Pour la première fois, le texte consacre explicitement le plan d’autonomie marocain, reconnu comme forme d’autodétermination, comme seule solution, tout en rendant hommage au leadership de Donald Trump, engagé personnellement, et en impliquant l’Algérie comme acteur principal du conflit. Plus encore, la résolution fixe le 31 janvier 2026 pour une «solution politique finale», et annonce la transformation ou la cessation de la MINURSO si aucune avancée n’est constatée sous six semaines. Tout concourt à expliquer pourquoi le régime algérien a raison de paniquer… et de fuir le vote.
Par Tarik Qattab
Le 24/10/2025 à 16h32
La diplomatie algérienne a senti le vent du boulet. À quelques jours du vote de la nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, le «draft zéro» qui circule dans les couloirs de l’ONU a déjà déclenché la panique à Alger. C’est d’ailleurs la même Algérie et son affidé du Polisario qui ont été derrière la fuite de ce texte, histoire de le dénoncer avant son adoption. Et pour cause: ce texte consacre, noir sur blanc, ce que le Maroc défend depuis 2007, soit le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine, tout en vidant de sa substance la rhétorique séparatiste que le régime algérien entretient depuis un demi-siècle à travers le Polisario.
Une attitude qui en rappelle une autre. Pour mémoire, et alors que tout se jouait en coulisses, c’est l’Algérie qui a officiellement annoncé, jeudi 25 juillet 2024 et par voie de communiqué de son ministère des Affaires étrangères, que la France avait officiellement changé de position à l’égard du dossier du Sahara et qu’elle apportait un soutien désormais «sans équivoque et sans nuance au plan d’autonomie sur le Sahara occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine». Ceci, alors que ni la France ni le Maroc n’avaient encore fait de déclaration publique sur le sujet. Avec les conséquences que l’on connaît: du vacarme, des menaces, des coups bas… pour zéro résultat. L’histoire se répète, c’est tout ce qu’elle sait faire. La preuve: Alger ne votera pas le texte en voie d’adoption.
La politique de la chaise vide
Face à cette accumulation de signaux, Alger choisit la politique de la chaise vide. Elle meuble en ordonnant une très vague «proposition élargie» à sa milice armée et en déroulant le tapis rouge à un voyou qui sert de «ministre des Affaires étrangères» de son proxy pour dénoncer «la solution imposée» contenue dans la résolution à venir. Tout comme elle montre toute l’étendue de sa bravoure en soufflant ses intentions aux porte-voix de la présidence algérienne, les quotidiens Alkhabar et Le Soir d’Algérie. Citant des sources diplomatiques à New York, les deux supports ont, de concert, annoncé la non-participation de l’Algérie au vote décisif de la fin de ce mois-ci au Conseil de sécurité. Ces titres, sous couvert d’analyse, ont tenté de présenter la non-participation comme un acte de protestation contre le biais pro-marocain du texte. «L’Algérie ne devrait pas voter la prochaine résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, devant entériner la souveraineté marocaine sur ce territoire… L’Algérie reste profondément attachée au principe de l’organisation d’un référendum», écrit-on.
Mais derrière cette mise en scène, c’est la peur qui domine. Le régime sait que voter contre l’exposerait à l’isolement diplomatique total, et que voter pour reviendrait à reconnaître le plan d’autonomie marocain. L’abstention étant une forme aussi de non-dénonciation de la teneur de la résolution, le régime d’Alger préfère s’interdire de la voter. C’est donc une non-participation au vote que le régime algérien proclame une semaine avant la date de l’adoption de la résolution. C’est là un aveu d’impuissance, une reconnaissance d’un échec cuisant édulcoré dans une tentative désespérée de sauver la face dans un dossier qui lui échappe.
Le hic, c’est que le régime d’Alger a banalisé sa non-participation au vote du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental et que personne n’y prêtera de l’attention. Le «drama» du régime est du «history repeating». En octobre 2024 déjà, l’Algérie n’a pas voté parce qu’elle a échoué à faire modifier une résolution jugée trop favorable au Maroc. Isolée et incapable de rallier des soutiens, elle a préféré se retirer du vote plutôt que d’assumer un vote négatif ou de s’absentir. Ce choix, alors inédit et perçu comme un signe de faiblesse, symbolisait son impasse diplomatique sur la question du Sahara. Là, c’est son échec qu’elle signe. Pour des raisons évidentes.
Consécration du plan d’autonomie: une rupture historique
Le draft zéro de la résolution 2025, dont les États-Unis sont le pen holder, est sans ambiguïté. Le Conseil de sécurité y «prend note, dans ce contexte, du soutien exprimé par des États Membres à la Proposition d’autonomie sérieuse, crédible et réaliste du Maroc», allant jusqu’à «l’affirmer comme la base la plus crédible pour une solution juste et durable». Le vocabulaire est diplomatiquement pesé, mais politiquement explosif. La «base la plus crédible» signifie que les autres options ne sont plus sur la table.
Plus encore, le texte «affirme qu’une autonomie véritable sous souveraineté marocaine constitue la solution la plus réalisable», précisant qu’il s’agit du «seul cadre» à une solution à conflit vieux de cinquante ans. Le Conseil de sécurité enterre de front la fiction d’un Sahara «dernière colonie en Afrique» pour la remplacer par un schéma concret, celui d’une autonomie dans le cadre de l’intégrité territoriale du Maroc.
L’engagement personnel de Donald Trump
Autre nouveauté qui fait grincer les dents à Alger: l’évocation directe du président américain Donald Trump. Le texte se «félicite du leadership du président Trump en matière de règlement du conflit au Sahara occidental», rappelant son «appel invitant les parties à s’engager sans délai dans des discussions en utilisant la proposition d’autonomie du Maroc comme seul cadre». L’insertion de cette mention est un séisme diplomatique. Jamais un projet de résolution du Conseil n’avait cité un chef d’État étranger pour saluer son rôle dans la recherche d’une solution au conflit sur le Sahara. Cette référence formelle à Trump signifie que le sceau du sommet de l’État américain est apposé au texte. Pour Alger, qui avait tout misé sur un hypothétique revirement américain, c’est un désaveu cinglant.
L’Algérie directement interpellée
Le texte prend soin d’impliquer toutes les «parties concernées» (le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Polisario) dans les consultations de l’envoyé personnel Staffan de Mistura. Cette mention explicite, souvent éludée, consacre le statut de partie prenante de l’Algérie, et non plus celui d’un simple «voisin inquiet». Cela change tout. Alger ne peut plus prétendre n’être qu’un «observateur» du processus et se doit de s’asseoir à la table des négociations qu’elle n’a eu de cesse de bouder. Elle est sommée de participer activement et de bonne foi aux négociations de mise en place de l’autonomie du Sahara occidental sous souveraineté du Royaume du Maroc, sous peine d’assumer la responsabilité d’un éventuel échec. D’où le malaise visible et les attaques contre la «partialité» du Conseil de sécurité.
Le compte à rebours de la MINURSO
Malaise ou pas, il faut agir. Et vite. La résolution opère un véritable tournant en priant «le Secrétaire général […] de présenter ses recommandations concernant la transformation ou la cessation de la MINURSO en fonction de l’issue des négociations». Autrement dit: la MINURSO sera redéployée une mission liée à l’autonomie ou démantelée.
Ce mécanisme est inédit. Il met fin à la logique d’une mission perpétuelle et stérile. Le Conseil donne six semaines pour évaluer les progrès, un délai d’une sévérité inhabituelle dans le langage onusien, et fixe même une échéance ferme: «avant le 31 janvier 2026», date butoir pour parvenir à une «solution politique finale». Pour Alger, habituée à gagner du temps, ce chronomètre est un épouvantail.
Une nouvelle lecture de l’autodétermination
Le cœur idéologique du texte se trouve dans la phrase suivante: «une solution politique finale et mutuellement acceptable, prévoyant une autonomie véritable au sein de l’État marocain, tout en assurant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». Cette formulation consacre une évolution majeure. L’autonomie est désormais présentée comme une forme d’autodétermination. L’ONU ne parle plus d’un référendum binaire (indépendance ou intégration), mais d’une expression de volonté politique à travers un statut négocié et approuvé. En d’autres termes, le droit à l’autodétermination passe par l’autonomie.
Le projet de résolution du Conseil de sécurité ne se contente pas de prolonger un mandat technique. Il redessine le cadre politique du dossier du Sahara. En reconnaissant la validité du plan d’autonomie marocain, en impliquant directement l’Algérie, en évoquant la fin ou la transformation de la MINURSO, et en fixant une échéance précise, le Conseil de sécurité tourne une page de cinquante ans d’ambiguïtés.
Alger a raison de paniquer. Cette résolution, si elle est adoptée en l’état, acte la victoire diplomatique du Maroc et enterre le rêve séparatiste qu’elle a nourri à coups de pétrodollars et de propagande. Le temps des faux-semblants est terminé. Le Sahara entre dans l’ère de la solution politique, et le régime algérien dans celui du grand naufrage.
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