Un prétendu centre d’analyse basé à Washington, le New Lines Institute, a publié un texte intitulé «U.S. Engagement With Algeria’s Tuareg Is a Strategic Imperative» (*). Sous des airs de rapport académique, ce n’est rien d’autre qu’un document préparatoire d’ingérence. Derrière cette prose vernie, une idée simple : les Touareg d’Algérie doivent devenir un levier de pénétration américaine dans le Sud, afin de contrer l’influence chinoise, russe et toute trajectoire indépendante de l’Algérie. Rien de neuf sous le soleil impérial. On commence par une tribune, on finit par une base.
Ce qui choque d’emblée, c’est la posture morale adoptée par ces laboratoires idéologiques de Washington. Ils prétendent «observer» et «comprendre» pour mieux «soutenir», mais tous leurs verbes sont des verbes d’appropriation. Ce ne sont pas des analystes, mais des cartographes du futur pillage. Leur lexique – «gouvernance adaptable», «opportunité stratégique», «périphérie marginalisée» – est le même que celui déployé avant chaque catastrophe américaine. Hier l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Afghanistan ; aujourd’hui, ils posent les yeux sur le Sud algérien, comme on désigne un couloir à ouvrir.
Ce rapport s’inscrit dans la continuité directe de l’idéologie néoconservatrice des réseaux sionistes de la Maison-Blanche. Ces architectes de la fragmentation ont théorisé que l’Orient ne devait jamais être stable, qu’il fallait encourager les lignes de fracture – tribales, religieuses, régionales – pour mieux transformer les peuples en clientèles. Ils ne voient pas des nations, mais des blocs ethniques à isoler, alimenter, instrumentaliser. C’est ainsi qu’ils ont fabriqué la fameuse «question kurde», non pas pour libérer qui que ce soit, mais pour disposer d’un levier permanent contre Bagdad, Ankara, Damas et Téhéran. Les Kurdes n’ont pas été soutenus, ils ont été utilisés.
Le texte du New Lines Institute tente d’importer ce même schéma en Algérie : découpler mentalement les Touareg du cadre national, les présenter comme une entité «sans représentation», «en attente de reconnaissance», puis légitimer l’idée qu’une puissance extérieure pourrait les «aider à structurer leur voix». Voilà le terreau idéologique de la kurdisation d’un dossier : on fabrique une «question», on isole une communauté, on crée un canal diplomatique parallèle, puis on s’invite comme «médiateur légitime». C’est exactement ce que ce texte prépare.
Mais l’Algérie ne tombera pas dans ce piège. Elle a vu ce que ce dispositif a produit ailleurs : on exalte une identité, on la soulève un instant sous les caméras, puis on l’abandonne une fois la mission accomplie. Les Kurdes en Irak ont été glorifiés, puis livrés à Ankara. Les Kurdes de Syrie ont été armés, puis sacrifiés quand Washington a signé son accord avec la Turquie. Les sionistes de la Maison-Blanche n’offrent pas de reconnaissance, ils offrent des contrats à durée tactique. Ceux qui croient aux promesses américaines terminent toujours dans les marges de l’histoire.
La méthode est connue : d’abord un article comme celui-ci, où l’on décrit une communauté comme «potentiellement porteuse d’instabilité si ignorée». Puis une offre de «programmes de gouvernance locale», pilotés par des ONG alignées. Ensuite vient la présence diplomatique renforcée, puis les missions de «sécurisation humanitaire». Et derrière chaque sac de farine distribué, un officier en civil prend des notes. Ce ne sont pas des théories, mais des séquences historiques répétées.
Le Sud algérien n’est pas une zone vide en attente de parrainage américain. Il n’est pas un territoire flottant en quête de drapeau auxiliaire. Les Touareg ne sont pas une population isolée à la périphérie. Ils sont une profondeur de l’Algérie. Leur rapport à l’Etat n’est ni lisse ni uniforme, mais il s’inscrit dans un destin national. Et c’est précisément cela qui dérange Washington : un pays qui ne laisse pas ses «marges» être adoptées par des tutelles étrangères.
Ce texte ose même parler de «modèles supérieurs de gouvernance offerts par l’Amérique». Cette même Amérique qui a transformé Bagdad en champ de ruines, qui a dissous l’Etat irakien au nom de la liberté, qui a livré Tripoli aux factions armées en expliquant que «la transition prend du temps», qui a laissé Kaboul retomber en une nuit, après vingt ans de mensonges. Voilà donc le «modèle supérieur» que l’on voudrait proposer aux Touareg. Si ce modèle est si brillant, qu’ils commencent par l’appliquer à Détroit ou à Baltimore.
L’Algérie n’a pas besoin d’apprentis sorciers géopolitiques. Elle n’a pas besoin de laboratoires néocoloniaux fabriquant des «questions» pour mieux introduire des «solutions». Chaque fois que Washington prononce le mot «stabilité», une capitale finit incendiée. Chaque fois qu’il prononce «gouvernance locale», un territoire perd sa souveraineté. Et chaque fois qu’un think tank parle d’«engagement stratégique», il faut traduire immédiatement : projection de l’appareil impérial.
Ce qui se joue ici est plus qu’un désaccord d’analyse. C’est une lutte contre une entreprise de capture narrative. Si nous ne répondons pas, ils écriront à notre place. Si nous ne refusons pas publiquement cette kurdisation du dossier touareg, ils imposeront leur terminologie. Il n’y a pas de neutralité possible. Le champ de bataille moderne commence toujours par les mots.
Il n’y aura pas de «question targuie» fabriquée à Washington comme il y a eu une «question kurde» fabriquée à Langley. Les Touareg n’ont pas besoin de porte-parole étrangers. Ils n’ont pas besoin d’être «représentés» par les laboratoires de la Maison-Blanche. Ils sont Algérie, et l’Algérie ne se laissera pas découper en zones manœuvrables.
algerie-atriotique
Ce qui choque d’emblée, c’est la posture morale adoptée par ces laboratoires idéologiques de Washington. Ils prétendent «observer» et «comprendre» pour mieux «soutenir», mais tous leurs verbes sont des verbes d’appropriation. Ce ne sont pas des analystes, mais des cartographes du futur pillage. Leur lexique – «gouvernance adaptable», «opportunité stratégique», «périphérie marginalisée» – est le même que celui déployé avant chaque catastrophe américaine. Hier l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Afghanistan ; aujourd’hui, ils posent les yeux sur le Sud algérien, comme on désigne un couloir à ouvrir.
Ce rapport s’inscrit dans la continuité directe de l’idéologie néoconservatrice des réseaux sionistes de la Maison-Blanche. Ces architectes de la fragmentation ont théorisé que l’Orient ne devait jamais être stable, qu’il fallait encourager les lignes de fracture – tribales, religieuses, régionales – pour mieux transformer les peuples en clientèles. Ils ne voient pas des nations, mais des blocs ethniques à isoler, alimenter, instrumentaliser. C’est ainsi qu’ils ont fabriqué la fameuse «question kurde», non pas pour libérer qui que ce soit, mais pour disposer d’un levier permanent contre Bagdad, Ankara, Damas et Téhéran. Les Kurdes n’ont pas été soutenus, ils ont été utilisés.
Le texte du New Lines Institute tente d’importer ce même schéma en Algérie : découpler mentalement les Touareg du cadre national, les présenter comme une entité «sans représentation», «en attente de reconnaissance», puis légitimer l’idée qu’une puissance extérieure pourrait les «aider à structurer leur voix». Voilà le terreau idéologique de la kurdisation d’un dossier : on fabrique une «question», on isole une communauté, on crée un canal diplomatique parallèle, puis on s’invite comme «médiateur légitime». C’est exactement ce que ce texte prépare.
Mais l’Algérie ne tombera pas dans ce piège. Elle a vu ce que ce dispositif a produit ailleurs : on exalte une identité, on la soulève un instant sous les caméras, puis on l’abandonne une fois la mission accomplie. Les Kurdes en Irak ont été glorifiés, puis livrés à Ankara. Les Kurdes de Syrie ont été armés, puis sacrifiés quand Washington a signé son accord avec la Turquie. Les sionistes de la Maison-Blanche n’offrent pas de reconnaissance, ils offrent des contrats à durée tactique. Ceux qui croient aux promesses américaines terminent toujours dans les marges de l’histoire.
La méthode est connue : d’abord un article comme celui-ci, où l’on décrit une communauté comme «potentiellement porteuse d’instabilité si ignorée». Puis une offre de «programmes de gouvernance locale», pilotés par des ONG alignées. Ensuite vient la présence diplomatique renforcée, puis les missions de «sécurisation humanitaire». Et derrière chaque sac de farine distribué, un officier en civil prend des notes. Ce ne sont pas des théories, mais des séquences historiques répétées.
Le Sud algérien n’est pas une zone vide en attente de parrainage américain. Il n’est pas un territoire flottant en quête de drapeau auxiliaire. Les Touareg ne sont pas une population isolée à la périphérie. Ils sont une profondeur de l’Algérie. Leur rapport à l’Etat n’est ni lisse ni uniforme, mais il s’inscrit dans un destin national. Et c’est précisément cela qui dérange Washington : un pays qui ne laisse pas ses «marges» être adoptées par des tutelles étrangères.
Ce texte ose même parler de «modèles supérieurs de gouvernance offerts par l’Amérique». Cette même Amérique qui a transformé Bagdad en champ de ruines, qui a dissous l’Etat irakien au nom de la liberté, qui a livré Tripoli aux factions armées en expliquant que «la transition prend du temps», qui a laissé Kaboul retomber en une nuit, après vingt ans de mensonges. Voilà donc le «modèle supérieur» que l’on voudrait proposer aux Touareg. Si ce modèle est si brillant, qu’ils commencent par l’appliquer à Détroit ou à Baltimore.
L’Algérie n’a pas besoin d’apprentis sorciers géopolitiques. Elle n’a pas besoin de laboratoires néocoloniaux fabriquant des «questions» pour mieux introduire des «solutions». Chaque fois que Washington prononce le mot «stabilité», une capitale finit incendiée. Chaque fois qu’il prononce «gouvernance locale», un territoire perd sa souveraineté. Et chaque fois qu’un think tank parle d’«engagement stratégique», il faut traduire immédiatement : projection de l’appareil impérial.
Ce qui se joue ici est plus qu’un désaccord d’analyse. C’est une lutte contre une entreprise de capture narrative. Si nous ne répondons pas, ils écriront à notre place. Si nous ne refusons pas publiquement cette kurdisation du dossier touareg, ils imposeront leur terminologie. Il n’y a pas de neutralité possible. Le champ de bataille moderne commence toujours par les mots.
Il n’y aura pas de «question targuie» fabriquée à Washington comme il y a eu une «question kurde» fabriquée à Langley. Les Touareg n’ont pas besoin de porte-parole étrangers. Ils n’ont pas besoin d’être «représentés» par les laboratoires de la Maison-Blanche. Ils sont Algérie, et l’Algérie ne se laissera pas découper en zones manœuvrables.
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