilité et de la sécurité de la région sahélienne. Alors que l’influence chinoise et russe ne cesse de croître en Afrique, il est urgent de ne pas leur offrir une nouvelle occasion d’élargir leur emprise.
L’Espagne, ancienne puissance coloniale, n’a pas accompagné les « vents de changement » qui ont soufflé sur l’Afrique dans les années 1950 et 1960, tentant désespérément de conserver ses dernières possessions outre-mer. La mort de Francisco Franco en novembre 1975 a précipité la chute de son régime, et l’Espagne a de fait abandonné le Sahara occidental, désormais connu comme « la dernière colonie d’Afrique ». Deux pays voisins, le Maroc et la Mauritanie, ont alors envahi ce territoire sans défense dans l’espoir de s’en emparer, mais les autochtones sahraouis ont résisté à travers ce qui est devenu le Front Polisario. La Mauritanie a par la suite renoncé à toute revendication territoriale, mais l’armée marocaine a en grande partie pris le dessus, contrôlant aujourd’hui environ 80 % du territoire. Le reste est tenu par le Front Polisario, basé près de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie, qui soutient les Sahraouis.
Le différend en est toujours au même point aujourd’hui. La solution évidente serait de demander au peuple sahraoui ce qu’il souhaite : l’indépendance ou une « autonomie » promise sous souveraineté marocaine. En 1991, après que les États-Unis aient dirigé la coalition pour repousser l’invasion du Koweït par Saddam Hussein, Washington a poussé à l’adoption de la Résolution 690 du Conseil de sécurité, établissant une mission de maintien de la paix des Nations unies chargée d’organiser un référendum sur l’avenir du Sahara occidental. Cette résolution faisait suite à un accord de 1988 entre le Front Polisario et le Maroc, et les deux parties avaient alors soutenu cette approche onusienne.
Mais le Maroc a commencé à faire obstruction aux efforts de l’ONU presque dès l’adoption de la résolution, craignant qu’un référendum réellement libre et équitable n’aboutisse à un choix de l’indépendance par les Sahraouis. L’ancien Secrétaire d’État James Baker a réussi à ramener les deux parties à la table des négociations lors des Accords de Houston de 1997, pour relancer le processus de référendum, mais le Maroc a de nouveau fait marche arrière, refusant même d’envisager un scrutin qu’il avait pourtant accepté à plusieurs reprises. Malheureusement, cette obstruction marocaine s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui, et des centaines de milliers de Sahraouis vivent toujours dans des camps de réfugiés administrés par l’ONU près de Tindouf.
Une composante du problème réside dans les tensions anciennes entre le Maroc et l’Algérie, datant de l’époque des décolonisations. Une source majeure de conflit est l’ambition territoriale du Maroc, qui ne se limite pas au Sahara occidental, mais inclut aussi de vastes régions du nord de la Mauritanie et de l’ouest de l’Algérie.
Durant la guerre froide et après, les relations de l’Algérie avec l’Occident n’étaient pas aussi étroites que celles du Maroc, ce qui a nui aux Sahraouis. Cela est en train de changer. Des signes récents montrent que l’Algérie cherche à nouer de nouvelles alliances stratégiques. La première coopération militaire officielle entre les États-Unis et l’Algérie, signée au début du second mandat de Trump, en est une preuve.
Craignant que leur stratégie d’obstruction ne s’effondre, les adversaires du Polisario lancent une nouvelle campagne de propagande, accusant sans preuves le mouvement sahraoui d’être sous l’influence de l’Iran. Cette désinformation vise probablement à détourner l’attention des États-Unis de l’obstruction marocaine au référendum. Certains vont jusqu’à affirmer que des combattants du Polisario auraient été formés en Syrie par l’Iran, sous l’ancien régime d’Assad.
Le Washington Post et d’autres publications rapportent que le nouveau gouvernement syrien et le Front Polisario ont fermement démenti ces accusations, mais les alliés du Maroc en Occident continuent de les propager. Sous l’effet probable de cette propagande anti-sahraouie, un projet de loi a été introduit à la Chambre des représentants pour classer le Polisario comme organisation terroriste — une affirmation aussi fausse que possible, les Sahraouis étant connus pour leur modération religieuse.
Ils n’ont jamais cédé au radicalisme qui a gagné une partie du Moyen-Orient après la Révolution islamique iranienne de 1979. Les allégations selon lesquelles ils seraient perméables à la propagande chiite venue de Téhéran sont contredites par la présence, de longue date, dans les camps sahraouis, d’organisations religieuses américaines fournissant éducation et soins médicaux. L’un des motifs pour lesquels James Inhofe, ancien président de la commission des forces armées du Sénat (aujourd’hui décédé), soutenait activement le Polisario, était précisément l’ouverture religieuse qu’il avait observée dans ces camps. Les rapports du Département d’État américain ont toujours appuyé cette vision, et le Royaume-Uni a d’ailleurs officiellement rejeté les allégations récentes de collusion avec l’Iran.
La politique américaine vis-à-vis du Sahara occidental doit revenir à sa position de 1991 : soutenir un référendum permettant aux Sahraouis de décider de leur avenir. De nombreux membres du Congrès ont visité les camps de Tindouf au fil des ans, rencontré des dirigeants du Polisario et des Américains travaillant sur place. Il faut que davantage d’élus fassent de même pour comprendre la réalité du peuple sahraoui.
John Bolton est un ancien conseiller à la sécurité nationale du président Trump et un ancien ambassadeur des États-Unis auprès des Nations unies.
Traduction de l’article de The Washington Times :
China and Russia gain African influence while America ignores Western Sahara sovereignty crisis
L’Espagne, ancienne puissance coloniale, n’a pas accompagné les « vents de changement » qui ont soufflé sur l’Afrique dans les années 1950 et 1960, tentant désespérément de conserver ses dernières possessions outre-mer. La mort de Francisco Franco en novembre 1975 a précipité la chute de son régime, et l’Espagne a de fait abandonné le Sahara occidental, désormais connu comme « la dernière colonie d’Afrique ». Deux pays voisins, le Maroc et la Mauritanie, ont alors envahi ce territoire sans défense dans l’espoir de s’en emparer, mais les autochtones sahraouis ont résisté à travers ce qui est devenu le Front Polisario. La Mauritanie a par la suite renoncé à toute revendication territoriale, mais l’armée marocaine a en grande partie pris le dessus, contrôlant aujourd’hui environ 80 % du territoire. Le reste est tenu par le Front Polisario, basé près de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie, qui soutient les Sahraouis.
Le différend en est toujours au même point aujourd’hui. La solution évidente serait de demander au peuple sahraoui ce qu’il souhaite : l’indépendance ou une « autonomie » promise sous souveraineté marocaine. En 1991, après que les États-Unis aient dirigé la coalition pour repousser l’invasion du Koweït par Saddam Hussein, Washington a poussé à l’adoption de la Résolution 690 du Conseil de sécurité, établissant une mission de maintien de la paix des Nations unies chargée d’organiser un référendum sur l’avenir du Sahara occidental. Cette résolution faisait suite à un accord de 1988 entre le Front Polisario et le Maroc, et les deux parties avaient alors soutenu cette approche onusienne.
Mais le Maroc a commencé à faire obstruction aux efforts de l’ONU presque dès l’adoption de la résolution, craignant qu’un référendum réellement libre et équitable n’aboutisse à un choix de l’indépendance par les Sahraouis. L’ancien Secrétaire d’État James Baker a réussi à ramener les deux parties à la table des négociations lors des Accords de Houston de 1997, pour relancer le processus de référendum, mais le Maroc a de nouveau fait marche arrière, refusant même d’envisager un scrutin qu’il avait pourtant accepté à plusieurs reprises. Malheureusement, cette obstruction marocaine s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui, et des centaines de milliers de Sahraouis vivent toujours dans des camps de réfugiés administrés par l’ONU près de Tindouf.
Une composante du problème réside dans les tensions anciennes entre le Maroc et l’Algérie, datant de l’époque des décolonisations. Une source majeure de conflit est l’ambition territoriale du Maroc, qui ne se limite pas au Sahara occidental, mais inclut aussi de vastes régions du nord de la Mauritanie et de l’ouest de l’Algérie.
Durant la guerre froide et après, les relations de l’Algérie avec l’Occident n’étaient pas aussi étroites que celles du Maroc, ce qui a nui aux Sahraouis. Cela est en train de changer. Des signes récents montrent que l’Algérie cherche à nouer de nouvelles alliances stratégiques. La première coopération militaire officielle entre les États-Unis et l’Algérie, signée au début du second mandat de Trump, en est une preuve.
Craignant que leur stratégie d’obstruction ne s’effondre, les adversaires du Polisario lancent une nouvelle campagne de propagande, accusant sans preuves le mouvement sahraoui d’être sous l’influence de l’Iran. Cette désinformation vise probablement à détourner l’attention des États-Unis de l’obstruction marocaine au référendum. Certains vont jusqu’à affirmer que des combattants du Polisario auraient été formés en Syrie par l’Iran, sous l’ancien régime d’Assad.
Le Washington Post et d’autres publications rapportent que le nouveau gouvernement syrien et le Front Polisario ont fermement démenti ces accusations, mais les alliés du Maroc en Occident continuent de les propager. Sous l’effet probable de cette propagande anti-sahraouie, un projet de loi a été introduit à la Chambre des représentants pour classer le Polisario comme organisation terroriste — une affirmation aussi fausse que possible, les Sahraouis étant connus pour leur modération religieuse.
Ils n’ont jamais cédé au radicalisme qui a gagné une partie du Moyen-Orient après la Révolution islamique iranienne de 1979. Les allégations selon lesquelles ils seraient perméables à la propagande chiite venue de Téhéran sont contredites par la présence, de longue date, dans les camps sahraouis, d’organisations religieuses américaines fournissant éducation et soins médicaux. L’un des motifs pour lesquels James Inhofe, ancien président de la commission des forces armées du Sénat (aujourd’hui décédé), soutenait activement le Polisario, était précisément l’ouverture religieuse qu’il avait observée dans ces camps. Les rapports du Département d’État américain ont toujours appuyé cette vision, et le Royaume-Uni a d’ailleurs officiellement rejeté les allégations récentes de collusion avec l’Iran.
La politique américaine vis-à-vis du Sahara occidental doit revenir à sa position de 1991 : soutenir un référendum permettant aux Sahraouis de décider de leur avenir. De nombreux membres du Congrès ont visité les camps de Tindouf au fil des ans, rencontré des dirigeants du Polisario et des Américains travaillant sur place. Il faut que davantage d’élus fassent de même pour comprendre la réalité du peuple sahraoui.
John Bolton est un ancien conseiller à la sécurité nationale du président Trump et un ancien ambassadeur des États-Unis auprès des Nations unies.
Traduction de l’article de The Washington Times :
China and Russia gain African influence while America ignores Western Sahara sovereignty crisis
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